Les Tigres Libérateurs de l'Eelam Tamoul (TLET)  
     
 

A) Une brève histoire du Sri Lanka : les origines d'un conflit

 
     
 

Afin de voir clair et d'être en mesure d'apprécier une situation présente, il est primordial de se tourner d'abord vers l'histoire et de bien comprendre le passé. Ce regard est d'autant plus important que le présent article s'intéresse aux peuples fondateurs du Sri Lanka, un pays dont l'histoire risque d'être méconnu des Occidentaux.

Il est évident que cette section ne constitue qu'un très bref résumé de l'histoire du Sri Lanka. D'ailleurs, afin d'éviter toute confusion, rappelons qu'avant 1972, l'île qui constitue aujourd'hui le Sri Lanka s'appelait Ceylan.

Bien que d'autres références soient parfois citées, cette section se base essentiellement sur les quatre documents suivante :

 
     
 

I. Des origines jusqu'à la fin de la période britannique (1948)

Selon les données historiques, l'île qui constitue aujourd'hui le Sri Lanka aurait été colonisée par des Indo-Européens environ cinq siècles avant notre ère. Ces derniers sont les ancêtres des Cinghalais d'aujourd'hui qui constituent le groupe ethnique majoritaire de l'île (environ 70% de la population du pays). Les Cinghalais parlent le cinghalais et sont bouddhistes.

Quant aux Tamouls en provenance du sud de l'Inde, ils tentèrent, au troisième siècle avant Jésus-Christ, de conquérir l'île que l'on appelait alors Ceylan. Ils représentent aujourd'hui la principale minorité du pays (entre 15% et 20% de la population). Les Tamouls parlent le tamoul et sont pour la plupart hindouistes.

Sri Lanka :
régions à majorité cinghalaise et tamoule

Sri Lanka, 2005 (modifié)

Il semble que durant de nombreux siècles, les deux communautés se soient constituées de petits royaumes et qu'ils aient vécu dans une relative harmonie. Ainsi, les rois alternaient selon leur origine tamoule ou cinghalaise. De plus, les mariages mixtes étaient fréquents.

Puis, vinrent les conquêtes européennes. À la période portugaise (1508-1568) succéda la période hollandaise (1568-1796). Les deux régimes pratiquèrent la dualité administrative selon laquelle un système s'appliquait pour les Tamouls et un système distinct s'appliquait à l'égard de la majorité cinghalaise. Cependant, la plupart des documents officiels étaient rédigés en néerlandais ou en tamoul, le cinghalais étant ignoré à cette époque.

C'est dans ce contexte que commença la période britannique (1796-1948). Avec les Anglais, l'île de Ceylan fut administrée de façon unifiée pour la première fois de son histoire. Le système introduit par les Anglais, notamment le système d'éducation géré par l'État et l'Église anglicane, a suscité beaucoup moins d'hostilité chez les Tamouls hindouistes que chez les cinghalais bouddhistes. Cette situation favorisa rapidement une surreprésentation de la minorité tamoule au sein des institutions d'études supérieures et des emplois importants de l'île de Ceylan. Cette forme de discrimination a fini par animer de forts sentiments nationalistes auprès de la majorité cinghalaise, prenant la forme d'animosité envers les Britanniques et les Tamouls. Afin d'apaiser la grogne, Londres octroya une autonomie interne à l'île de Ceylan en 1931.

Entre 1944 et 1948, le gouvernement britannique chargea la Commission Soulbury d'établir une constitution en vue de transférer pleinement le pouvoir aux habitants du Ceylan. Les Tamouls se sont vus refuser le privilège d'avoir droit à 50% de la représentation parlementaire et la nouvelle Constitution favorisa l'émergence de gouvernements pro-Cinghalais étant donné la composition démographique du pays. C'est dans ce contexte que l'île de Ceylan accéda à l'indépendance en février 1948.

 
     
 

II. Depuis l'indépendance (1948)

Dès les premiers gouvernements indépendants, la majorité cinghalaise a donné lieu à ce que l'on pourrait appeler une « dictature de la majorité » puisque les droits fondamentaux de la minorité tamoule n'ont pas été protégés adéquatement. En 1956, le gouvernement prend des mesures afin de faciliter l'accès des bouddhistes aux universités et à la fonction publique. Le gouvernement du Ceylan adopte également une loi, la Official Language Act, déclarant que « le cinghalais est la langue officielle du Ceylan » et que « le bouddhisme est la religion de l'État ». À ce moment, les Tamouls sont presque totalement exclus du gouvernement et de la vie politique du pays. En 1961, le gouvernement va jusqu'à nationaliser les écoles tamoules, obligeant du même coup la minorité à apprendre le cinghalais et suscitant le mécontentement au sein de la communauté tamoule.

En 1972, une nouvelle Constitution est adoptée, permettant au Ceylan de se détacher complètement de l'emprise du Royaume-Uni. À partir de ce moment, le Ceylan devient officiellement la République socialiste démocratique du Sri Lanka (ou, plus simplement, Sri Lanka). Cependant, cette modification ne contribue nullement à amoindrir les tensions entre les deux groupes en question. En 1974 et dans les années qui vont suivre, la création d'un État indépendant dans le nord et l'est du pays est demandée par le Front uni de libération des Tamouls , le principal parti politique de la minorité tamoule. Ce pays fictif est dès lors désigné sous le nom de l'Eelam tamoul.

C'est à cette époque (en 1976 pour être plus précis) que Velupillai Prabhakaran fonde les Tigres Libérateurs de l'Eelam tamoul (TLET). À ce jour, il occupe toujours le plus haut poste de l'organisation. Les Tiges tamouls poursuivent cet objectif de fonder l'Eelam tamoul et ils semblent être prêts à employer n'importe quel moyen pour arriver à leur fin (voir : The Liberation Tigers of Tamil Eelam (L.T.T.E.), 1998).

Suite aux élections de 1977, des violences éclatent à Colombo ainsi que sur des plantations contre des Tamouls vivant dans des régions à majorité cinghalaise. Le cycle provocation-répression s'aggrave pour culminer à l'été 1983. Cette année-là, par mesure de représailles contre une embuscade que les Tamouls tendent à l'armée à Jaffna, des émeutiers cinghalais commettent des incendies, font du pillage et assassinent des Tamouls avec la complicité tacite des forces armées. Entre temps, en 1978, le régime parlementaire unitaire avait cédé sa place à un régime présidentiel autoritaire.

Selon le gouvernement américain, c'est en 1983 que commence « officiellement » le conflit armé entre les Tigres tamouls et le gouvernement sri lankais. De 1983 à 1987, les TLET prennent le contrôle du nord et de l'est du pays, incluant la péninsule de Jaffna. Dans ces régions, des combats de type militaire font rage entre l'armée du Sri Lanka et les Tigres tamouls. Cependant, les débordements sont nombreux, si bien que les activités de terrorisme et de contre-terrorisme affectent gravement des civils de part et d'autre.

Il semble que les séparatistes aient d'abord été tolérés et même encouragés par les services secrets indiens, alors que New Delhi tente d'imposer sa médiation entre les TLET et le régime en place au Sri Lanka. L'Inde intervient officiellement en 1987 alors que le Premier ministre indien Rajiv Gandhi et le président Jayawardene signent un accord selon lequel l'Inde garantirait l'intégrité territoriale du Sri Lanka en mettant fin aux activités des rebelles. En échange, des concessions importantes devaient être faites à la minorité tamoule en matière politique, économique et culturelle. L'envoi rapide d'un corps expéditionnaire indien ne permet pas de désarmer les Tigres tamouls, si bien que l'armée indienne doit affronter directement les TLET en octobre 1987. L'Inde perd du même coup tout son prestige initial auprès des Tamouls. 50 000 hommes de l'armée indienne finissent par occuper le territoire tamoul en sol sri lankais en 1988.

Plutôt que de résoudre la crise, cette situation contribue à l'étendre à l'ensemble du pays. En effet, plusieurs cinghalais critiquent le gouvernement de faire ainsi appel à une puissance étrangère pour régler un conflit interne, ce qui peut démontrer la faiblesse de l'État sri-lankais. D'autres critiquent les atteintes à la démocratie ayant cours dans le nord du pays. Finalement, des cinghalais ultra-nationalistes regroupés au sein des Janata Vimukthi Peramuna (J.V.P.) s'insurgent contre le pouvoir en place et la tournure que prend le conflit séparatiste dans le nord du pays. Afin de mater ce début d'insurrection au sein même de la majorité cinghalaise, le président Premadasa, fraîchement élu, lance une contre-terreur à l'aide d'escadrons de la mort qui frappent jusqu'aux défenseurs des droits de l'homme, sans épargner les intellectuels et la jeunesse. En deux années de violence dans le sud du pays, on dénombre plusieurs dizaines de milliers de victimes cinghalaises, ce qui serait plus élevé que le nombre de victimes qu'avait fait directement le conflit séparatiste tamoul jusqu'à ce moment.

Pendant ce temps, les Tigres tamouls combattent pendant deux ans les troupes indiennes qui occupent leur territoire tant convoité. Ces dernières se retirent en 1990, permettant ainsi aux TLET de reprendre les hostilités contre l'armée du Sri Lanka. Le 1 er mai 1993, alors qu'il est accusé de corruption et d'avoir institutionnalisé le règne de la violence, le président sri lankais Premadasa est assassiné. L'attentat est attribué au TLET et l'ensemble de la situation démontre l'inefficacité du régime présidentiel autoritaire de 1978. Cet état de guerre civile se poursuit pendant plusieurs années, alors que le gouvernement interdit les Tigres tamouls en janvier 1998 après un attentat suicide à Kandy, un lieu saint du bouddhisme.

Au mois d'août de l'an 2000, le gouvernement présente un projet de Constitution qui ferait du Sri Lanka un État fédéral accordant beaucoup de pouvoirs à l'éventuelle juridiction tamoule. Cette tentative est certes le geste le plus conciliant que la majorité cinghalaise offre aux TLET depuis de nombreuses années. Ces derniers rejettent néanmoins la proposition et continuent de réclamer l'indépendance pure et simple du territoire qu'ils convoitent, prolongeant du même coup la guerre.

En 2002, sous l'égide de la Norvège, la fin de la lutte armée est négociée entre les deux parties. À cette occasion, les Tigres tamouls affirment vouloir continuer de militer pour les droits de la minorité qu'ils représentent, mais en utilisant plutôt la voie diplomatique. Il était cependant prévisible qu'après environ 19 ans de lutte armée intense, les relations demeurent tendues de part et d'autre. C'est ce que confirme le Rapport public 2003 du Service Canadien du Renseignement de Sécurité (SCRS), qui décrit la situation comme pouvant dégénérer en tout temps.

Ainsi, en juillet 2004, un attentat suicide à la bombe attribué aux TLET a eu lieu dans un poste de police à Colombo, tuant quatre policiers et blessant 11 autres officiers (Lawrence, 2004). Cette attaque a contribué grandement à fragiliser davantage le processus de paix. Autre exemple, suite au tsunami du 26 décembre 2004 qui a fait au moins 30 000 morts et un demi-million de réfugiés au Sri Lanka, de nombreuses organisations tamoules se sont plaintes du fait que l'aide aurait d'abord été acheminée dans les régions cinghalaises, alors que des individus craignent que les dons destinés à venir en aide aux Tamouls du Sri Lanka ne soit détournés pour financer les activités militaires des TLET (Gruda, 2005).

Il faut dire qu'il s'agit du troisième accord de cessez-le-feu qui est signé entre le gouvernement du Sri Lanka et les TLET. Lors des deux premières occasions, Thompson (2002) déplore que les Tigres tamouls aient profité de la situation pour se réarmer et pour préparer des offensives majeures. Il devient alors difficile de croire en la bonne foi des dirigeants de cette organisation.

Selon les statistiques du gouvernement sri-lankais, environ 20000 rebelles tamouls auraient été tués entre 1985 et l'an 2000, les TLET affirmant que ce chiffre tourne plutôt autour de 16000 (Sri Lanka, 2005). Il est également mentionné que le conflit au Sri Lanka aurait fait, au total, environ 60000 morts depuis 1983 (Gruda, 2005).

 
     
 

Chronologie 2006-2008 (Fernanda Prates)

Source

29 juin 2006 : La Norvège, médiatrice dans le conflit au Sri Lanka, organise une réunion de crise à Oslo pour tenter de sauver un cessez-le-feu conclu entre le gouvernement et les rebelles tamouls en 2002. Les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) demandent le retrait de la Mission de contrôle du cessez-le-feu au Sri Lanka (SLMM) de l’UE.

27 juin 2006 : Attentat suicide qui a coûté la vie au numéro trois de l’armée, le général Parami Kulatunga. L’armée a décidé de réactiver toutes les mesures en vigueur avant l’accord de cessez-le-feu conclu en février 2002.

3 juillet 2006 : Les séparatistes tamouls donnent jusqu’au 1er septembre aux observateurs de l’UE pour qu’ils quittent la mission de surveillance du cessez-le-feu (SLMM).

28 juillet 2006 : La Finlande rappelle, pour « raisons de sécurité », ses observateurs civils au Sri Lanka avant la fin de l’ultimatum des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE). La Finlande est le premier pays de la Mission de contrôle du cessez-le-feu au Sri Lanka (SLMM) à annoncer son départ, quatre ans après sa mise en place suite à la trêve conclue en 2002 entre rebelles et gouvernement.

29 juillet 2006 : Le Danemark retire ses observateurs civils du Sri Lanka pour des « raisons de sécurité », à la suite de l’ultimatum des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE).

1er août 2006 : La Suède annonce le retrait prochain de ses observateurs de la Mission de contrôle du cessez-le-feu au Sri Lanka (SLMM).

21 août 2006 :Les observateurs de la Mission de contrôle du cessez-le-feu au Sri Lanka (SLMM) décident de quitter les zones de combats dans le nord-est du pays pour se replier dans la capitale Colombo.

1er septembre 2006 : Le Sri Lanka est le théâtre depuis plus d’un mois des pires violences depuis la signature d’une trêve en février 2002 entre les LTTE et les autorités sri-lankaises.

12 septembre 2006 : Le médiateur norvégien, Erik Solheim, indique que le gouvernement du Sri Lanka et les rebelles des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) s’entendent pour « des discussions de paix sans condition » dans la première semaine d’octobre à Oslo en Norvège.

27 septembre 2006 : Le chef des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), Velupillai Prabhakaran, s’engage personnellement auprès du gouvernement sri-lankais pour négocier la paix et mettre un terme à 30 ans de guerre civile. La Norvège, pays médiateur dans le conflit, tente d’organiser une rencontre entre les deux parties en octobre à Oslo.

5 octobre 2006 : Le gouvernement sri-lankais accepte de mener des dialogues avec les rebelles tamouls du 28 au 30 octobre à Genève.

16 octobre 2006 : Au moins 102 soldats sri-lankais sont tués et plus de 150 autres blessés dans un attentat suicide perpétré par des rebelles tamouls présumés. Un camion bourré d’explosifs a sauté près d’une vingtaine de bus où étaient rassemblés des marins sri-lankais, dans le district de Trincomalee. Les rebelles des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) n’ont pas revendiqué l’attentat.

19 octobre 2006 : Le chef politique des rebelles des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) déclare que le groupe allait assister aux négociations de paix prévues en Suisse les 28 et 29 octobre, sous l’égide de la Norvège.

24 octobre 2006 : Des délégations du gouvernement sri-lankais et des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) se rendent à Genève en vue des négociations de paix prévues les 28 et 29 octobre

29 octobre 2006 : Les dialogues de paix entre le gouvernement du Sri Lanka et les tamouls échouent à Genève sans aucun accord sur les questions humanitaires ou sur une prochaine date pour des discussions.

7 novembre 2006 :
Le gouvernement initie une enquête sur des allégations d’abus des droits humains commis par l’armée et par les tamouls. L’enquête sera menée par un juge de la Cour suprême et supervisée par un comité de pays réunissant l’Australie, la Grande-Bretagne, le Canada, des pays de l’UE, le Japon, la Hollande et les Etats-Unis, et examinera 15 incidents depuis août 2005.

13 novembre 2006 : Pour la première fois, l’ONU accuse le gouvernement de recruter des enfants soldats.

16 novembre 2006 : Le président sri-lankais, Mahinda Rajapakse, invite les tamouls à reprendre les négociations de paix qui ont échoué fin octobre en Suisse et à poser les armes.

27 novembre 2006 : Le chef des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), Velupillai Prabhakaran, déclare que le cessez-le-feu conclu en 2002 avec le gouvernement sri-lankais était « caduc ».

29 novembre 2006 : Les États-Unis rejettent l’appel à un État tamoul indépendant lancé par le chef des rebelles tamouls.

1er décembre 2006 : Au moins deux soldats sri-lankais ont été tués par une explosion au passage de voitures transportant de hauts responsables du ministère de la Défense, dont le secrétaire du ministère de la Défense sri-lankais, frère cadet du président du Sri Lanka. Le gouvernement sri-lankais et l’ambassade des États-Unis au Sri Lanka attribuent cette attaque-suicide aux rebelles tamouls.

6 décembre 2006 : Le gouvernement annonce l’entrée en vigueur d’un ensemble de « mesures anti-terroristes ». Le cabinet autorise la réactivation de certaines dispositions prévues dans l’Acte de prévention du terrorisme et les Règles de sécurité publique qui donnent de larges pouvoirs aux forces de l’ordre. Les « mesures anti-terroristes » avaient été suspendues après l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu en 2002 négocié sous l’égide de la Norvège

9 décembre 2006
Les dialogues de paix, entre le gouvernement et les rebelles tamouls sri-lankais, parrainés par l’envoyé spécial norvégien, échouent alors que les parties n’ont fait aucune percée dans leurs négociations.

12 décembre 2006 : Les autorités militaires annoncent que de violents combats entre l’armée sri-lankaise et les rebelles des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) ont fait au moins 64 morts dimanche dans le district de Battacaloa, précisant que 24 soldats ont été tués et 69 autres blessés lors de ces affrontements et que 40 rebelles avaient également été tués.

16 janvier 2007 : Dans un rapport sur les enfants et le conflit armé au Sri Lanka, le Secrétaire général de l’ONU dénonce l’utilisation d’enfants comme soldats par les rebelles des Tigres tamouls, ainsi que l’accroissement du nombre d’enfants recrutés dans l’est du pays par la faction Karuna, un groupe dissident du mouvement indépendantiste.

19 janvier 2007
Le ministère de la défense a annoncé que l’armée sri-lankaise a pris le contrôle d’une zone des tamoules, la ville de Vakarai, dans le nord-est de l’île. Selon les autorités sri-lankaises, au moins 376 personnes ont été tuées lors des affrontements, dont 45 militaires et 331 rebelles tamouls. Des milliers de personnes ont fui cette zone. Le nord-est du Sri Lanka est le coeur de l’insurrection tamoule et le théâtre depuis plus d’un an de combats presque quotidiens.

26 janvier 2007 : Le gouvernement sri-lankais dément les accusations de l’ONU, de l’UE et de l’organisation Human Rights Watch (rapport HRW) selon lesquelles son armée serait complice du recrutement d’enfants soldats pour combattre la rébellion des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE).

30 janvier 2007 : Des représentants des États-Unis, du Japon, de l’UE et de la Norvège, ainsi que la Banque mondiale exigent un partage du pouvoir entre le gouvernement sri-lankais et les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), au risque de perdre des millions de dollars d’aide internationale. Le gouvernement réfuse de conditionner l’assistance étrangère à une reprise des dialogues de paix.

6 février 2007 : Pour la première fois, 58 pays se sont engagés à Paris sur un ensemble de mesures, les « principes de Paris », pour empêcher le recrutement des enfants soldats et « lutter contre l’impunité » de ceux qui utilisent des enfants dans les conflits.

27 février 2007 : Les ambassadeurs italien, allemand et américain au Sri Lanka sont blessés par des éclats d’obus, dans une attaque à l’artillerie perpétrée par les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) sur la base aérienne Batticaloa.

5 mars 2007 : L’ambassadeur norvégien M. Hans Brattskar rencontre le chef politique des Tigres Tamouls, SP Thamilselvan, à Killinochchi.

19 mars 2007 : Les affrontements entre l’armée et les rebelles se multiplient dans le Nord et l’est du Sri Lanka. L’armée sri-lankaise annonce avoir abattu six rebelles des Tigres de Libération de l’Eelam tamoul (LTTE) dans le secteur de Batticaloa.

26 mars 2007 : Les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) bombardent une base de l’armée sri-lankaise près de l’aéroport de Colombo, tuant trois soldats et en blessant 16 autres. Il s’agit de la première attaque aérienne des LTTE dans le conflit

24 avril 2007 : Les Tigres de libération de l’Eelam Tamoul (LTTE) lancent dans une deuxième attaque aérienne de leur histoire, contre la principale base de l’armée dans la péninsule de Jaffna. Un porte-parole des rebelles a indiqué que deux petits avions ont lancé une offensive sur le complexe militaire de Palaly, faisant six morts et six blessés.

26 avril 2007 : L’ambassade des États-Unis à Colombo annonce que le principal soutien financier des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) aux États-Unis, Karunakaran Kandasamy, a été arrêté à New York.

29 avril 2007 : Les rebelles des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) mènent deux attaques aériennes sur la capitale Colombo et sa banlieue. Il s’agit du troisième bombardement aérien perpétré par les tamouls depuis la fin mars.

8 juin 2007 : La Cour suprême du Sri Lanka ordonne la suspension immédiate des expulsions de centaines de Tamouls de la capitale Colombo dans le cadre d’une campagne de nettoyage de cellules terroristes présumées des séparatistes tamouls. Selon le ministère sri-lankais de la Défense, 376 personnes, dont 85 femmes, ont été renvoyées par bus dans leurs districts de Vavuniya et de Jaffna (nord), ainsi que de Batticaloa et de Trincomalee (est).

29 juin 2007 : Selon la commission présidentielle spéciale sur les disparitions, plus de 1300 civils ont été assassinés ou ont disparu en cinq mois au Sri Lanka. Quelque 430 assassinats, en majorité de Tamouls, ont été comptabilisés entre le 4 septembre 2006 et le 25 février 2007

11 juillet 2007 : L’armée sri-lankaise annonce avoir pris le contrôle du dernier bastion des Tigres de l’Eelam tamoul (LTTE) dans la région de Thoppigala, dans l’est du pays.

6 août 2007 : L’organisation Human Rights Watch (rapport) accuse le gouvernement sri-lankais d’avoir perpétré des abus dans le pays, notamment des meurtres et des disparitions au cours des 18 derniers mois. HRW affirme que la situation est devenue pire qu’avant la reprise du conflit avec les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE). Selon HRW, entre janvier 2006 et juin 2007, plus de 1000 cas d’enlèvements ont été rapportés au Sri Lanka.

2 septembre 2007 : L’armée sri-lankaise prendre le contrôle d’une des bases des rebelles des Tigres de libération de l’Eelam Tamoul (LTTE) dans la région de Mannar, dans le nord du pays. Les forces gouvernementales se sont emparées en juillet de la province orientale, prenant le contrôle de la région pour la première fois en 13 ans.

15 octobre 2007 : L’armée sri-lankaise annonce la mort d’une trentaine de rebelles des Tigres de libération de l’Eelam Tamoul (LTTE) lors de combats dans le district de Vavuniya et dans la péninsule de Jaffna, dans le nord du pays. Un soldat du gouvernement a été tué et sept autres blessés dans les affrontements. L’armée, qui a lancé une offensive au début de septembre dans le nord du pays, fait état de 137 rebelles et 10 soldats tués au cours des 12 derniers jours.

22 octobre 2007 : L’armée sri-lankaise annonce que les rebelles tamouls ont attaqué une base aérienne. L’attaque, effectuée par des forces terrestres et aériennes, est qualifiée par les rebelles comme leur opération la plus importante menée depuis 20 ans. Elle a fait plus de 30 morts et 20 blessés chez les militaires, ainsi qu’une vingtaine chez les tigres tamouls ; l’attaque a également détruit trois hélicoptères et quatre avions, incluant un avion-espion.

31 octobre 2007 : Le président du Sri Lanka, Mahinda Rajapakse, instaure des lois d’urgence qui imposent une censure sur les informations diffusées sur le conflit qui oppose le gouvernement aux Tigres tamouls. Le même type de censure avait déjà été mis en place entre 1998 et 2001.

7 novembre 2007 : De violents combats au nord du Sri Lanka, dans la péninsule de Jaffna, causent la mort 52 tamouls et de 11 soldats gouvernementaux, et en blessent 41 selon l’armée sri-lankaise.

8 novembre 2007 : Le président sri-lankais, Mahinda Rajapakse, présente le plus gros budget militaire jamais attribué par le pays. Le président demande une hausse de 20% des dépenses pour la défense nationale en raison de l’intensification des combats entre les forces gouvernementales et les LTTE. Les dépenses en défense s’élèveraient à environ 1,5 milliards de dollars US en 2008.

11 décembre 2007 : Le ministre des Affaires étrangères du Sri Lanka, Rohitha Bogollagama, déclare que son gouvernement n’entend pas signer une trêve avec les Tigres tamouls.

2 janvier 2008 : Le gouvernement sri-lankais se retire officiellement de l’accord de cessez-le-feu signé en 2002. L’accord n’était plus respecté depuis 2005, à l’arrivée du Président Mahinda Rajapakse.

9 janvier 2008 : L’armée sri-lankaise annonce que des troupes gouvernementales ont pris contrôle d’une zone rebelle dans la région de Parappakandal du district de Mannar.

10 janvier 2008 : Les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) affirment que malgré la décision du gouvernement sri-lankais à mettre fin au cessez-le-feu de 2002, « ils sont disposés à appliquer chaque terme de l’accord et le respecter à 100% ». Les LTTE réclament que la Norvège poursuive sa médiation, « avec le soutien de la communauté internationale »

11 janvier 2008 : Le porte-parole de la présidence sri-lankaise, Chandrapala Liyanage, annonce que le gouvernement rejette l’offre des LTTE à sauvegarder le cessez-le-feu de février 2002.

16 janvier 2008 : L’explosion d’une bombe dans un autobus fait 24 morts et 66 blessés. Cet attentat coïncide avec la fin du cessez-le-feu en vigueur depuis 2002 ente le gouvernement et Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE). La SLMM s’est vu dans l’obligation de quitter le pays et de conclure cette mission ayant durée près de six ans.

2 février 2008 : Une bombe explose à l’intérieur d’un autobus transportant des civils à Dambulla, au centre du Sri Lanka. L’explosion a fait au moins 18 morts et 51 blessés. L’armée sri-lankaise accuse les Tigres tamouls d’être responsables de l’attentat. L’autobus transportait une centaine de personnes vers la ville sainte d’Anuradhapura, surtout des femmes âgées. Le bilan initial faisait état de 20 morts.

4 février 2008 : Deux attentats tuent 14 personnes et en blessent 19 alors que le Sri Lanka célèbre ses 60 ans d’indépendance. Une bombe a explosé au passage d’un autobus, tuant 13 civils et en blessant 16 à Welioya, au nord-est de l’île. Une mine a également explosé à Buttala, au sud, tuant un soldat et en blessant trois.

10 février 2008 : L’armée sri-lankaise annonce que plusieurs combats au nord de l’île ont tué 46 personnes. Plusieurs affrontements à Mannar auraient tué 11 membres des LTTE et deux soldats, tandis que d’autres combats à Vavuniya auraient tué 19 séparatistes tamouls et trois soldats. L’armée mène une offensive dans la zone contrôlée par les LTTE.

22 février 2008 : Dans un rapport, le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) demande au Conseil de sécurité de l’ONU d’imposer des sanctions aux Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) pour l’enrôlement d’enfants-soldats. Le rapport accuse également le gouvernement sri-lankais d’ignorer le recrutement d’enfants par un allié d’une force paramilitaire.

4 mars 2008 : L’armée sri-lankaise annonce avoir pris le contrôle d’un km de terrain, d’un point de contrôle rebelle ainsi que de 1,5 km de route dans le district de Mannar

4 mars 2008 : L’OCHA (Office for the coordination of humanitarian affaires) annonce que le Plan d’action humanitaire conjoint pour le Sri Lanka en 2008 nécessitera 146,2 millions de dollars. Le projet est articulé autour de 11 secteurs clés, dont l’aide alimentaire, qui recevra un tiers du montant prévu pour l’année.

6 mars 2008 : Lors de la présentation d’un rapport, la directrice adjointe pour l’Asie de Human Rights Watch (HRW), Elaine Pearson, déclare que « le président (sri-lankais), Mahinda Rajapaksa, a permis à son gouvernement de devenir un des pires auteurs de disparitions forcés au monde ».

7 mars 2008 : Le ministère sri-lankais de la Défense annonce qu’au moins 61 Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) et cinq soldats de l’armée sri-lankaise ont été tués lors d’affrontements dans le nord du pays. Le ministère ajoute que l’armée s’est emparée de plusieurs positions détenues par les rebelles dans le district de Mannar, dans le nord-ouest du pays. Le président sri-lankais, Mahinda Rajapakse, avait promis au début de 2008 d’écraser les LTTE.

10 mars 2008 : Les premières élections locales en 14 ans ont lieu dans l’est du Sri Lanka, notamment à Batticaloa, contrôlée jusqu’à l’année dernière par les LTTE. Elles se déroulent sans violence, avec une participation d’au moins 45. À Colombo, une bombe fait un mort et six blessés. L’armée sri-lankaise annonce que des combats survenus hier dans le district de Wanni ont tué neuf soldats et 25 rebelles tamouls.

11 mars 2008 : Une faction dissidente des LTTE, le TMVP, remporte les élections locales tenues hier dans le district de Batticaloa, à l’est du Sri Lanka, avec plus de 70% des votes. Le principal parti d’opposition, l’UNP, et le parti appuyé par les LTTE, le TNA, ont boycotté les élections. Le TMVP est un mouvement armé accusé de recruter des enfants-soldats.

21 mars 2008 : Un porte-parole de l’armée sri-lankaise, le brigadier Udaya Nanyakkara, annonce que des milliers de policiers commandos d’élite (STF) seront redéployés dans le nord du pays pour aider à combattre les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE)

6 avril 2008 : La police sri-lankaise annonce que le ministre des Transports routiers, Jeyaraj Fernandopulle, ainsi que 11 autres personnes ont été tuées par l’explosion d’une bombe à Weliveriya près de Colombo.

12 mai 2008 : La commission électorale sri-lankaise annonce que le TMVP ont remporté les élections tenues hier dans l’est du Sri Lanka. Le TMVP y a obtenu 52% des voix. Le secrétaire général du Parti national uni (UNP), Tissa Attanayake, dont le parti a obtenu 42% des voix, a annoncé qu’il rejetait ces résultats. Selon des observateurs indépendants, il y a eu fraude, actes d’intimidation et violences lors du scrutin.

2 juin 2008 : L’armée sri-lankaise annonce que des combats survenus dans les régions de Jaffna, Vavuniya, Mannar et Welioya ont tué 17 Tigres tamouls et un soldat gouvernemental. Le gouvernement a déjà déclaré qu’il souhaite éliminer les LTTE d’ici 2009.

4 juin 2008 : L’explosion d’une bombe posée près d’un train de passagers blesse 17 personnes dans une gare du quartier de Wellawat, à Colombo. Un porte-parole de l’armée sri-lankaise, Udaya Nanayakkara, accuse les LTTE d’être responsables de l’attentat. Le gouvernement sri-lankais a augmenté la sécurité dans les trains de passagers suite à l’évènement, notamment en inspectant l’ensemble des colis et en déployant des soldats armés à l’intérieur des gares.

6 juin 2008 : Deux attentats visent des autobus transportant des civils au Sri Lanka. Le premier tue 21 personnes et en blesse 47 à Colombo tandis que le second tue deux personnes et en blesse 20 dans près de Kandy, au centre du Sri Lanka.

11 juin 2008 : Le groupe de travail du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme sur les disparitions forcées ou involontaires s’inquiète des disparitions au Sri Lanka. Outre les disparitions non-déclarées, il y en a eu 22 depuis deux mois, dont 18 durant le mois de mai. Celles-ci visent notamment les femmes et les travailleurs humanitaires. Le groupe de travail critique le manque d’effort du gouvernement sri-lankais pour contrer ces disparitions malgré son discours officiel.

16 juin 2008 : Le gouvernement du Canada inscrit l’Association mondiale tamoule (AMT) à la liste des entités terroristes, en vertu du Code criminel du Canada. Cette inscription est entrée en vigueur le 13 juin 2008.

7 juillet 2008 : L’armée sri-lankaise annonce avoir tué 69 Tigres tamouls et avoir perdu cinq soldats depuis vendredi dans des combats à Jaffna, Vavuniya, Mannar et Polonnaruwa. Ceux-ci en ont blessé respectivement 77 et 23. Elle a également capturé plusieurs bunkers rebelles. Environ 70 000 personnes sont mortes depuis le début de la guerre civile en 1983

16 juillet 2008 : L’armée sri-lankaise capture la ville de Vidattaltivu, où est située la principale base maritime des Tigres tamouls ainsi que leur centre logistique pour l’ouest du pays. C’est la première fois que le gouvernement contrôle la ville depuis le départ des forces indiennes en 1990.

22 juillet 2008 : Les LTTE observeront une trêve de dix jours à partir du 26 juillet étant donné la tenue d’une conférence de l’Association sud-asiatique pour la coopération régionale (ASACR) à Colombo. Le gouvernement sri-lankais refuse une telle mesure.

23 juillet 2008 : L’armée sri-lankaise annonce que des combats survenus dans les districts de Jaffna, Vavuniya et Welioya ont tué 29 membres des LTTE et trois soldats, en blessant respectivement 58 et 12. Le gouvernement sri-lankais, qui a rejeté l’offre de cessez-le-feu proposée par les Tigres tamouls, mène des combats quotidiens au nord de l’île contre le mouvement séparatiste et a capturé la semaine dernière la ville stratégique de Vidattaltivu, située au nord-ouest.

 
     
 

III. Liens additionnels

Les quelques hyperliens qui suivent font état de la chronologie des événements au Sri Lanka, en anglais.

a) Pour une chronologie des événements importants concernant le conflit séparatiste au Sri Lanka : http://www.guardian.co.uk/international/story/0,3604,681879,00.html

b) Pour une chronologie détaillée, spécialement entre 1990 et 1999 inclusivement : http://www.cidcm.umd.edu/inscr/mar/data/sritamilchro.htm

c) Pour une chronologie remontant à la conquête portugaise (1505) et se terminant en 2000. L'emphase est mis sur la période suivant l'indépendance du Ceylan (depuis 1948) : http://www.tamilnation.org/tamileelam/chronology.htm

d) Pour une chronologie détaillée de l'histoire de l'île de Ceylan jusqu'au tsunami du 26 décembre 2004 : http://www.sangam.org/articles/view2/?uid=921

 
     
 
 
 
 
   
 
2002-2014, ERTA