La famille Khadr — Une «famille al-Qaïda»  
     
 

A) Chronologie détaillée des événements

Note : Le 4 mars 2004, Abdurahman Khadr accorde une entrevue à la CBC. Abdurahman profite de l'occasion pour raconter sa «vraie» version des faits sur les événements qu'il a vécu depuis novembre 2001. Ces précisions sont en italique dans la présente chronologie pour les distinguer des informations dont disposaient les médias et les citoyens canadiens à l'époque.

1977 (ou 1975, selon les sources)
Ahmed Saïd Khadr quitte l'Égypte pour immigrer au Canada. Il y rencontre celle qui deviendra sa femme, Maha. Cette dernière est une Canadienne-palestinienne qui réside dans la région d'Ottawa depuis longtemps déjà.
À l'époque, Ahmed Saïd Khadr aurait étudié le génie informatique à l'Université d'Ottawa avant d'être engagé par une grande firme de télécommunication pour effectuer de la recherche.

1980
L'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) envahit l'Afghanistan, entraînant une déclaration de guerre sainte en guise de représailles. Ahmed Saïd se rend en Afghanistan en tant que volontaire afin de combattre l'armée soviétique. C'est à cette époque qu'il rencontre Oussama ben Laden et que les deux hommes deviennent de bons amis.

En fait, Ahmed Saïd s'était rendu là-bas sous l'égide d'une organisation caritative fondée à Ottawa en 1980 : Human Concern International (HCI). Bien que la mission officielle de cette organisation était de «soulager les souffrances de l'humanité», elle est reputée avoir soutenu l'Islam militant.

De 1988 à 1997
Selon Pipes (2004), le HCI a reçu des fonds des contribuables canadiens tout en oeuvrant pour al-Qaïda. Il estime le montant de la subvention à 325 000$ canadiens.

Aux environs de 1994
Abdullah Khadr passe deux semaines dans un camp de formation militaire d'al-Qaïda en Afghanistan. Il n'a alors que 13 ans. Abdurahman, qui est un peu plus jeune qu'Abdullah, reçoit également sa première formation militaire à cette époque. Il dit être allé à Khalden à cette fin. Il aurait alors suivi un cours sur les fusils d'assaut, sur la fabrication d'explosifs, sur les fusils des tireurs d'élite et sur les pistolets.

Janvier 1996
Ahmed Saïd commence une grève de la faim dans sa cellule de prison du Pakistan. Il y est incarcéré puisqu'on le soupçonne fortement d'avoir financé l'attaque à la bombe de l'Ambassade égyptienne à Islamabad, perpétré en 1995. Il aurait détourné des fonds du HCI à cette fin. L'attaque fait entre 15 et 18 morts, selon les sources.

Ahmed Saïd entreprend alors une brillante campagne médiatique en rassemblant ses enfants, en contactant les journalistes canadiens et en demandant une intervention de la part du Premier ministre canadien de l'époque, Jean Chrétien. Ce dernier finit par discuter du cas d'Ahmed Said Khadr avec le gouvernement pakistanais pendant une mission économique. Suite à cette intervention, le chef de la famille Khadr est libéré. Il aurait dès lors encouragé ses quatre garçons à aller s'entraîner dans des camps en Afghanistan.

1996
Ahmed Saïd et Maha Khadr fondent une nouvelle organisation caritative islamique : «Health and Education Project International».
Quelques mois plus tard, les talibans prennent le contrôle de l'Afghanistan, ce qui incite la famille Khadr à aller vivre dans ce pays.

7 août 1998
Des membres d'al-Quaïda font exploser les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie. Selon les dires d'Abdurahman, il était dans un camp d'entraînement en Afghanistan à cette époque.

21 août 1998
Le gouvernement américain réplique à l'attaque du 7 août en lançant trois missiles à partir de destroyers naviguant sur la mer d'Oman (mer Arabique). Un de ces missiles vise un camp d'entraînement mené par Oussama ben Laden et le réseau al-Quaïda. Il s'agit du camp où se trouve Abdurahman. Ce dernier affirme qu'il était avec un ami canadien quand le missile a frappé le camp.

9 septembre 1999
Oussama ben Laden assiste au marriage de Zaynab Khadr, l'une des deux filles d'Ahmed Saïd Khadr. Son mari serait un islamiste membre du réseau al-Quaïda.

1998 et 1999
Abdurahman Khadr aurait tenté de fuire son père et sa situation au Pakistan à quelques reprises durant cette période. Il se serait même présenté à l'ambassade canadienne à Islamabad, mais n'y aurait trouvé aucune aide.

2000
Selon Abdurahman Khadr, des espions canadiens l'auraient interrogé lors d'une visite à Toronto. Il passe quelques mois au Canada, puis rejoint les autres membres de sa famille à Kaboul.

2001
Certains membres de la famille Khadr assistent au mariage de Muhammed, l'un des fils d'Oussama ben Laden.

11 septembre 2001
Suite aux attaques de cette journée tristement célèbre, Oussama ben Laden et d'autres membres d'al-Qaïda quittent Jalalabad, en Afghanistan, pour se diriger vers la frontière afghano-pakistanaise. Le gouvernement américain complète une liste de présumés terroristes qu'il finit par publier. Ahmed Said Khadr est l'un des noms qui apparaît sur cette liste. Ce dernier se tiendra tranquille jusqu'aux événements du 2 octobre 2003 qui entraîneront sa mort.

10 novembre 2001
Abdurahman est arrêté en tant que membre présumé d'al-Qaïda. La journée suivante, le régime taliban s'effondre face à la coalition menée par l'armée des États-Unis. Quelques semaines plus tard, Abdurahman tombe entre les mains des forces américaines.

Abdurahman Khadr affirmera, lors de son entretien à la CBC, qu'il a alors rapidement accepté de collaborer avec les Américains. Il aurait ensuite vécu neuf mois dans une maison secrète de la CIA près de l'ambassade des États-Unis à Kaboul.

Été 2002
Abdurahman Khadr dira qu'il a alors reçu une offre financière de la CIA. Pour sa collaboration, on lui aurait donné 5000$ et l'agence américaine lui offre désormais 3000$ par mois pour qu'il réponde à leurs questions à l'avenir.

Été 2002
Alors qu'il combattait les forces armées américaines en Afghanistan, Omar Khadr est atteint par trois projectiles. Il survit à ses blessures, mais perd l'usage d'un oeil. Il est envoyé à Guantanamo (Cuba). Les États-Unis l'accusent d'avoir tué un de leurs soldats, Christopher Speer, à l'aide d'une grenade.

Janvier 2003
Abdurahman est transféré à Guantanamo où il est détenu en tant que combattant ennemi («enemy combatant»). Cependant, aucune accusation particulière n'est retenue contre lui.

  • "Paul Martin denies Canada shunning man released from Guantanamo Bay". CNEWS, 25 novembre 2003. (Cet article est disponible sur Internet via www.justicescholars.org)

Abdurahman Khadr dira, lors de son entretien à la CBC en mars 2004, qu'en fait, il se serait alors rendu à la prison de Guantanamo pour le compte de la CIA. Sa mission était de se mêler aux autres détenus de la prison de Guantanamo dans le but de récolter de l'information. Afin de ne pas éveiller de soupçons, il aurait été traité comme les autres prisonniers. Abdurahman dira de son séjour : «En m'envoyant à Cuba, ils espéraient me mettre avec quelqu'un de têtu pour que je le fasse parler. Ce n'est pas si simple, tout d'abord parce qu'à Cuba, les gens ne se parlent pas, tout le monde craint son voisin.»

21 juillet 2003
Les autorités américaines relâchent Abdurahman et l'envoient en Afghanistan. Il affirmera d'abord qu'il ne savait pas et qu'il n'avait pas été informé du fait qu'il avait le droit, en tant que citoyen, d'être plutôt renvoyé au Canada. Abdurahman dit alors avoir réussi à se rendre au Pakistan, où l'Ambassade canadienne lui aurait refusé l'accès à des services consulaires. Seul, sans argent et sans papier, on lui aurait dit que le Canada ne voulait pas de lui. Il aurait ensuite voyagé en Iran, en Turquie et en Bosnie. C'est l'Ambassade canadienne en Bosnie qui aurait fait des arrangements afin qu'il puisse retourner au Canada.

Abdurahman Khadr soutiendra plus tard une version fort différente. En fait, il aurait plutôt continué à travailler pour la CIA avant son retour au Canada qui ne s'effectuera que le 30 novembre 2003.

Septembre 2003
Abdurahman Khadr dira que la CIA lui fait alors suivre un cours de formation en travail d'infiltration, donné par l'un des entraîneurs les plus chevronnés de la CIA.

2 octobre 2003
Les autorités pakistanaises reçoivent des informations voulant que des membres importants d'al-Qaïda soient cachés dans le Waziristan (une région du Pakistan). L'armée pakistanaise planifie alors une opération sur leur repère. Comme le groupe refuse de se rendre, un long combat qui durera presque douze heures est engagé. L'armée pakistanaise finit par triompher : elle fait dix-huit prisonniers et retrouve huit cadavres, dont celui d'Ahmed Saïd Khadr. Ce dernier était alors âgé de 57 ans.
     
À ce moment, on croit que son plus jeune fils, Abdul Karim Khadr, est également mort. Toutefois, l'on confirmera plus tard qu'il a survécu à l'attaque, bien qu'il soit grièvement blessé.

Octobre et novembre 2003
Un avocat de la famille Khadr déplore le sort que l'on croit jusque là réservé à Abdurahman Khadr. Selon l'avocat en question, Abdurahman ne peut pas rentrer au Canada même s'il possède la citoyenneté canadienne : différentes ambassades canadiennes auraient refusé de lui remettre un passeport. On lui aurait même fait comprendre qu'on pourrait procéder à son arrestation advenant le cas où il approcherait de nouveau une ambassade canadienne. La famille Khadr dénonce évidemment cette situation.

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères suggère plutôt qu'Abdurahman a décidé de ne pas rentrer au Canada immédiatement après sa remise en liberté. Du moins, il dément qu'un passeport lui ait été refusé par une ambassade canadienne. Il ajoute qu'aucune demande d'assistance de la part d'Abdurahman Khadr n'a été enregistrée par les autorités canadiennes depuis sa libération de la prison de Guantanamo.

Rocco Galati, un avocat de la famille, ne croit pas en cette version des autorités canadiennes. Il fait un parallèle avec le cas de Maher Arar, cet homme qui a été déporté en Syrie après avoir transité par les États-Unis et avoir été torturé pendant une année en prison. L'avocat rappelle que pour Arar également, les autorités affirmaient d'abord ne pas détenir d'informations...

Celui qui deviendra bientôt le Premier ministre du Canada, Paul Martin, finit par se mêler du débat en assurant que tous les services consulaires sont offerts à Khadr comme à tout autre citoyen canadien.

  • Levitz, Stephanie. "Canada slams door on terror suspect freed from Cuban jail, family says". CNEWS, 24 novembre 2003.
  • "Paul Martin denies Canada shunning man released from Guantanamo Bay". CNEWS, 25 novembre 2003.

Ces articles sont disponibles sur Internet via www.justicescholars.org.

Abdurahman Khadr affirmera, au cours de son entrevue à la CBC, qu'il travaillait toujours pour le compte de la CIA à cette époque. L'agence américaine lui aurait procuré un faux passeport afin qu'il puisse se rendre en Bosnie, dans l'ancienne Yougoslavie. Cette région est réputée être un important centre d'activités du réseau al-Qaïda. En fréquentant la mosquée du Roi Fahd, il se serait lié d'amitié avec un homme soupçonné d'être un recruteur pour les opérations d'al-Qaïda en Irak, un contact que la CIA aurait grandement apprécié. Les résultats concrets de cette mission en Bosnie demeurent nébuleux et les détails sont peu nombreux. On peut comprendre que si on retient cette version des faits, Abdurahman Khadr ne peut pas trop en dire sur les opérations qu'il a mené pour le compte de l'agence d'espionage américaine.

30 novembre 2003
Abdurahman Khadr est de retour au Canada (Toronto).

Abdurahman Khadr admettra que la CIA lui avait alors plutôt demandé de se porter volontaire pour aller en Irak afin de transmettre de meilleures informations sur les activités d'al-Qaïda. Cette demande est survenue alors qu'il était encore en Bosnie. Toutefois, Abdurahman en aurait alors eu assez de sa vie d'espion. Il aurait appelé sa grand-mère à Toronto et lui aurait dit qu'il voulait désespérément revenir au Canada. Afin de faire plier la CIA, il aurait demandé à sa grand-mère de dire aux médias canadiens que le gouvernement canadien ne veut pas l'aider. Cette démarche a en effet été suffisante pour que les Américains acceptent de le laisser retourner au Canada. Il avait toutefois promis qu'il ne révèlerait à personne sa relation avec l'agence américaine. Ainsi, quelques jours après son retour au Canada, il convoque une conférence de presse et il ment sur ce qui s'est passé suite à sa libération de Guantanamo. Il se serait alors tenu à ce que la CIA lui avait ordonné de dire. De là les fausses accusations concernant la mauvaise foi du gouvernement canadien à son égard.

4 décembre 2003
L'avocat d'Abdurahman, Rocco Galati, décide de se retirer de toutes causes ayant rapport à la sécurité nationale après avoir été la cible de menaces de mort. Quant à Omar Khadr, il est toujours à Guantanamo avec environ 660 détenus.

30 décembre 2003
Maha et Zaynab Khadr tiennent une conférence de presse à Islamabad (Pakistan) afin de se plaindre des agissement de l'ambassade du Canada au Pakistan. Elles soutiennent que leur passeport a été confisqué sans raison valable par l'ambassade et qu'on veut leur interdire le retour au pays. Ottawa nie catégoriquement les faits. Selon un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, les deux dames auraient plutôt perdu leur passeport ou se les seraient fait voler. Le porte-parole rappelle du même coup qu'une personne qui égare plus de deux fois son titre de voyage voit son nom inscrit sur une liste de contrôle. Elle ne pourra obtenir un nouveau passeport que lorsqu'elle fait la preuve qu'elle saura conserver convenablement ce précieux document. Cette procédure s'applique pour tous les Canadiens.

Au passage, les deux femmes ont annoncé qu'elles vont poursuivre le gouvernement pakistanais qui les tiendrait dans l'ignorance sur le sort réservé à Ahmed Saïd et à Abdul Karim Khadr. L'avocat de la famille, Hashmat Ali Habib, a profité de l'occasion pour affirmer que les deux hommes menaient des «activités humanitaires» dans le Sud-Waziristan (au Pakistan) lors du raid de l'armée pakistanaise du 2 octobre 2003. La famille est toujours dans l'incertitude à savoir si Ahmed Saïd et Abdul Karim ont été tués ou mis en état d'arrestation lors de l'opération.

La conférence de presse a été interrompue par un officiel pakistanais accompagné de policiers, sous prétexte que la famille Khadr, leur avocat et d'autres personnes vivant avec elle ont des relations très étroites avec al-Qaïda.

24 janvier 2004
À l'aide de tests d'ADN, les autorités pakistanaises confirment qu'Ahmed Saïd Khadr a bel et bien trouvé la mort en combattant les forces armées pakistanaises en octobre 2003. Quant à Abdul Karim Khadr, le bas de son corps demeurera paralysé suite aux blessures qu'il a subi lors de ce même combat. La famille Khadr demande le rapatriement du cadet de la famille et du corps d'Ahmed Saïd Khadr au Canada.

Plus tôt cette semaine, les autorités du Pakistan ont fait savoir à Ottawa que l'adolescent était détenu dans la ville de Rawalpind.

4 février 2004
Un représentant officiel des Talibans rapporte à l'agence France-Presse que l'attentat-suicide qui a coûté la vie à un soldat canadien, le Caporal Jamie Murphy, à Kaboul en janvier 2004, est l'oeuvre d'Abdullah Khadr. En fait, le représentant officiel identifie le terroriste comme étant Mohammad Abdullah, le fils d'un citoyen canadien membre d'al-Qaïda nommé Abdul Rehman. Il faut savoir qu'Ahmed Said Khadr est parfois identifié comme étant Ahmed Saeed Abdur Rehman Khadar sur certains rapports pakistanais.

Toutefois, Abdullah Khadr n'est pas l'auteur de l'attentat-suicide. Il est bel et bien en vie, comme le démontre l'entretien qu'il accordera le 23 février à un journliste de la CBC.

22 février 2004
Maha et Zaynab Khadr donnent leur premier entretien à la télévision nationale canadienne (CBC) depuis la mort du chef de la famille Khadr survenue en octobre 2003. Alors qu'elles avaient toujours affirmé qu'Ahmed Saïd Khadr n'était pas un terroriste, elles profitent de l'occasion pour affirmer qu'il ne pourrait qu'être fier d'être mort en martyr, en soldat de l'Islam.

  • Le site du Public Broadcasting Service (PBS) offre une transcription de cet entretien.

23 février 2004
Abdullah Khadr accepte de rencontrer un journaliste de la CBC en un endroit secret d'Islamabad afin de lui accorder un entretien. Il déclare alors que s'il avait perpétré l'attentat-suicide à la bombe qu'on lui impute, il ne serait manifestement pas en train d'accorder un entretien à un journaliste à l'heure actuelle. Il affirme également qu'il aimerait retourner au Canada, mais qu'il a peur d'être arrêté par les douanes à la frontière.

4 mars 2004
La CBC diffuse un entretien accordé par Abdurahman Khadr (lors de l'émission The National). Abdurahman affirme qu'il est vrai que sa famille entretient des liens avec al-Qaïda et qu'il a été entraîné à perpétrer un attentat-suicide à la bombe. Toutefois, il affirme qu'il ne partage pas les points de vue de la plupart des membres de sa famille.      

Note : l'entretien avec Abdurahman Khadr a été réalisé en anglais à la télévision nationale anglaise (CBC) avant d'être adapté en français. Étant donné la nature des révélations d'Abdurahman Khadr, l'équipe de la CBC lui a demandé de subir le test du polygraphe (détecteur de mensonges) pour prouver qu'il dit la vérité aux journalistes à présent. Abdurahman a accepté immédiatement. Pour tous les aspects importants du récit présentés dans le reportage, il a réussi le test. L'équipe de la CBC affirme également avoir corroboré des passages de son histoire par d'autres moyens.

  • 'We are an al-Qaeda family': Khadr son (CBC)
  • Canadian Broadcasting Corporation (2006). The Khadr family.
  • Société Radio-Canada (2004). La famille Khadr et Al-Quaïda, (Sommaire de l'émission "Zone libre" du 16 avril 2004).
  • Le site de la PBS offre une transcription de cet entretien. Selon les précisions apportées par ce site, il s'agirait en fait d'une série de trois entretiens menés par Terence McKenna au mois de janvier 2004. La CBC n'aurait présenté son émission spéaciale sur le sujet qu'au mois de mars.

09 avril 2004
Deux membres supplémentaires de la famille Khadr, Maha Elsamnah Khadr et leur fils de 14 ans, Abdul Karim, atterrissent à Toronto après que le gouvernement canadien leur ait accordé des passeports d'urgence afin que Karim puisse obtenir des traitements médicaux. Les blessures à traiter sont celles qu'il a subies lors d'une bataille contre l'armée pakistanaise en octobre 2003.

12 juillet 2004
Le quotidien The Globe and Mail rapporte que le Ministre des Affaires étrangères, Bill Graham, a invoqué la prérogative royale en mars 2004 afin de refuser l'octroi d'un passeport canadien à Abdurahman Khadr. Dans une lettre adressée à l'avocat de Khadr, Clayton Ruby, le Procureur général du Canada, Irwin Cotler, dit que la décision a été prise en fonction d'informations provenant du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) qui doivent demeurées secrètes. Pour sa part, Ruby est d'avis que son client ne peut essuyer un tel refus reposant sur des informations secrètes, cette procédure brimant ses droits garantis par la Charte canadienne des droits et libertés.

Février 2005
Des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) attendent à l'aéroport international Pearson de Toronto que Zaynab Khadr revienne d'un séjour au Pakistan. Agissant sous le coup d'un mandat de perquisition, la GRC saisit alors certains objets personnels de la femme âgée de 25 ans : un ordinateur portatif, des lettres et un bottin personnel. Aucune accusation n'est alors portée contre Zaynab Khadr. Elle est donc libre et elle vit dans la région de Toronto.

Juin 2005
Un juge ontarien permet à des agents de la GRC de garder en leur possession les objets confisqués à Zaynab Khadr au mois de février de la même année. En plus de l'ordinateur portatif, on fait maintenant mention d'un journal intime et de cassettes audio. Les enquêteurs affirment qu'ils ont besoin de plus de temps afin de scrupter les fichiers de l'ordinateur et de traduire les cassettes qui pourraient renseigner les autorités sur certaines activités terroristes. Le juge spécifie cependant que certains objets devront être retournés pour le mois de septembre, alors que d'autres devront être retournés au plus tard en février 2006.

Les autorités canadiennes pensent avoir trouvé de préciseuses informations concernant le réseau al-Quaïda, par exemple des lieux où seraient cachés certains membres importants du réseau ainsi que des détails sur des attaques envers les forces armées de la coalition américaine en Afghanistan. Sauf pour quelques fichiers innofensifs, Zaynab affirme ignorer ce que contient son ordinateur : elle dit l'avoir acheté de seconde main environ sept mois avant d'arriver au Canada. Elle nie donc toute implication avec d'éventuelles informations incriminantes contenues dans son ordinateur.

7 décembre 2005
«Cageprisoners.com» publie sur Internet un entretien qui a été réalisé (en anglais) avec Zaynab Khadr quelques mois auparavant. «Cageprisoners.com» étant un groupe qui milite particulièrement contre ce qui entoure la prison de Guantanamo, Zaynab est spécialement questionnée sur son frère Omar. Elle explique ce qu'elle connaît sur sa situation, ce qui n'empêche pas la discussion d'aborder d'autres thèmes. Notamment, Zaynab continue de nier que des membres de sa famille aient pu être impliqués dans des activités terroristes. Elle réagit également aux déclarations de son frère Abdurahman et à sa collaboration avec la CIA. Questionnée à ce sujet, Zaynab dit avoir été embarassée par cette situation et elle suggère qu'il a simplement menti (elle ne tient pas compte du fait qu'il a passé avec succès le détecteur de mensonge lorsqu'il a raconté ses péripéties). Elle rajoute qu'Abdurahman, en racontant cette histoire, aurait alors fait quelque chose de «haram» (d'interdit), ce qu'elle déplore grandement.

Selon Zaynab, le gouvernement aurait décidé d'exercer sa prérogative royale afin de priver l'ensemble des membres de la famille Khadr (du moins, ceux qui sont présentement au Canada) de leur passeport respectif. On aurait justifié cette décision auprès de la famille Khadr en évoquant la sécurité nationale.

17 décembre 2005
Abdullah Khadr est arrêté à Toronto par la GRC en vertu d'un mandat provisoire émis par les États-Unis. Les Américains demanderont donc son extradition sous peu. Les autorités américaines lui reprochent d'avoir dirigé un camp d'entraînement de terroristes en Afghanistan et d'avoir planifié l'assassinat de soldats américains déployés en sol étranger. Abdullah Khadr nie formellement ces accusations.

Abdullah Khadr n'est de retour au Canada que depuis quelques jours seulement, après avoir passé plus d'un an dans une prison pakistanaise pour appartenance présumée à un réseau terroriste. Il est aujourd'hui âgé de 24 ans.

23 décembre 2005
Suite à sa comparution, on obtient davantage d'infomations sur ce qui est reproché à Abdullah Khadr. Il aurait acheté pour environ 20 000$ d'armes telles que des AK-47, des mortiers et des grenades. Ces armes devaient servir à lutter contre les forces américaines en Afghanistan. Lors de son récent séjour en prison, il aurait également reconnu avoir été impliqué dans un complot visant à tuer le premier ministre du Pakistan. S'il est extradé aux États-Unis et qu'il est reconnu coupable, il sera passible d'un minimum de 30 ans de prison.

La Cour supérieure de l'Ontario refuse d'accorder une liberté sous caution à Abdullah Khadr. Le tribunal craint qu'il ne profite de l'occasion pour prendre la fuite grâce au soutien du réseau al-Qaïda. «Ce n'est pas une personne à qui je ferais confiance pour respecter quelque restriction que ce soit une fois sa liberté retrouvée», a indiqué la juge Anne Molloy. Ainsi, Abdullah Khadr demeurera sous garde canadienne en attendant son audition pour une éventuelle extradition vers les États-Unis.

11 janvier 2006
Après 39 mois de détention, Omar Khadr doit comparaître devant un tribunal militaire d'exception à la prison de Guantanamo. Il est aujourd'hui âgé de 19 ans. Omar Khadr est accusé d'avoir tué un soldat américain, Christopher Speer, à la grenade et d'avoir placé des mines sur la route d'un convoi militaire américain. Cela mène donc à des accusations de meurtre, de tentative de meurtre et de complot. Rappelons qu'il n'avait que 15 ans lorsqu'il a été capturé par les forces américaines. Il risque l'emprisonnement à vie, même si les autorités américaines auraient théoriquement pu demander la peine de mort à son endroit. Depuis le début de sa détention, peu de gens auraient été autorisés à voir Omar Khadr qui est presque aveugle d'un oeil et qui est gardé en isolement. Un de ses avocats américains, Muneer Ahmad, affirme même détenir des preuves fiables qui démontreraient qu'Omar Khadr a été torturé pendant sa détention. L'avocat a aussi demandé au Canada de dénoncer cette procédure judiciaire mise sur pied par le président américain George W. Bush.

Alors qu'il y a presque 500 prisonniers à Guantanamo, Omar Khadr est l'un des neuf détenus à avoir été accusé formellement par le gouvernement américain. C'est la première fois que la justice américaine poursuit un mineur pour crime de guerre. La question de la légalité des tribunaux militaires créés par l'administration Bush pour juger des détenus dans le cadre de la lutte contre le terrorisme sera étudiée au courant des prochains mois par la Cour suprême des États-Unis.

D'autre part, les procédures pour l'extradition d'Abdullah Khadr ont été reportées au 02 février 2006.

 
     
 

Mise à jour : Fernanda Prates

OMAR KHADR - GUANTANAMO

27 juillet 2002 : Omar Khadr est capturé par l’armée étasunienne lors d’un engagement armé. Il a été ensuite emmené en détention sur la base de Guantanamo.

04 novembre 2002 : Khadr est accusé pour conspiration en vue de commettre des crimes de guerre, de meurtre, de tentative de meurtre et d'avoir aider l'ennemi.

08 septembre 2004 : le cas de Khadr est examiné par le tribunal d'examen du statut de combattant, qui conclut qu'il était un "ennemi combattant".

07 novembre 2005 : Omar Khadr est renvoyé devant la commission militaire établie à Guantanamo.

02 février 2007 : le procureur Jeffrey D. Groharing retient les charges suivantes contre Khadr : meurtre ; tentative de meurtre ; conspiration ; soutien matériel au terrorisme ; espionnage.

24 avril 2007 : Le Pentagone confirme officiellement les inculpations.

04 juin 2007 : Lors de la première audience devant la Commission militaire, le juge militaire rejette tous les actes d'accusation contre Khadr en raison d'un manque de compétence. Selon le juge, le but d’une commission militaire serait de juger des combattants ennemis dites "illégaux", ce que ne serait pas le cas de Khadr, étant donné que dans sa décision sur le statut légal de Khadr en 2004, le tribunal du statut combattant l'avait uniquement désigné en tant que "combattant ennemi".

4 juillet 2007 : le Pentagone fait appel de la décision d'incompétence.

24 septembre 2007 : la cour d'appel militaire retient l'argumentation du Pentagone et infirmé la décision du juge qui avait rejeté les accusations de terrorisme.

23 mai 2008 : Dans une décision unanime, les juges de la Cour Suprême du Canada ordonnent au gouvernement canadien, au Service canadien de renseignement de sécurité et à la Gendarmerie royale du Canada de divulguer des documents réclamés par les avocats d'Omar Khadr afin de préparer sa défense devant la commission militaire américaine.

30 mai 2008 : L'armée américaine remplace le juge militaire qui s'occupait de la cause de Khadr à la base de Guantanamo. Le colonel Peter Brownback refusait que le procès d'Omar Khadr ait lieu, tant que ses avocats n'auraient pas reçu les éléments de preuve amassés contre l’accusé durant ses années de détention. Il a été remplacé par le colonel Patrick Parrish.

19 juin 2008 : Khdar comparaître devant une commission militaire à Guantanámo dans le cadre d’une audience préliminaire.

15 juillet 2008 : Les avocats de Khadr rendent public des vidéos d'interrogatoires de leur client par le Service canadien du renseignement de sécurité. Les images ont été tournées en 2003 dans une salle d'interrogatoire de Guantanamo.

08 octobre 2008 : Data prévue pour le début du procès.

 
     
 

Le dossier de la Canadian Broadcasting Corporation (CBC) sur la famille Khadr a particulièrement contribué à l'élaboration de la présente chronologie. Le lecteur qui est à l'aise avec la langue anglaise pourra y trouver beaucoup d'informations complémentaires :

Les sites suivants peuvent également être consultés :

 
     
   
 
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