Les Doukhobors - « Lutteurs de l'esprit »  
     
 

Localisation et incidence des actes de violence
commis par les Sons of Freedom

Localisation géographique des incidents

L’activité violente des Sons of Freedom Doukhobors s’est localisée pour l’essentiel en Saskatchewan et en Colombie Britannique, c’est à dire dans les régions où ils étaient établis. La majeure partie des actes terroristes sont survenus en Colombie Britannique, après l’installation des Doukhobors dans cette province. En Colombie Britannique, de petites localités ont été plus particulièrement ciblées, dans le district de Kootenay, telles que Brillant, Castlegar, Nelson et Krestova, qui abritaient l’essentiel des communautés Doukhobors.

De 1973 à 2003, tous les incidents sont survenus en Colombie Britannique et les mêmes localités que précédemment ont été touchées par cette activité violente : Grand Forks (6 incidents), South Slocan (5 incidents), Christina Lake (5 incidents), Brilliant (4 incidents), Castlegar (4 incidents), Krestova (3 incidents), Gilpin (3 incidents), Nelson (2 incidents) ; Passmore, Creston, Shoreacres et Passcreek ont été le théâtre d’un incident. Nous n’avons pas de précision sur 4 incidents à l’exception du fait qu’ils ont eu lieu en Colombie Britannique. A Christina Lake, tous les incidents sont des actes commis contre la compagnie du Chemin de fer Canadien Pacifique.

Kellett (1995) relève que la majorité des incidents de terrorisme au Canada ont eu lieu dans de grands centres importants à l’exception des actes commis par les Sons of Freedom, qui ont presque tous eu lieu dans le district de Kootenay.

Incidence des actes de violence commis

Une estimation générale des actes violents commis par les Sons of Freedom n’est pas aisée car les sources ne retiennent pas toutes les mêmes dates d’enregistrement des données et les taux peuvent aussi varier en fonction des incidents répertoriés, ainsi tous les incendies commis par les Sons of Freedom n’ont peut être pas été recensés, surtout lorsqu’ils visaient leurs propres biens. Torrance (1986), citée par Corrado (1991), estime que le nombre total d’actes terroristes commis par les Doukhobors, depuis leur installation au Canada, s’élèverait à plus de 1 000.

Le chiffre paraît important (on ignore également à quels types d’actes il se réfère) mais la dissidence et la violence des Sons of Freedom ont commencé assez tôt au Canada. Ainsi, l’incendie de 9 écoles publiques (les Sons of Freedom et les Doukhobors refusaient d’envoyer leurs enfants dans des écoles publiques) entre 1923 et 1925 marqua le début d’une campagne militante plus agressive (Torrance, 1986). De leur côté, Woodcok et Avakumovic (1977, p. 319-350) relèvent, jusqu’à la fin de 1937, les chiffres de 153 déprédations et 44 incidents et pour la période de 1946-1957, un total de 118 incendies.

Les activités des Sons of Freedom connaissaient des vagues de violence, entrecoupées de périodes d’accalmies. Leur activité connut un regain d’activité à partir des années 50 et surtout au cours de la période allant de 1960 à 1962, où ils ont commis le plus d’actes de terrorisme.

Après la Seconde Guerre Mondiale, l’assimilation continuelle des Doukhobors à la société canadienne entraîna une réaction plus vive de leur part. Les actes de violence augmentèrent et des explosifs commencèrent à être utilisés. En 1953, la communauté entière de Krestova fut détruite (Torrance, 1986). Krestova, « The Place of Cross » ou « lieu de la croix », était d’ailleurs devenue le centre d’activité des Sons of Freedom (Yerbury et Griffiths, 1991, p.338).

Comme nous l’avons vu dans la première partie, la question des terres perdues par les Doukhobors redevînt d’actualité en 1960 lorsque l’USCC décida d’entamer des négociations pour racheter les propriétés confisquées par le BC Land Settlement Board. Les Sons of Freedom étaient hostiles à cette initiative et ils s’y opposèrent violemment. On assista ainsi à une recrudescence de leurs attaques dirigées à la fois contre le gouvernement et contre l’USCC. En l’espace de 3 ans (1960 – 1962), il y eut 197 incidents de terrorisme commis par les membres de cette faction (Kellet, 1995). Cette nouvelle flambée de violence incluait des sabotages importants (Torrance, 1986, p. 34) : un ferry du lac Kelowna fut attaqué ainsi qu’un train et des lignes électriques détruites, des bombes furent déposées au dépôt de bus de la ville de Nelson. Le tribunal de Nelson fut également la cible d’un attentat à la bombe ainsi que l’annexe de la prison. Plusieurs actes visaient aussi la communauté des Doukhobors. Ainsi, en août 1961, un village entier fut détruit et 40 personnes s’échappèrent de justesse.

Après 1962, le taux des actes terroristes diminua d’une façon spectaculaire pour ne plus jamais connaître des périodes d’une telle intensité même si les actions violentes des Sons of Freedom ne se sont pas taries. Selon Ross (1988), les Sons of Freedom ont commis, de 1960 à 1985, 130 actes terroristes sur 414 répertoriés pendant cette période. A titre de comparaison, pour la même période, le FLQ a commis 126 actes de terrorisme et d’autres groupes, 128. Le rapport Other People’s War : A Review of Overseas Terrorism in Canada (2003, p.24) qui se réfère en partie aux données de Kellett (1995), recense 428 incidents de terrorisme survenus au Canada pour la période de 1960 à 1989. La majorité de ces actions (200 du nombre total) impliquèrent le FLQ et 143, les Sons of Freedom. Les données de l’ÉRTA indiquent, pour la période de 1973 à 2003, le chiffre de 44 incidents, incluant 24 incendies ou tentatives d’incendie et 20 attentats à la bombe ou tentatives d’attentat à la bombe.

 
     
 
 
   
 
2002-2014, ERTA