Armes à feu et terrorisme  
     
 

La place des armes dans les évènements terroristes de 1968 à 2007

Pour débuter, voici des données enregistrées par le MIPT sur les incidents terroristes répertoriés entre 1968 à 2007. Les incidents sont classés par tactique terroriste.

Tableau 1 : Statistiques de la MIPT sur les rapports d’incidents classés par stratégie terroriste : la dimension des armes à feu 1968-2007

Tactiques

Incidents

Incidents impliquant des Armes

%

Nb Bléssés

Nb de blessés commis par armes

%

Nb morts

Nb de morts commis par armes

%

Attaques armées

7293

6007

82,4

14223

7250

51,0

12386

10563

85,3

vandalisme

1029

8

0,8

332

0

0,0

382

7

1,8

Assassinats

2360

1599

67,8

1296

720

55,6

3018

1858

61,6

Prise d’otage/baricade

209

77

36,8

2209

2052

92,9

903

776

85,9

Explosions

18103

48

0,3

87261

233

0,3

24609

119

0,5

Détournements

229

53

23,1

376

212

56,4

482

128

26,6

Enlèvements

2192

955

43,6

178

100

56,2

1474

932

63,2

autres

166

1

0,6

426

1

0,2

152

0

0,0

Attaques non conventionnelles

56

15

26,8

2440

nd

3004

nd

Inconnu

417

nd

296

nd

576

Nd

TOTAL

32054

109037

46986

Beaucoup de chercheurs critiquent les bases de données existantes sur les incidents terroristes à cause de la difficulté à définir le concept de « terrorisme ». Toutefois, le MIPT recense une grande majorité des évènements depuis 1968, issus de la RAND Corporation. Les données de 1968 à 1997 couvrent seulement les incidents internationaux à partir de 1998 les données incluent aussi les incidents domestiques. L’accessibilité de ces données et la facilité à les manipuler nous a permis d’identifier le nombre d’incidents par tactique terroriste. Nous avons procédé au filtrage des données pour sortir les incidents impliquant des armes afin d’identifier la proportion d’attaques terroristes effectuées avec des armes à feu. La définition d’ « arme » par le MIPT englobe toutes armes à feu légère. Nous avons choisi de rajouter le pourcentage pour les incidents, le nombre de blessés et de morts  afin de mieux interpréter les quantités en terme de proportion. Nous en venons donc à dire que 16459 événements comprennent des explosifs et 361 incidents sont effectués au couteau ou avec des objets contendants.

On observe que 82,4% (6007 incidents) des attaques armées sont commises avec des armes à feu et causent plus de 51% des blessés et 85% des morts (n=32, 054). Pour commettre une attaque offensive, les armes et les explosifs sont les meilleurs outils pour les personnes mal intentionnées, ce qui signifie que sur le terrain, les terroristes utilisent des tactiques militaires et de guérilla. De plus, celles-ci sont plus souvent utilisées pour commettre des assassinats et des enlèvements dans respectivement 67% et 43,6% des cas répertoriés. Pour ce type de stratégie, les armes à feu sont plus efficaces pour contrôler la situation et diriger les otages. Dans le cadre d’assassinats, les armes à lunettes (sniper) sont les plus utilisées pour leur précision, leur létalité et pour la distance de tir plus importante. Pour les prises d’otages et les barricades, les armes à feu demeurent l’outil principal qui cause le plus de blessés (93%) et de morts (86%) comparativement aux explosifs. En revanche, les armes sont moins utilisées dans les attaques non conventionnelles (26,8%) et le sont que très rarement pour commettre des actes de vandalisme (0,8%).

Les armes sont donc majoritairement utilisées comme stratégie conventionnelle. Les armes à feu et les explosifs comptent pour une bonne partie du nombre de blessés et de morts suivants des événements terroristes. L’arme à feu est donc priorisée parmis les choix d’outils de combat.

 
     
 

La prolifération du marché international des armes légères

 
 

La vente légale et illégale d’armes à feu est très lucrative à travers le monde. Les entreprises, les fournisseurs et les vendeurs n'ont pas d’impôts et rarement des taxes douanières à payer.  De plus les profits sont énormes et très intéressants.  Selon l’ONU (2001), 60% du commerce mondial des armes à feu est effectué de manière légale, mais une fois importées elle se retrouvent rapidement sur le marché illégal.  Depuis ces dernières années, les Nations Unies se penchent sérieusement sur la prolifération des armes légères dans les pays en développement. Voici un extrait alarmiste de l’ONU en 2001 : «  Plus de 500 millions d'armes légères sont en circulation dans le monde, soit environ une pour 12 personnes. Elles ont été l'arme de prédilection dans 47 des 49 grands conflits que la planète a connus depuis 1990 et ont causé la mort de 4 millions de personnes, dont 90 % de civils et 80 % de femmes et d'enfants. Aggravant encore le danger, l'ampleur de l'offre contribue à faire baisser le prix des armes ; dans certaines régions, un fusil d'assaut AK-47 se vend au prix d'un sac de maïs, c'est-à-dire entre 20 et 30 dollars des États-Unis ». Ces échanges se règlent en argent, en drogue, en informations, en diamants, ou en services.  Les armes ont été utilisées dans les conflits inter armés et ont été l’instrument de tueries, de massacres et de génocides (Rwanda 1994, Darfour 2005). Ces armes créent beaucoup de victimes en particulier dans les conflits opposants des milices aux forces armées gouvernementales ou des conflits ethniques. Elles augmentent l’intensité des conflits et les opportunités de tuer, créant ainsi un cercle vicieux.

Ce tableau met en évidence les 13 pays qui ont le plus haut taux de décès (par 100 000) par armes à feu dans le monde. On observe que le taux le plus élevé d’homicides commis par armes à feu est en Colombie avec 51, 8 % soit plus de 86 % des décès reliés à une arme à feu. Rappelons que la Colombie est prise avec une guérilla intestine entre les FARC (Force Armée Révolutionnaire de Colombie) et les autorités du gouvernement colombien. Secondant la Colombie, les pays où le taux d’homicides par arme à feu est le plus élevé sont le Vénézuela (22,15), l’Afrique du Sud (26,1%), le Salvador (25,3%), la Jamaïque (18,2%) et le Brésil (19,54%). « Au Brésil, par exemple, plus de 30 000 individus sont assassinés par des armes à feu annuellement. En Colombie, plus de 20 000 individus sont assassinés, aux États-Unis et en Afrique du Sud, plus de 10 000 individus sont tués lors d’homicides avec des armes à feu. Dans plusieurs nations, la mortalité due à la violence armée surpasse les taux de décès des zones de guerre officielles » (Cukier, 2006).

Une grande partie des armes qui sont en circulation provient des pays où la loi et l’ordre se sont effondrés à un certain moment de leur histoire (ex. : Europe de l’Est, ex-URSS, Yougoslavie, Albanie, etc). À cause de la dévaluation de la monnaie, des problèmes socio-économiques et de la corruption, des groupes mal intentionnés possédant de l’argent saissent ces occasions pour vendre illégalement des armements.

La chute de l’Union soviétique a créé d’importants stocks d’arsenaux militaires en Russie et dans les pays satellites comme l’Ukraine et la Biélorussie. Après 1992, une quantité importante d’armes ont disparu ( d’une valeur approximative de 32 milliards d’euros). Beaucoup de trafiquants d’armes ont profité de ces opportunités pour revendre les armes à des pays africains comme le Sierra Leone, le Congo, la Libéria et la Côte d’Ivoire (Lunde, 2004). Dans certains pays, suite au retrait des services offerts par la police et l’armée, les tribus, les sectes religieuses et les grandes familles ont été appelées à partager la sécurité publique des pays ébranlés (Kelly et coll. 2005).

Après la guerre froide, beaucoup de stocks et d’équipements militaires ont vu leur prix diminuer. En Russie, on retrouvait une AK47 à 125$ vendue à 30 ou 40$ sur le marché noir. En Uganda, une arme coûtait autant qu’un poulet (Kelly et coll. 2005). On retrouve des scénarios tels que le « Kalingrad Yardsale ».  Dans cette grande ville russe composée de complexes et d’industries militaires, n'importe qui pouvait acheter du matériel de guerre comme dans un supermarché.  Certains pays comme l'Ukraine, ont bénéficié du marché des armes en Russie pour échanger de la nourriture contre des denrées alimentaires. 

De plus, beaucoup d’armes et d’équipements militaires ont été délaissés dans les anciennes régions affiliées à l’URSS permettant aux forces nationalistes de s’accaparer de ces ressources comme en Arménie, en Azerbaïdjan et au Tajiskistan (Smith, 1993). Par exemple en Afghanistan  le retrait des soviétiques a permi aux mudjadhines de s'accaparer des armes et de l’équipement laissés en arrière par les forces militaires soviétiques. De même, durant les affrontements dans les Balkans (1993), les Russes ont délaissé des quantités importantes d’arsenaux militaires aux troupes serbes.

Selon la coalition sur le contrôle des armes à feu : « La plupart des pays contrôlent, dans une certaine mesure, la possession privée et l’utilisation des armes à feu légères par des politiques de contrôle des armes nationales. En 1998, l’ONU a rendu publique une étude internationale sur les régulations juridiques concernant les armes à feu. Ce rapport  souligne les variations législatives autour du monde. Les armes tendent à circuler des régions sans régulations aux régions avec régulations. Un pays comme le Canada, par exemple, a peut-être des lois sur les armes à feu plus sévères, mais demeure vulnérable en raison de la circulation des armes à feu en provenance des États-Unis. Aux États-Unis, il y a presque autant d’armes à feu que de gens (plus de 220 millions), environ le tiers de toutes les armes à feu du monde. »  Le manque de contrôle législatif et l’augmentation du taux de possession d’arme dans la population expliquerait les taux élevé des crimes violents commis avec une arme à feu au Etats-Unis (Cook and Cole 1996; Cook and Braga 2001; Braga, Cook, Kennedy, et Moore 2002).

Dans la Convention de l’ONU contre le crime organisé adopté le 31 mai 2001, les Nations Unies ont mis en place le protocole de Vienne contre la fabrication et le trafic illicite des armes à feu et de munitions visant à améliorer la coopération des États. Ce protocole vise à augmenter l'efficacité des contrôles pour freiner les mouvement illégaux internationaux des armes à feu et des munitions. C'est l'une des seule convention internationale qui impose des règlements contraignants sur le contrôle des armes à feu. Pour plus d'information voir le texte de Périer (2001) dans le rapport du GRIP (Groupe de Recherche et d'Information sur la Paix et la sécurité).

 
     
 

Quelles sont les armes utilisées par les terroristes et pourquoi :

La prochaine partie est une brève synthèse du Military Guide to Terrorism in the Twenty-First Century (2005) :

Les terroristes organisent leur recherche d’arme en fonction de certaines caractéristiques précises: 1) la disponibilité; 2) la simplicité; 3) l’efficacité.

  • Ils préfèrent les armes automatiques a plus grande portée et qui ont de la puissance défensive. De même, ils cherchent particulièrement des armes qui soient faciles à cacher en milieu urbain. Les terroristes veulent se procurer des armes à feu qui ont un pouvoir très létal ayant la capacité de causer plus de blessés et de morts en raison du nombre de balles par seconde qu’elles projettent en particulier les armes semi-automatiques et les armes militaires.

  • Les terroristes essayent d’avoir un calibre standardisé sur leurs armes afin d’utiliser plusieurs types de balles et de faciliter l’approvisionnement en munitions.  C’est pourquoi ils préfèrent des armes militaires et les semi-automatiques.

  • La majorité des groupes terroristes aime les armes automatiques comme l’AK47 et le M16. Cependant, n’importe quel type d’arme et de calibre peut être utilisé, en particulier dans les petits groupes car ils ont une plus grande difficulté à se procurer des armes comparativement aux grands réseaux.

  • Avec la disponibilité générale des armes sur le marché noir et l’évolution constante de la technologie, il est presque impossible de développer un manuel sur toutes les armes utilisables par des terroristes. Nous proposons donc de dresser le portrait de cinq types d’armes à feu de base : les pistolets, les mitraillettes, les fusils d’assauts, les fusils à lunettes (sniper) et les fusils à pompe (voir tableau ci-dessous).

  • Les terroristes emploient des armes conventionnelles, ils ont tendance à vouloir obtenir les nouvelles technologies et les nouveaux équipements sur le marché, en particulier les matériaux utilisés par les forces de police et de sécurité car elles sont plus imposantes. Certains groupes disposent d'équipements très sophistiqués comme des mirs tactiques (scope ou night vision) et des vestes par balle qu’ils peuvent obtenir en Amérique du Nord légalement.

  • Les terroristes utilisent des armes fabriquées par des manufacturiers ou des armes « improvisées », c'est-à-dire des armes fabriquées par des fournisseurs non professionnels, des usines illégales ou des fabricants indépendants.
Il ne faut pas oublier de mentionner que l’arme à feu est le deuxième outil le plus populaire chez les terroristes après les bombes et les explosifs. Les armes lourdes comme les lances roquette ou RPG (Roquet Propelled Grenade Laucher) et les lanceurs de grenades sont aussi très recherchés par les terroristes et par tout groupe militaire, de résistance ou de guérilla. Aujourd’hui, malgré les traités et les conventions internationales, ces armes sont encore disponibles à tous ceux qui ont les moyens de les acheter (miliciens, groupes religieux, terroristes, forces paramilitaires, groupes criminels organisés). On les retrouve principalement dans les forces armées et dans l’artillerie de guerre. Pour plus d’information (voir annexe).

Tableau 2 : Description des armes à feu les plus utilisées chez les terroristes

arme1arme2 

Les pistolets et les armes de poing sont une arme standard chez les terroristes. Elles sont petites ce qui facilite leur transport. La majorité des armes de poing sont très légères et beaucoup de pistolets ont une bonne force de tir. Leur distance de tir est d’approximativement 50 mètres, elle est limitée au niveau de la distance pour engager l’ennemi, mais demeure très efficace lorsqu’à proximité. Elles sont très efficaces pour se protéger ou pour contrôler une victime. On considère souvent que le revolver est plus fiable, mais les armes de poing semi-automatiques ont plus de munitions que le revolver.

arme3

Les mitraillettes sont des fusils qui ont une capacité de tir automatique. Elles utilisent des petits calibres, la pénétration des munitions est meilleure que pour les pistolets et elles ont des plus gros chargeurs. Leur capacité de tir et de pénétration est meilleure grâce à la longueur du canon et de la mire de visée. C’est une des armes préférées des terroristes, car elle est légère, petite et facile à cacher.  Elles ont une capacité de tir plus puissante et sont plus létales à proximité.

Elles sont très utilisées par les forces paramilitaires et la police. Malgré la popularité des nouveaux modèles comme le Uzi et le Ingram, les modèles datant de la seconde guerre mondiale sont encore utilisés par les terroristes (Martin, 2003).

arme6arme5

Les fusils d’assaut sont les premières armes offensives des militaires modernes et sont très utilisés par les organisations terroristes et autres. Elles ont une capacité de tir à distance de 600 mètres. Elles peuvent tirer entre 100 et 400 munitions par minute en mode automatique. Quand elles sont utilisées, les terroristes ont la même puissance de feu que les forces militaires. L’AK47 inventée par Mikhail Kalachnikov est le modèle le plus populaire et le plus efficace en terme de production et de capacité d’adaptation pour les forces armées, les guérillas et les terroristes.

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arme8

Les fusils à lunettes sont très souvent utilisés pour commettre des assassinats quand les cibles sont trop difficiles à atteindre. Avec le développement des technologies, des armes comme Armalite AR-50 avec un calibre de 0.50 les terroristes peuvent aussi attaquer des véhicules blindés légers et même des avions. Certains américains craignent de leur utilisation contre les transports aériens. Ce type d’arme est moins souvent utilisé, mais très puissant.


arme10

Le fusil à pompe est beaucoup plus limité au niveau de la distance et de sa capacité de pénétration. Cependant, il reste une arme excellente pour les combats de proximité et ne requiert aucun talent de précision puisque qu’il projette des morceaux de plombs dans une certaine direction. Ils sont très disponibles et relativement peu coûteux comparativement aux autres armes. On peut aussi le modifier en tronçonnant le canon afin de mieux le dissimuler.

arme11

Les RPG restent un modèle encore utilisé dans les forces armées. Elles ont été produites massivement par les anciens pays communistes comme l’URSS et la Chine. Cette arme est très forte contre des véhicules blindés et pour détruire des édifices, des bunkers ou des bâtiments. Il existe de nouveaux modèles avec technologie infrarouge qui permet de tirer des avions, des hélicoptères ou véhicules en mouvement comme le Singer et le SA-7 (grail). Ce type d’arme représente une menace pour les aéronefs. (Martin, 2003). 

Stinger 22LR Pen Gun
arme12arme13

 

Les armes artisanales ou “converties” ainsi que les armes miniaturisées sont très convoitées mais rares. Les armes camouflées peuvent être développées ou obtenues secrètement à travers le marché noir. Avec assez d’argent et des bons contacts dans son réseau, un terroriste peut trouver et/ou produire des armes dangereuses.

Ce type d’arme serait très pratique pour passer les contrôles des passagers dans les aéroports et les zones de haute sécurité car il passe inaperçu. On retrouve par exemple le développement de « Pen gun », "cell gun" dans une revue américaine http://www.shotgunnews.com/  et http://pengun.com/ .

Toutefois, il est très difficile de pouvoir s’en procurer, car ces armes sont prohibées aux États-Unis et relativement diffcile à trouver sur le marché.

 

 
     
 

Tableau 3 : Drapeaux et symboles avec des armes à feu

Al Aksa Martyrs Brigade (1)

Al Aksa Martyrs Brigade (2)

Al Qaeda Organization for Holy War in Iraq

Hamas (3)

Hezbollah

Islamic Palestine Block, An-Najah Students Cell

Lashkar-e-Taiba

iberation Tigers of Tamil Eelam (1)

Liberation Tigers of Tamil Eelam (2)

Palestinian Liberation Front

Popular Front for the Liberation of Palestine - General Command (1)

Popular Front for the Liberation of Palestine - General Command (2)

Salafist Group for Call and Combat (GSPC)

MEL Moujahidine du Peuple d’Iran

17th November, groupe grec

FARC

Babbar Khalsa International

Manuel Rodriguez Patriotic Front (FPMR)

Red Army Faction (RAF)

Tupac Amaru Revolutionary Movement (MRTA)

Source: http://www.adl.org/terrorism/symbols/DEFAULT.ASP

 
     
 

Y a-t-il un message en arrière de l’image utilisée avec les armes à feu?

 
 

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En effet, la majorité des groupes terroristes ont un drapeau et plusieurs logos. C’est en réalité un outil de marketing qui aide à passer un message et une publicité. On observe plusieurs aspects particuliers lorsqu’ils passent un message télévisé ou une vidéo devant les médias ou lorsqu’ils sont pris en photo. Par exemple lors d’exécutions, les protagonistes sont presque toujours armés. Il peut y avoir plusieurs explications : 1) ils gardent une arme à leur portée pour se protéger, 2) l’arme est le symbole de lutte et de djihad, 3) l’arme fait partie de leur environnement et c’est une message qu’ils ont besoin de ravitaillement en arsenal ou à l’inverse qu’ils ont du matériel à distribuer, 4) si le terroriste est montré en train de tirer à l’aide d’une arme, c’est un moyen de faire de la publicité et du recrutement, 5) si l’arme à feu est dans les mains de l’individu et dans les airs, c’est pour montrer la volonté d’affronter l’ennemi. En montrant leurs AK47 et leurs M-16, les terroristes et les futurs candidats aux attentats suicides ou « martyrs » essayent de projeter une image militaire (même si en réalité ils n’ont jamais été formés ou entraînés à utiliser l’arme et qu'ils n’ont pas d’uniforme standardisé).

Lorsque qu’il y a une combinaison entre une arme à feu, le coran et d’autres symboles religieux, la photo envoie un message clair et simple : l’importance du sacrifice (martyr) et sa nature violente. D’ailleurs, ces photos sont très convoitées pour augmenter l’influence des groupes djihadistes et de leurs activités. La diffusion des vidéos et des photos a plusieurs objectifs. D’une part, l’organisation fait de la publicité en montrant le visage du « martyr» et la nature héroïque de son acte. D’autre part,  pour influencer l’ennemi, en utilisant de nouveaux modèles d’armes et en exagérant leurs capacité mortelle. Selon Brachman, J, Ostovar et Boudali (2006), ce type d’image est majoritairement utilisé par les organisations palestiniennes.

Grâce à la technologie, les réseaux terroristes manipulent de manière intelligente les images. Pour reprendre François Bernard Huyghe : « Les images frappent aussi vite que les balles, mais elles portent plus loin. En effet, comme les entraînements, les casettes testaments de volontaire de la mort, les égorgements d’otages, etc, toutes ces images seront exploitées, diffusées sur Internet ou vendues en Cd Rom ou Dvd, jusque sur les marchés de Bagdad» Dans son analyse « Terreur, arme, image», ce chercheur démontre comment le terrorisme s’adapte parfaitement à la modernité et qu’elle est la vraie nature du message, des images et des symboles utilisés. Si le terroriste veut justifier la nécessité du recours à la violence et l’appel à l’autorité, il ne peut le faire les mains vides et par de belles paroles. Il lui faut une arme ou des explosifs pour convaincre son adversaire et ses alliés.  Son arsenal lui donne de la crédibilité et ajoute une plus-value à son message ou sa publicité dans l’objectif de miner la confiance de l’ennemi. Pour Huyghe, c’est aussi un moyen de soutenir le moral des siens. Pour avoir un impact médiatique, le martyr ou le terroriste doit montrer ses valeurs guerrières et sa détermination pour attirer l’attention. De cette manière, il va marquer la mémoire de la population et celle de ces ennemis.

Dans la seconde édition de Techniques du terrorisme, J-L Marret (2002) fait une analyse très intéressante sur la promotion du terrorisme et l’aspect médiatique. Selon l’auteur, les armes à feu font parties des mises en scène et des revendications terroristes. Lorsqu’ils sont encagoulés et armés, les protagonistes cherchent à attirer les médias et à provoquer les autorités publiques.  Ces images laissent un stigmate dans la mémoire des individus et marquent l’imagination. Chaque groupe possède un style, une étiquette qui lui est propre et le public va parfois simplement se rappeler d’un slogan, d’un mot d’ordre, d’un symbole ou d’un drapeau (qui sont toutes des marques de reconnaissance).

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Toutefois, on remarque que ces images sont majoritairement dominées par la présence masculine. À l’exception de Reem Salih al-Rayasha, on observe très peu de photos de femme brandissant des armes à feu, des bombes ou des grenades. Depuis, la seconde Intifada, de plus en plus de femmes se livrent à des actes de martyr et/ou d’attaques suicides. Néanmoins, on peut avancer l’hypothèse que la religion islamique et les valeurs culturelles des groupes terroristes sont moins enclines à laisser de la place aux femmes, car elles ne sont pas considérées comme des combattantes, mais comme des personnes délicates, tendres et innocentes. Il doit probablement y avoir un débat dans les groupes islamistes fondamentalistes à savoir si les femmes ont leur place dans le Djihad ou au foyer pour éduquer la prochaine génération. Toutefois, nous préférons rester prudents, car on observe une augmentation des actes de terroristes commis par des femmes. D’autre part, certains groupes terroristes utilisent les femmes et les enfants pour 1) continuer de passer leurs messages et éviter la saturation médiatique ; 2) influencer l’adversaire et l’opinion publique ; 3) être plus efficace, car les enfants et les femmes paraissent moins dangereux et plus innocents permettant ainsi de passer les mesures de sécurité et d’atteindre leur objectif.

Les armes à feu sont très utilisées chez les groupes terroristes qui sont présents dans les conflits militaires, les guérillas et les guerres civiles par exemple les tigres tamouls, le Hezbollah ou le Hamas. Les terroristes placés dans ces conflits ont besoin de ravitaillements et d’armes à feu, c’est pourquoi ils utilisent des activités secondaires de financement à l’intérieur et à l’extérieur du pays pour acquérir des armes plus puissantes et plus performantes. Dans certains pays en difficulté, la "culture de la violence" fait place à « une culture des armes ». Dans certaines sociétés militarisées, recourir à une arme est plus acceptable que de négocier verbalement. De plus, l ’arme peut représenter l’appartenance à un groupe. Par exemple dans d’anciennes colonies africaines, l’AK47 est le symbole de la résistance et de l'héroïsme qui a permis leur indépendance.  Elle représente une partie de leur histoire et de leur culture. La culture de la violence est le résultat et la conséquence de la disponibilité des armes légères (Cukier, 2001). Ce cycle de la violence est difficile à rompre car l'armement conduit à la violence, la violence conduit à l'insécurité et l'insécurité amène plus d'armement.

 
 

L’arme à feu comme symbole du terrorisme:

 
 

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Les armes sont couramment employées dans la culture islamique et très utilisées dans la propagande des groupes djihadistes. On distingue deux catégories de représentation soit les armes anciennes (épée, lance, bouclier) et les armes modernes (armes à feu, explosifs, RPG). L’arme à feu est non seulement un moyen de montrer la force et la motivation d’utiliser la violence, elle est aussi un symbole et une image qui donne une identité et un lien de cohésion au groupe ou au réseau terroriste. Elle a un pouvoir aussi important que le drapeau national d’un pays et représente l’idéal visé par les terroristes, la fraction militaire (milice), paramilitaire, le mouvement de résistance, la secte, etc. Sans armes, il n’y pas de terreur, ni de menace, ni de message crédible. L’illustration de ce symbole permet de communiquer à travers les images, l’Internet, les graffitis ou les drapeaux.

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Le symbole de l’épée contrairement aux fusils représente le côté historique de la violence et de l’Islam. Cette dernière représente la noblesse, la pureté et rappelle les premières générations des musulmans, les premiers héros islamiques et les premières campagnes djihadistes victorieuses. L’utilisation de l’épée est donc pour faire des liens avec le mouvement du djihad et avec les traditions ancestrales. Elle fait le pont  avec le passé et tente de donner un sens légitime aux actions modernes du djihad.

En revanche, l’arme moderne est plutôt un symbole du guerrier et du soldat de dieu qui montre sa combativité. Les nouvelles armes modernes comme les RPG et les M16 illustrent la nature violente du Djihad et exagèrent le pouvoir de la technologie militaire. Ces nouvelles armes évoquent un nouveau message qui présente la modernité des djihadistes. De plus, elles rappellent les victoires et les campagnes du Djihad (par exemple l’AK47 s’associe à l’expulsion de l’union soviétique en Afghanistan). De cette manière, les armes modernes influencent la perception de la victoire et mise sur la technologie militaire. Elles sont aussi utilisées par les soldats du Djihad et les martyrs pour qu’ils s’associent avec d’autres combattants du Djihad. Leur objectif est de construire leur propre identité et laisser leur marque personnelle dans leur participation à la guerre sainte. De ce fait, en introduisant une arme dans la photo avec l’individu, on suggère que celui-ci a participé de manière héroïque au côté violent de la guerre sainte. (Traduction libre de  Brachman, J et Boudali, L, 2006).

Les armes sont aussi représentées avec différentes combinaisons ou sous différentes formes. On retrouve aussi des associations entre les anciennes armes et les  modernes. Par exemple, la combinaison entre les épées et les armes à feu réfère au passé de l’histoire islamique au mouvement salafiste pour faire le pont avec la guerre du djihad. De même, il y a les armes qui sont croisées, que l’on voit souvent dans le monde musulman et dans les groupes qui veulent s’associer ou être mis en relation avec l’impulsion du djihad. Cette représentation rappelle l’utilisation de l’étoile rouge soviétique utilisée durant la guerre froide dans les pays satellites de l’URSS. L’étoile signifiait la reconnaissance et l’appartenance à l’idéologie communiste. Enfin, la combinaison des armes modernes avec des anciennes évoque des sentiments complexes à connotation plus symboliques. Lorsqu’il y a combinaison entre l’arme, l’individu, son pays et le sang, ceci représente le sacrifice et le côté martyr du combattant djihadiste. Si l’épée est en sang, elle symbolise la violence, le martyr, le sacrifice, l’injustice, la tyrannie et la victoire.  De même, l’utilisation des couleurs représente différentes significations. Pour plus d’information sur les images et les symboles du djihad, consulter le Combating Terorism Center (CTC).

La conception visuelle des armes a plusieurs objectifs,  elle crée une conception de la réalité et du combat en communicant par des images. De plus, la disposition visuelle évoque différentes émotions et des mémoires historiques qui viennent solliciter l’attention, la curiosité, la spiritualité, la conscience et même l’inconscience. De surcroît, certains motifs cherchent à réveiller des émotions et des croyances afin de communiquer avec le public. Ces images parlent d’elles-mêmes. Le public n’a pas besoin de lire les textes car il comprend la nature et le sens du message. Enfin, l’utilisation des armes anciennes réfère au passé et à des évènements historiques marquants de la tradition islamique ou des valeurs culturelles du groupe. Les armes modernes représentent la nature violente du mouvement et la détemination guérrière.

 
 

Les manuels, l’entraînement et la formation des terroristes avec les armes à feu

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Il est très facile de trouver sur Internet des documents, des manuels et des informations pour apprendre à manipuler des armes à feu et des explosifs. Même dans les documents pour participer au Djihad on retrouve une section sur « L’entraînement aux armes à feu » et des astuces pour en transporter incognito.

Après le 11 septembre 2001, les américains ont trouvé des camps d’entraînement terroristes en Afghanistan. Les individus pouvaient entreprendre la formation et l’entraînement donnés par des anciens vétérans.  Ces camps d’entraînement étaient particulièrement axés sur le développement de compétences pour le maniement des armes à feu légères, les armes lourdes et la confection d’explosifs. Comme il est mentionné dans le manuel pour faire partie du Djihad, les terroristes qui sont dans différents pays et qui veulent se livrer au djihad doivent se débrouiller eux-mêmes pour suivre une formation et apprendre à utiliser une arme à feu dans le pays où ils sont. Ils doivent être autonomes et surtout discrets et prudents pour ne pas se faire détecter lors de leur formation sur les armes à feu.  Le texte insiste sur le caractère de la discrétion et du secret pour pas que l’individu parle de l’islam et de son opinion. « Un dépliant de formation du Djihâd affiché sur un site Web encourage les guerriers musulmans à tirer profit des lois sur les armes à feu sans dents aux États-Unis pour obtenir une formation en tir isolé et en maniement de fusils d'assaut militaire. On peut lire dans cette brochure s'adressant aux djihadistes : « Dans certains coins du monde, notamment aux É.-U., n'importe qui peut s'inscrire à la formation au tir », et « c'est tout à fait légal » de se procurer des armes à feu, telles que les fusils d'assaut AK-47. La brochure encourage les djihadistes à tirer profit de ces lois laxistes. » Voici une partie intégrale de la traduction de ce manuel :

L’entraînement aux armes à feu diffère d’un pays à l’autre. Dans certains pays, la possession d’armes à feu par le public est illégale, dans d’autres non. Dans certains pays du monde, notamment aux États-unis, des entraînements aux armes à feu sont accessibles à tous. Si possible on peut s’inscrire dans un club de tir et se rendre régulièrement au champ de tir. Aux USA il y a aussi des cours d’utilisation d’armes à feu, en sessions d’un jour à deux semaines ou plus. Ces cours sont bons, mais chers.  Certains d’entre eux ne sont ouverts qu’aux agents de sécurité, mais en général ils sont ouverts à tous. Il est préférable d’aller à ces cours par deux ou seul. Quand vous allez à ce genre de cours, ne l’annoncez pas publiquement. Trouvez-en un, réservez votre place, allez-y, apprenez, rentrez à la maison et gardez tous cela pour vous.  Quand vous êtes au cours, gardez vos opinions pour vous, ne discutez et ne débattez de vos idées avec personne, n’y prêchez pas l’Islam et faites la Salat en secret. Vous y allez pour vous entraîner pour le Jihad, et non pas pour y appeler les gens a l’Islam. Les aptitudes utiles à apprendre sont le tir de précision, le tir en général et tous les tirs au fusil. Apprendre le tir au pistolet (ou revolver) peut-être utile, mais seulement une fois que l’on maîtrise bien le fusil.

Dans d’autres pays, par exemple certains états des États-unis et l’Afrique du Sud, il parfaitement légal que le public possède certains types d’armes à feu. Si vous vivez dans de tels pays, munissez-vous d’un fusil d’assaut, AK-47 ou une de ses variantes de préférence, apprenez à vous en servir correctement, et entraînez-vous dans des endroits ou cela est autorisé. Si vous n’avez personne qui puisse vous enseigner, vous pouvez acheter des livres sur la technique du tir et vous entraîner sur des cibles en carton à des distances différentes, avec un partenaire. Vous pouvez aussi vous entraîner à courir une certaine distance, par exemple 1 Km, puis tirer dans une cible a une certaine distance. Là aussi il y a plusieurs variantes possibles, et à moins que vous n’ayez une personne expérimentée et entraînée pour vous apprendre, vous ne pourrez faire beaucoup plus que de perfectionner votre technique de tir à différentes distances.

Sous aucun prétexte vous ne devrez jouer ou faire des expériences avec des armes à feu. Ne pointez JAMAIS, JAMAIS une arme à feu vers quelqu’un pour plaisanter, qu’elle soit chargée ou non. Conserver les armes à feu non chargées et hors de portée des enfants. Si vous sentez que vous ne serez pas capable de contrôler une arme à feu ou encore votre humeur, n’en achetez pas.

Respectez les lois du pays dans lequel vous êtes et évitez de faire du commerce avec des armes à feu illégales. Vous pouvez apprendre à vous servir de nombreuses armes à feu tout à fait légalement, il n’est pas utile d’aller passer plusieurs années en prison pour avoir fait un petit commerce d’armes illégales. Apprenez le plus possible en fonction de votre situation et laissez le reste pour le jour où vous irez réellement au Jihad.

Plusieurs groupes d’extrémistes de droite encouragent leurs membres à posséder des armes à feu et à s’entraîner. Ils créent eux-mêmes leur propre manuel (exemple : The White Patriot Survival Manual- Firearms, Explosives, Sabotages, Guerilla Warfare où l’on retrouve des explications pour utiliser des armes à feu, des armes semi-automatiques, des explosifs ainsi que des tactiques de combats militaires, des méthodes de fabrication des pièces et aussi comment cacher et dissimuler leurs armes. Ces guides sont notamment utilisés pour véhiculer leurs idéologies racistes et leurs revendications politiques. Même si ces groupes ne commettent pas d’actes de violence à répétition, ils préparent leurs membres à devenir des soldats de la mort et les encouragent à posséder des armes automatiques, des fusils à pompe et des fusils à lunettes très puissants (0.50).  D'ailleurs, certains groupes prônent l’utilisation et le port d’armes à feu chez tout bon citoyen . Les terroristes peuvent aussi facilement se procurer des renseignements grâce aux manuels militaires sur les armes à feu et les explosifs. Malheureusement, il n’y a pas de limite dans l’utilisation d’Internet et de ces vulnérabilités. De même, il y a les documents accessibles au public et les documents confidentiels que n’importe qui peut numériser et reproduire sur Internet sans le consentement de l’éditeur et du créateur. On peut aussi retrouver des livres « How to » et des Guides de l’Anarchiste qui offrent une base d’instructions sur les armes et les explosifs. Toutefois, les renseignements de ces documents ne sont pas toujours validés ni véridiques.  

 
   
 
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