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Le Ku Klux Klan : mouvement terroriste |
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2. Le Klan au Canada | ||
Après un bref survol de l'historique du Ku Klux Klan, il est désormais temps de traiter le sujet qui nous intéresse : explorer la trace qu'a laissée ce mouvement raciste au Canada. Bien que peu d'auteurs se soient intéressés au phénomène du Ku Klux Klan canadien et qu'il n'existe que très peu d'ouvrages récents à ce sujet, nous avons tout de même été en mesure de dresser un portrait global de la situation. De plus, nous sommes d'avis que s'il n'existe aucun document récent touchant le phénomène (postérieur à 1995), c'est parce que la situation actuelle ne valait pas la peine d'être étudiée, ou que rien de nouveau est apparu à ce sujet. Les paragraphes qui suivent permettront de se faire une idée plus juste de son impact de ce côté-ci de la frontière. Sachant que le Ku Klux Klan attira en tout et partout plus de quinze mille adeptes ad mari usque a mare, les lignes suivantes permettront au lecteur de se faire une idée plus juste de la façon dont le Klan s'est introduit au pays et de la popularité dont il a bénéficié. Tout cela dans l'optique d'évaluer éventuellement le risque actuel qu'évoque le Ku Klux Klan. En d'autres mots, la population canadienne est-elle un terreau fertile à la propagation de valeurs racistes comme ont pu l'être à une certaine époque les États-Unis. Afin de pouvoir répondre à cette question, voyons d'abord les antécédents historiques. Ceci nous permettra d'évaluer la situation contemporaine et donc, le risque potentiel que représente une telle organisation pour la population civile. 2.1 Les origines canadiennes Les auteurs recensent la première apparition du Klan au Canada vers le milieu des années vingt. Ceci n'a rien d'étonnant si l'on considère qu'il s'agissait de la seconde version du Klan américain. Il est tout à fait prévisible que cette version, qui a attiré plusieurs millions d'adeptes aux États-Unis autant au Sud qu'au Nord, ait traversé la frontière jusqu'aux villes canadiennes de l'est du Canada. Comme l'énonce Sher; «fanatic Klansmen cast their eyes upon Canada» (Sher, 1983: p. 15). Même si l'on reconnaît quelques apparitions du Klan sur la scène sociale canadienne au début de cette décennie, c'est véritablement avec le révérend Lewis Fowler que le mouvement prend forme de manière officielle. Le premier janvier 1925, ce pasteur baptiste de Géorgie s'installe à Toronto avec pour mission de purifier la race canadienne et d'en chasser l'ennemi noir, juif et est-européen qui mine la suprématie blanche. Suite à l'établissement d'une charte, le Klan canadien réussit à se rallier plusieurs groupes fascistes canadiens à l'ouvre d'Est en Ouest (pensons uniquement au parti des nationaux-socialistes chrétiens d'Adrien Arcand au Québec). C'est comme si, le Klan, avec sa détermination, comblait un vide en tant qu'organisation raciste chapeautant toutes les autres. Grâce à sa réputation aux États-Unis et son «expérience» d'organisation raciste, le Klan fut un réel rassembleur. Les années vingt furent réellement marquées par l'apparition de nombreux partis politiques extrémistes en occident et c'est ce qui a favorisé l'implantation du Klan dans de nombreux pays. Qu'il s'agisse de la Nouvelle-Zélande , de l'Australie, du Mexique, de Cuba ou du Canada (surnommé «Kanada»), plusieurs cellules se sont implantées en occident. Ces Klans, sociétés de vigilance et de réglementation, étaient de véritables prolongements visibles du «grand frère» américain ce qui se vérifie par le fait que la grande majorité de ces cellules fut établie par des américains exilés. Bien que certains des ces membres itinérants le faisaient par conviction profonde, la grande majorité recherchait le profit car le mouvement américain avait prouvé, par sa structure pyramidale, que c'était très payant. Comme il a été mentionné plus tôt, c'est en 1925 que la première tentative officielle d'organisation canadienne du Klan a vu le jour au Canada, mais on a recensé bien avant cela la présence de Klansmen partout au pays. Ainsi, on a répertorié quelques croix brûlées dans les Maritimes, ouvre d'un certain James Lord (ou «Dirty Jim»), notable de Boston à qui l'on avait «attribué» la province du Nouveau-Brunswick. Toutefois le mouvement est demeuré très discret et a disparu rapidement, faute de partisans. Bien conscient des opportunités en Ontario, ce Dirty Jim y a aussitôt déménagé. Il est à noter que cette province, longtemps orangiste, entretenait une certaine réticence envers les noirs, les juifs et les immigrants, mais surtout une haine profonde envers les catholiques. L'arrivée de James Lord en Ontario et la présence de monsieur Marten, deux américains souhaitant ouvertement fonder un Klan canadien mettant de l'avant une propagande anti-britannique et proaméricaine, pousseront un prêtre catholique à avertir les autorités, ce qui suscitera l'intérêt du premier ministre Mackenzie King. À cet égard, c'est dans cette province que le Klan aura ses racines les plus profondes dans la partie est du pays. Avec l'apparition de plusieurs petits incidents à connotation raciste à Toronto, Hamilton et Ottawa (pour ne nommer que celles-là) il s'agissait d'une véritable tentative d'incursion au Canada. En ce qui a trait au Québec, la perspective était moins prometteuse pour des raisons sociales et religieuses (catholique à quatre-vingts pour cent). L'apparition du Klan dans cette province, bien que très brève, suscita l'attention particulière des journaux. C'est d'ailleurs à Montréal que l'on assistera à la première tentative d'instauration d'une cellule klanique canadienne au tout début des années vingt. À ce sujet, le Montreal Daily Star relatait, le premier octobre 1921 qu'une branche du KKK désirait s'installer à Montréal et demandait au même moment une affiliation officielle au bureau général d'Atlanta. Cette demande fut rejetée sous prétexte que le Klan était un mouvement exclusivement américain. Après quelques articles dénonciateurs de ce mouvement, on ne revendiqua aucun incident officiel. Cependant, en 1922, des soupçons naquirent lorsque la Sainte Cathédrale de Québec, maison de retraite des Sulpiciens d'Oka ainsi que de nombreuses archives de la Nouvelle-France furent incendiées. Au Manitoba, le même type de crimes fut commis quand un incendie se déclara en 1922 au Collège catholique de Saint-Boniface qui entraîna la mort de dix étudiants. Bien que la population suspecta fortement les membres du Klan, aucune revendication n'a été faite et le chef du Klan américain, William Simmons démentit lui-même les accusations en déclarant que «le KKK n'est en aucun cas responsable des incendies criminels au Canada» (Robin, 1998: p. 23). Toutes les tentatives d'implantation de cellules klaniques antérieures à 1925 ont été teintées par une volonté de distanciation avec le Klan américain. Toutes seront dépeintes comme non-violentes et basées sur le respect des lois. Cependant, comme nous le verrons, rares sont les cellules d'une envergure acceptable qui ne passeront pas aux actes. En Ontario (principalement dans le sud), c'est essentiellement après 1925 que le mouvement a pris véritablement de l'ampleur. Alors qu'au mois de mai de cette même année on estime les membres au nombre de onze cent, c'est au nombre de huit mille, selon les journaux, qu'ils se compteront deux mois plus tard. Le Klan gagna sans cesse en crédibilité et en popularité jusqu'à juin 1926. Les actions principales que l'on attribue au Klan de cette époque demeurent de nombreuses lettres de menaces, mais également les attaques contre les amours métis. Quelques jours après une grande représentation publique du mouvement, l'église catholique St-Mary's de la ville de Barrie fut dynamitée. Après une intense enquête policière, les autorités ont été en mesure de relier l'événement au KKK ce qui a fait chuter du jour au lendemain le nombre d'inscrits tout en démolissant la réputation du Klan dans la province. On n'a jamais vraiment compris pour quelles raisons l'Ontario avait été plus favorable au Klan que les autres provinces de l'Est du Canada. De manière générale, il semble que ce soit dû au nombre supérieur de gens motivés prêts à suivre les actions proposées par le Klan. Peut-être en raison du passé orangiste de cette province? La même séduction affecta aussi la côte ouest du pays. Qu'il s'agisse de la Colombie-Britannique, de l'Alberta ou de la Saskatchewan, ces provinces ont toutes été la cible de tentatives d'incursion du Ku Klux Klan. Contrairement au Klan ontarien, celui de la Colombie-Britannique mit davantage l'emphase sur la «menace jaune». Ainsi, le programme du Klan fut changé pour mieux s'adapter à la province; il s'agissait en fait de prêter serment de respecter les autorités légitimes, formelles et constitutionnelles, mais surtout de limiter l'immigration asiatique et de limiter le vote aux blancs (à cette époque, on ne retrouvait pas de population catholique ou noire ou juive; les ennemis traditionnels du Klan). Afin de recruter, l'organisateur en chef du Klan, un certain Moncroft a passé plusieurs annonces dans les journaux qui visaient les sujets britanniques de vingt-et-un à quarante ans, cavaliers qualifiés avec les aptitudes et l'audace de faire respecter la loi à n'importe quel prix. Ce genre d'annonce n'engendra aucune suite sauf quelques réactions humoristiques dans les médias. Dans certains cas, les nouveaux membres du Klan devaient même prêter serment d'allégeance aux États-Unis ce qui se solda par un échec. Rappelons qu'à cette époque, il régnait une sainte fierté d'appartenir à la couronne britannique et les américains n'étaient pas toujours bien perçus. Une autre percée sérieuse eut lieu en 1925 lorsque Luther Powell, chef du Klan de l'État de Washington fort de vingt-cinq mille membres très influents, fut forcé de quitter l'État et tenta de s'établir à Vancouver. On trouvait à l'époque quinze mille chinois qui avaient été autrefois embauchés pour travailler à la construction des chemins de fer. Le travail terminé, les autorités canadiennes ne s'attendaient pas à les voir rester au pays et ceci créa un important sentiment de frustration et de haine à leur égard. Saisissant bien l'opinion publique, Powell organisa un grand rassemblement public afin d'attirer l'attention sur le Klan au nord de Vancouver. Pour bien faire les choses, il sollicitera l'aide de trois organisateurs de l'Oregon. Près de cinq cents personnes s'y présentèrent. Malgré sa fougue et son entregent, il ne réussit pas à charmer les foules et dut lui aussi baisser pavillon après plusieurs essais. Bien que les chiffres soient souvent exagérés, certains rapportent que le Klan comptait plus de treize mille membres à la fin des années vingt (Sher, 1983). Alliés aux conservateurs, ils prônent tous les deux la limitation de l'éducation en français avec succès puisque le premier ministre de l'époque va interdire l'apprentissage du français en affirmant qu'il a agi sous les pressions du Klan et des conservateurs. Face à cela, toutes les minorités visées par le Klan (francophones, catholiques, asiatiques et juifs) vont s'allier et favoriser la disparition du Klan. Disons malgré tout que la situation sociale dans la province était propice à l'avènement du Klan ou d'un groupe d'extrême droite puisque bien avant l'arrivée du Klan, on retrouvait un fort sentiment anti-asiatique (chinois, japonais, indien et indonésien) que l'on considérait comme des «animaux mangeurs de riz, aux habitudes malpropres et au sang contaminé» (Robin, 1998: p. 27). À titre d'exemple, notons d'abord le Chinese Immigration Act qui instaurait une taxe de 500$ à chaque chinois (ou asiatique) désireux de s'établir au Canada, le retrait du droit de vote aux asiatiques ainsi que les émeutes de 1907. Les mesures limitatives auront un impact si impressionnant que seulement trois chinois (!) s'installeront au Canada entre 1924 et 1930 (Sher, 1983: p. 34). L'objectif n'est pas seulement de limiter l'immigration asiatique, mais bien de les renvoyer chez eux. En raison de ce racisme institutionnalisé, c'est donc dans cette province que le Klan aurait pu faire la percée la plus importante. Dans cette ségrégation généralisée, le Klan n'a rien apporté de nouveau sauf quelques déclarations incendiaires (fermer le robinet, interdit de séjour, saisie des maisons,.). Selon plusieurs auteurs, la grande majorité des politiciens de l'époque appuyaient cette vision, mais une minorité d'entre eux étaient d'accord pour l'appliquer. À l'opposé, quelques politiciens, comme le député travailliste Browne, décriront l'apparition du Klan comme un danger pour la Colombie-Britannique ce qui mènera à un vif débat en chambre, et limitera l'entrée au pays des organisateurs du Klan et entraînera une surveillance accrue du mouvement raciste. D'ailleurs, «comme ailleurs, la politique officielle en Colombie-Britannique visait à contrôler le Klan et à tolérer ses activités tant et aussi longtemps qu'il ne violerait pas la loi et n'essaierait pas d'empiéter sur l'application de la loi et l'ordre» (Robin, 1998: p. 25). À ce sujet, le Victoria Daily Times a même écrit que la police aura son mot à dire dès que les membres du Klan se mettront à chevaucher la nuit et tenteront «de se mêler des droits ou chercheront à dicter par le terrorisme la conduite des citoyens ou la façon dont ils doivent mener leurs affaires» (Robin, 1998: p. 32). Toute cette pression fit en sorte que les Kavernes et les organisateurs ne purent résister longtemps à la pression constante des autorités, ce qui provoqua à leur disparition rapide. De plus, c'est en 1925 que la patience du gouvernement s'estompe et ce, malgré que plusieurs conseils municipaux aient toujours affirmé leur soutien à l'égard du Klan. En rétrospective, il est tout de même surprenant de voir un tel sentiment à l'égard de la minorité asiatique de Colombie-Britannique qui ne représentait à l'époque que sept pourcent et demi de la population entière. Sher soulève que cette haine a permis de détourner l'attention publique des problèmes économiques et sociaux. Cela peut peut-être aussi expliquer pour quelle raison le gouvernement provincial a emboîté le pas au Klan. Déçus, les organisateurs du Klan de la Colombie-Britannique s'expatrieront ensuite vers l'Alberta vers 1925-1926. Donc c'est à l'Alberta que le Klan s'est intéressé. Au début des années vingt, cette province était déjà très ségrégationniste; l'échelon social avait une importance capitale et quiconque n'était pas blanc, britannique, canadien ou américain était systématiquement ostracisé. C'est d'ailleurs pour cela que le Klan n'a pas réussi à recueillir plus d'un millier de membres. Lorsque la société favorise déjà la ségrégation, pourquoi les gens s'inscriraient-ils dans un groupe raciste qui prône la suprématie blanche? Dès 1923, Snelgrove, vétéran de la première guerre mondiale, parcourut le sud de la province pendant cinq mois afin d'y établir des Kavernes. Snelgrove avait su tirer profit de la haine populaire à l'égard des immigrants, ces «rouges» qui faisaient baisser les salaires à titre de scabs . Et représentaient maintenant près de la moitié de la population des deux grandes villes. Les quelques deux cent mille catholiques n'étaient guère mieux traités. Avec l'arrivée en renfort des organisateurs de la province voisine, le Klan albertain attira près de mille adeptes en 1927 répartis dans plus de quarante municipalités (Camroose, Red Deer, Milo, Vulcan, Ponoka,.). C'est la ville d'Edmonton qui sera désignée comme quartier général. En Alberta, la population asiatique est presque inexistante, c'est pourquoi le Klan s'opposera plutôt aux européens du centre et de l'Est ainsi qu'aux catholiques. Le Klan naissant a commencé à envoyer des lettres de menaces aux institutions catholiques de Calgary. Outre cette menace qui n'a jamais été exécutée, on ne rapporte aucun incident majeur. Ce Klan s'est dissout avec une rapidité inouïe; la cupidité des promoteurs qui ont disparu avec les frais d'inscription (mille membres à dix dollars chacun!) et la naïveté de la population ont eu raison du Klan qui disparaîtra de la province jusqu'en 1929, année de l'arrivée d'un orangiste ontarien farouchement anti-catholique et tout juste de retour de Saskatchewan; Maloney. Cette nouvelle tentative d'établir un Klan en Alberta fut nettement plus sérieuse. Ayant appris de son expérience antérieure, le Klan est dorénavant probritannique, mais surtout anti-catholique prônant une immigration restreinte, un seul drapeau et une seule langue; l'anglais. En fait, il semble que le Klan albertain profite de la peur des albertains de voir les provinces de l'ouest perdre leurs privilèges au profit de l'est canadien qui impose sa volonté. Il perçoit le Québec et l'Ontario une menace constante. À ce sujet, ils perçoivent l'église québécoise comme désireuse de dominer le Canada, ce qui se traduit notamment par un taux de naissance exponentielle ainsi qu'un poids politique important. C'est pourquoi les organisateurs, Maloney en tête de file, resteront quelques années en Alberta afin d'en convaincre les habitants qu'ils ont un rôle majeur à jouer dans l'ouest naissant. Par l'entremise de leur journal, The Liberator , ainsi que leur récente association avec l' Orange Order of Alberta , le Klan mettra sur pied une pétition contre l'usage du français à la radio. Il procédera à quelques autres gestes d'éclat comme le boycott des commerces tenus par des catholiques et l'appui officiel aux candidats conservateurs. Il participera également à la grève d'une mine (connue sous le vocable Crownset Pass Strike ) qui se soldera malgré tout par une défaite. Le Klan sera assez habile pour recruter entre cinq et sept mille membres essentiellement issus de la classe moyenne inférieure provenant de régions où les catholiques sont en proportion restreinte. On assiste donc à la formation de plusieurs Kavernes surtout autour de Calgary et d'Edmonton (ville pourvu d'une forte minorité catholique). Cependant, malgré cela, gardons à l'esprit que bien que le Klan ait suscité de l'intérêt chez plusieurs, peu d'entre eux se sont joints au mouvement. On ira même jusqu'à noter l'intervention du Klan dans la politique municipale dans plusieurs villes albertaines. Cependant, contrairement à sa voisine, la Saskatchewan , l'intervention du Klan dans las politique municipale a donné une mauvaise presse au mouvement et fait perdre les élections à ses partisans. Le premier ministre de la province ira lui-même jusqu'à dire que le Klan un mouvement insignifiant. Une autre brique tombera sur la tête des membres du Klan : la couverture médiatique intense. Comme le rapporte Robin: «quelle que fût la respectabilité recherchée par le Klan, la presse, avertie de son passé douteux, ne fut pas dupe» (Robin, 1998: p. 32). En d'autres mots, malgré sa faible envergure, le Klan fut la cible d'une couverture médiatique intense et sensationnaliste. Ce à quoi le Klan répondra sans violence, mais par des gestes d'intimidation (lettres, menaces, etc.). Bien que le gouvernement appuie de manière tacite les agissements du Klan, la mobilisation populaire des laissés-pour-compte (francophones et immigrants) réussira à repousser le Klan de certaines régions. Mais ce qui clouera le cercueil du Klan albertain, ce sont les tribulations juridiques en 1933 de son chef, Maloney avec la justice (nombreuses poursuites pour fraudes, vols, vandalisme,.). Voyant qu'il n'aide pas la cause du mouvement, Maloney décide de quitter l'Alberta et le Klan agonisant au milieu des années trente. Il comparaîtra ensuite en cour de justice en Ontario, au Manitoba et en Saskatchewan pour crimes haineux, propagandes racistes,. Le Klan ne disparaîtra pas aussitôt puisque l'on a répertorié en 1937 l'organisation officielle d'un pique-nique du Ku Klux Klan qui attirera tout de même deux cent cinquante personnes. C'est le Klan albertain qui aura la plus longue vie, sans être pour autant celui qui avoir été le plus populaire. Au Manitoba, c'est à James Bellany, un Klansman de l'Oklahoma, que l'on cèdera la province. C'est dans cette province des Prairies que l'on retrouve la plus courte présence du Klan mais, c'est cependant là que les actions d'envergure seront les plus présentes et les plus violentes. Il est tout à fait compréhensible que les membres du KKK aient vu dans cette province un avenir en raison de sa forte concentration de fervents catholiques. La technique de Bellany était bien simple; d'abord avertir les propriétaires du danger imminent et ensuite y mettre le feu. La ville de Winnipeg a vu naître un Klan en 1924, mais dès 1922 on a noté l'incendie du Collège St-Boniface tuant une dizaine de catholiques. Ceci met l'emphase sur leur volonté de s'implanter dans la province. Ce n'est cependant pas avant 1928 que l'on verra un Klan organisé et en nombre. À cette époque, un grand colloque est organisé à Winnipeg regroupant plus de cent cinquante membres (sans cagoules et sans toges) scandant des propos racistes. Le Klan manitobain s'en prenait essentiellement au bilinguisme provincial et à la place occupée par le français, véritable épine dans le pied des politiciens depuis l'affaire de Louis Riel. Cependant, c'est encore une fois après une couverture médiatique intense que le Klan a disparu. En effet, un journaliste couvrant le colloque a titré son article «Le KKK planifie le nettoyage de Winnipeg» (Robin, 1998: p. 21). Mal cités, les membres du Klan vont tous quitter dans les jours suivants pour tenter leur chance en Saskatchewan. De manière générale, les «petites» tentatives du Klan furent des actions isolées et assez disparates. Cela ressemblait plutôt à initiatives de groupuscules racistes agissant «sous le couvert du Klan». Le mot d'ordre donné aux populations était de ne pas désobéir à la loi, mais tout simplement de dénoncer systématiquement les actions répréhensibles des populations visées (juifs, noirs, immigrants, catholiques). Il est assez facile d'expliquer la déconfiture des tentatives d'instaurer un Klan canadien avant 1925. D'abord et avant tout, la mauvaise cible (les noirs et les juifs n'étaient pas assez nombreux pour susciter la haine populaire sans oublier que la majorité des canadiens étaient encore très attachés à la couronne britannique), la tolérance généralisée envers la vaste communauté francophone et catholique répartie partout au pays et la désorganisation notable des mouvements ont rendu l'expérience très difficile, d'où l'échec que de cette tentative d'expansion. C'est cependant avec l'arrivée de Fowler que le Klan canadien va réellement prendre son envol. En effet, c'est en 1925 que le New York Times rapportait le premier l'apparition d'une cellule du Klan en Ontario. Le révérend Fowler organisera la première réunion (un Koncilium de trois personnes), qui se tiendra à New York, marquant la formation officielle des Knights of the Ku Klux Klan of the Dominion of Kanada . La Charte signée peu après trouvera des adhérents dans plusieurs villes ontariennes telles que London, Barrie, Sault Ste-Marie, Niagara Falls, Ottawa et Hamilton. Cependant et encore une fois; «les activités des hommes du Klan se limitèrent, principalement, à pratiquer des rites bizarres, à brûler une croix à l'occasion, à convoquer d'étranges assemblées, vêtus de vêtements excentriques et à propager, verbalement et par écrit, la bonne nouvelle d'un Canada blanc, protestant et gentil» (Robin, 1998: p. 38). Ceci par l'entremise du Kourrier , sorte de journal qui tonne contre les juifs qui s'accaparent toutes les industries, contre les noirs qui violent les innocentes blanches, contre les communistes qui nous envahissent, contre la luxure en général et surtout contre les catholiques. Outre les «ennemis» classiques du Klan (les noirs que l'on veut retourner en Afrique et la limitation de l'immigration et du vote immigrant), c'est avec la croisade contre les catholiques que le Klan canadien fera son pain et son beurre. En effet, il semble évident que les factions canadiennes du Klan, sensible aux pressions et aux volontés de la population en général, voulaient se détacher des chevaux de bataille américains prônant la loi et l'ordre. Face à cette première véritable tentative, le Klan a trouvé son pire détracteur dans la presse. Les quelques escarmouches et croix brûlées inquiètent la majorité des gens ce qui provoque une réaction farouche des journalistes. Ils écriront que le Klan canadien n'est autre chose qu'un «club école» de la version américaine (version qui suscitait le mépris des canadiens). Cette campagne médiatique fera baisser drastiquement le recrutement. De plus, craignant de voir l'apparition d'un Klan identique à celui des États-Unis sur son territoire, la Gendarmerie Royale du Canada ainsi que les forces de polices locales porteront une attention toute particulière au KKKKK ( Knights of the Ku Klux Klan of Kanada ). Ceci est bien la preuve que le Klan canadien n'avait pas l'impact social et institutionnel de son voisin américain. 2.2 Le Sasklan La seule province n'ayant pas encore fait l'objet de ce rappel historique est la Saskatchewan. Il appert que c'est dans cette province des Prairies que le Ku Klux Klan eut ses racines les plus profondes. Comme vous le verrez bientôt, le Klan a réussit à s'intégrer parfaitement au mode de vie des habitants des petites villes. À son apogée, le Klan avait «réussi» à s'infiltrer dans plusieurs domaines de la sphère publique provinciale. La création de la cellule saskatchewannaise du Klan ne diffère pas de celle des autres. Après les déboires ontariens, les organisateurs du Klan ont commencé à tâter le terrain dans d'autres provinces et, après quelques essais, ils ont traversé le Manitoba pour s'installer en Saskatchewan. C'est à la suite de la demande expresse d'un homme et de son fils (Lewis Scott et son fils), deux résidents de l'Indiana, d'acquérir les droits exclusifs de création du royaume de la Saskatchewan , qu'est né le Klan dans cette province. Pour ce faire, les Scott étaient allés à Toronto convaincre Fowler de leur céder les droits. Limités dans leurs ressources, les Scott ont tout de même embauché Hugh Emmons, un vrai fanatique du Klan doté d'un charisme peu commun, afin de recruter des adeptes. Bien que très raciste, Emmons a toujours méprisé la violence que certains de ses collègues ont manifesté envers les cibles du Klan. Il a même révélé au grand jour leurs noms et toutes les exactions commises. Cela a crée un vent de panique au sein du Klan américain et mena à son expulsion en 1926. Avec la chance que lui offrent les Scott, Emmons était très motivé à l'idée de recréer un Klan de la base. Pour ce faire, il déménage à Regina et en moins de deux semaines, les trois acolytes sont maintenant prêts à démarrer le processus de recrutement. Le prix d'abonnement est cependant plus élevé qu'ailleurs; treize dollars contre lesquels le membre recevra tous les mots de passe, les formulaires de candidature, les codes de détresse, etc. Afin de mousser la popularité du Klan, Emmons organise des grandes assemblées au cours desquelles il vante le Klan américain fort de huit millions et demi de membres dont Henry Ford et Thomas Edison (ce qui est une exagération puisqu'à l'époque on n'en comptait que la moitié!) tout en affirmant que quelques uns des hommes les plus respectables au Canada en étaient déjà membres. Pendant ces assemblées, il mettait de l'avant les valeurs principales du Klan; la virilité pure, le protestantisme, la suprématie blanche, la loi et l'ordre, la relation étroite entre purs canadiens, la séparation entre l'état et l'église et la langue anglaise. Comme toutes les autres cellules, le Klan de la Saskatchewan se dressait contre les noirs, les asiatiques et les juifs. À son plus fort, dans la ville de Regina et sa banlieue, on recensera un millier de membres. Insatisfait de cette piètre performance, Emmons et les Scott partent en campagne dans toute la province mettant surtout l'accent sur le sud. Cette campagne sera une réussite essentiellement dans plusieurs petits villages. À titre d'exemple, le minuscule village de Woodrow (où habitaient moins de deux cent vingt âmes) comptera plus de cent cinquante membres. La campagne allait bon train et voyant que cette réussite lui était en grande partie attribuable, Emmons s'est montré de plus en plus exigeant envers les Scott. En effet, au début de son «contrat», il empochait huit des treize dollars que coûtait l'affiliation. Avec l'expansion progressive, Emmons a demandé plus d'argent si bien que quelques semaines plus tard, avec plusieurs coups de bluff (dont sa démission), il gagnera l'ensemble tout le montant en cause. Bon vendeur, Emmons recrutera jusqu'à deux mille membres à Moose Jaw. Pour ce faire, il opte pour plusieurs techniques; il bénéficie de l'aide de pasteurs évangéliques qui mettent en valeurs les aspects positifs du Klan, d'un intense recrutement par la poste et des recommandations d'hommes d'affaires qu'il nomme membres honoraires des grandes assemblées.
Malgré un
malaise grandissant causé par le manque de bases saines et démocratiques
du mouvement, sa popularité ne diminuait pas. Face aux résistances
et aux questions de certains membres, les réactions des responsables
soulèvent des interrogations. Comme le rapporte Robin; «les
réponses évasives qui furent données soulevèrent
d'autres questions, des plaintes, le bannissement des dissidents et
des représentations auprès des autorités provinciales» (Robin,
1998: p. 38). Un moyen trouvé par Emmons pour contrer ce mouvement
de désintérêt grandissant fut d'annoncer
qu'après une certaine date, les cotisations Alors qu'Emmons s'était essentiellement occupé du développement du Sud, le Sasklan fait campagne au centre et au nord de la province. Le succès est immédiat et plusieurs chefs de police, hommes politiques et notables s'inscrivent. En 1929, on dénotait pas moins de cent vingt-neuf sections (klaverns) réparties partout à travers la province. Le succès se traduit partout; villes, villages, campagne. Pour promouvoir le Klan, rien n'était laissé de côté; banquets, sermons, défilés, croix en feu, littérature (publication du journal mensuel Klansman depuis novembre 1928) et l'éloquence électrisante de Maloney et d'Hawkins donne des ailes au Klan. La popularité était telle que le Sasklan comptait un nombre d'adhérents comparable aux effectifs des grandes organisations coopératives et qu'il était «considéré comme l'une des composantes du système social et politique» (Robin, 1998: p. 46). Afin d'appuyer les deux nouveaux responsables du Sasklan dans leur recrutement, certains hommes d'influence comme des pasteurs (bien que le mouvement n'était pas religieux en soi), des maires, des professeurs et des politiciens donnent ouvertement leur appui au Klan. Cette organisation était donc autant sociale qu'éducative. À titre d'exemple, il est important de souligner que le parti conservateur de J. Anderson a rapidement tenté de capitaliser sur la popularité grandissante du Klan. C'est lors de la victoire des conservateurs quelques années plus tard que l'influence du Klan sera à son apogée. Cependant, à cette époque, c'était le libéral Gardiner qui était au pouvoir et, bien conscient de la force politique d'un tel regroupement, il demande d'une part que l'on surveille de près les faits et gestes du Klan et en avertit lui-même son grand ami et premier ministre canadien Mackenzie King. Lui-même issu de cette province, King surveillait de très près la situation qui se déroulait là-bas. Il ne pouvait accepter une telle attitude de mépris à l'endroit des nouveaux citoyens canadiens, mais l'attitude «pacifique» du Sasklan l'empêchait d'agir concrètement. Sans parler non plus de l'appui tacite et actif des religieux à l'égard du Klan. À l'opposé, les conservateurs témoignaient d'audace en invitant le grand Sorcier du Klan à leur convention tenue à Saskatoon. Cette alliance qui était jusqu'alors demeurée cachée a tout de même réussi à s'allier au parti progressiste pour créer une coalition de la droite. À l'automne 1928, le premier ministre Gardiner passe à l'attaque et révèle l'alliance Klan-Conservateurs. La réplique ne s'est pas fait attendre; Maloney a surnommé Gardiner «Pape Gardiner Premier» ce qui a eu une grande influence sur les élections de 1929 puisque «in the provincial election of 1929 Premier Gardiner found himself defending his own religious beliefs». Pendant ce temps, l'alliance entre progressistes et conservateurs se solidifiait. Aux élections, c'est justement cette coalition de la droite qui l'emportera. Dès 1930, le gouvernement Anderson mettra de l'avant le «school act» qui reprenait presque en tout point les demandes du Klan. Cette victoire des conservateurs fit fondre le Sasklan, principalement parce que, maintenant au pouvoir et n'ayant plus rien à revendiquer, son existence était remise en jeu. Outre certains actes de philanthropie, les historiens n'ont pas relevé d'actions concrètes. Le Klan de Saskatchewan sera définitivement rayé de la carte lorsqu'aux élections suivantes, les libéraux reprendront le pouvoir en remportant l'ensemble des sièges de la chambre. Pourquoi le Klan eut-il autant de succès en Saskatchewan? Était-ce en raison des prouesses des Emmons, Scott, Hawkins ou Maloney ou bien la Saskatchewan représentait-elle un terreau fertile pour ces mascarades racistes? Quoiqu'il en soit, un fait demeure; la différence notable entre cette province et les autres est que partout au Canada, à la seconde où les autorités entendaient parler du Klan, des mesures étaient prises pour contrer le mouvement et l'affaiblir. En Saskatchewan en revanche, les autorités ont laissé le mouvement prendre de l'ampleur sans mot dire. Les auteurs s'accordent à dire que le Klan offrait une opportunité aux hommes d'avoir du plaisir pour se changer les idées et sortir de la routine quotidienne. Le Klan exploitait les sentiments et les préjugés présents chez les citoyens depuis plusieurs années déjà. Comme le mentionne Appelblatt, «religion and politics became inter-twined in the KKK's activities». À une époque où diverses communautés ethniques commencent à faire leur apparition dans les Prairies, le Klan ravive le nationalisme languissant. La grande majorité de ces immigrants sont d'ex-employés que les compagnies ferroviaires (CN et CP) ont embauché pour implanter le réseau partout au pays. Ces travailleurs, immigrants indésirables selon le Klan, représentaient quarante-cinq pour cent de la population totale de la province en 1921. En 1929, ce sont les WASP qui sont désormais en minorité dans leur province. Ces immigrants se sont essentiellement installés en campagne et ont résisté en bloc à l'assimilation tout en ayant un taux de natalité supérieur. Alors que les gouvernements hésitaient à prendre action contre la résistance aux immigrants, le Klan, lui, agissait sans violence en recrutant tous les mécontents. Les problèmes dus au manque d'éducation des paysans furent exacerbés par le Klan. Des milliers de gens simples et honnêtes étaient prêts à suivre tous les «anti-» qu'on leur proposait. La Saskatchewan des années vingt n'était pas un éden de tolérance, mais était loin d'être une province de fanatiques racistes. C'est d'ailleurs pour cette raison que «le Klan parvint à occuper, bien que brièvement, une place acceptable et significative» (Robin, 1998: p. 47) au sein de la province. Robin renchérit en affirmant que si le Sasklan a bien fonctionné, c'est parce qu'il «se développa, bien que brièvement, parce qu'il fut agressivement mis en marché et qu'il répondit à certains besoins sociaux» (Robin, 1998: p. 49). 2.3 Une rétrospective C'est vers le milieu des années trente que l'on assiste à la fin du Klan canadien. Comme son homologue américain, le Klan canadien a vécu par phases. C'est au gré des politiques, des sentiments et du goût du jour que le Klan renaîtra quelque temps plus tard. Il est maintenant facile de voir que ce mouvement raciste n'a jamais vraiment su se bâtir une clientèle fidèle à l'est du Canada. L'est canadien n'a jamais été la cible de grand rassemblement, n'a jamais été influencé politiquement par le Klan, et n'a suscité aucune grande réaction. En fait, il semble que le Klan soit passé presque inaperçu. Outre quelques soubresauts en Ontario, ni le Manitoba, ni les maritimes et surtout pas le Québec n'ont représenté un terreau fertile à cette graine xénophobe. Il appert que c'est dans l'ouest que le Klan a exercé sa plus grande influence. Les raisons sont bien simples; le Klan n'a jamais été en mesure de bâtir une organisation nationale forte ce qui a fait en sorte que seules de petites cellules, éloignées les unes des autres ont survécu brièvement. De plus, le nombre inouï de scandales, de fraudes ou de campagnes médiatiques ont terni l'image du Klan, le faisant passer pour un groupe d'arnaqueurs. Bien que, dans plusieurs cas, l'opposition ait pris énormément de temps à se mobiliser (surtout dans le cas du Sasklan), une fois les groupes de pression mobilisés, rien n'a pu les empêcher de tuer le Klan. Ajoutons aussi une raison intrinsèque à la Charte même du Klan; sauf dans le cas de la Saskatchewan , les propagandistes ont toujours dépeint les noirs et les juifs comme les ennemis. Mais, à cette époque, le Canada ne comptait qu'une infime partie de ces groupes ethniques pourtant bien présents aux États-Unis. La capacité dont ont fait preuve les dirigeants à viser les catholiques ou les asiatiques (en Colombie-Britannique) est l'une des raisons de leur succès. Il existe une différence intrinsèque entre la société canadienne et américaine. Si le Klan américain a été en mesure de se renouveler sans cesse, il a toujours dénoncé ses ennemis de toujours; les noirs qui représentent plus du huitième de la population totale. Au Canada cependant, l'absence d'une population importante de noirs a fait en sorte que le Klan canadien a toujours ciblé une minorité précise et présente dans le milieu (les catholiques, les francophones, les asiatiques, etc.). Suite au krach boursier de 1929, et au vent d'enthousiasme généralisé envers les valeurs sociales, le Klan américain mettra toutes ses énergies à contrer les communistes, alors que la version canadienne, trop faible, ne saura pas opérer ce changement. En d'autres termes; «born around specific causes, the canadian Klan failed to adapt to changing times» (Sher, 1983: p. 61). Ironiquement,
c'est à l'endroit où le Klan a eu le plus grand impact
(en Saskatchewan) que le Klan sera décimé par les lois
qu'il a lui-même mis de l'avant par l'entremise de ses partisans-politiciens.
Ainsi, voulant restreindre les droits des francophones catholiques à l'éducation
dans leur langue, ils ont rapidement eu raison des francophones et
donc de l'ennemi. Avec la disparition de cet ennemi, le Klan, faute
d'un autre cheval de bataille, perdra sa raison d'être et disparaîtra à son
tour. La baisse marquée de l'immigration vers le milieu des
années vingt a également joué dans la balance.
Avec la grande dépression des années trente, le Klan
américain a été capable de réorienter son
action contre les communistes et les juifs, alors qu'au Canada, le
mouvement déjà agonisait et seule Alberta réussit à faire
de même. Notez bien au passage que le Klan albertain est celui
qui a duré le plus longtemps sans réel succès
toutefois. Avec le temps, on a de plus en plus associé le KKK
aux différents mouvements d'extrême droite comme par
exemple le NSDAP hitlérien (Nationalsozialistische Deutsche
Arbeiter Partei) ou, plus localement, au Goglus d'Adrien Arcand, |
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