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Mars
1998 : Voyage vers l'Afghanistan
Le 16
mars, Ressam dit au revoir à ses amis. Selon Berton et coll. (2002),
bien que les agents du SRCS, écoutaient leurs conversations et que
l'un des compagnons disait à Ressam de descendre du bus à Toronto,
cela n'éveilla pas leurs soupçons. Mais Ressam était,
pour ces derniers, un petit voleur sans grande envergure. Par ailleurs, du
fait de sa mission, le SCRS peut seulement identifier et surveiller les individus
suspects mais non les arrêter.
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17
mars 1998
Sous sa nouvelle identité, Ressam acheta un billet d'avion
sur la ligne Toronto-Francfort. À Francfort, avant de partir pour
le Pakistan, il rencontra un contact d'al-Quaïda. Il voyagea par la
route pour se rendre jusqu'à Peshawar, près de la frontière
afghane, et y rencontra Abou Zoubeida,
un des lieutenants proches de Ben Laden qui était en charge de ces
camps d'entraînement. Hannachi avait donné à Ressam un
mot pour Zoubeida.
Selon le témoignage de Ressam au sujet
de Zoubeida :
« He is the person in charge of the camps. He receives young
men from all countries. He accepts you or rejects you. And he takes care
of the expenses of the camps. He makes arrangements for you when travel
coming in or leaving. »
Zoubeida donna à Ressam des vêtements
afghans et lui demanda de se laisser pousser la barbe afin de pouvoir se mêler
aux afghans. Pendant 3 semaines, Ressam demeura à Peshawar, avec d'autres
recrues, à prier et à étudier le Coran. Ensuite, Abou Zoubeida
organisa son transfert en Afghanistan. Il remit à Ressam une lettre en
afghan et le fit accompagner par un Afghan. Ils se rendirent en voiture jusqu'à la
frontière afghane et, à l'aube, Ressam traversa la montagne avec
d'autres afghans (témoignage de Ressam). |
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Avril 1998 : Entraînement au camp Khalden, en Afghanistan
Ressam est introduit, en avril 1998, dans le camp de Khalden. Il y suit une formation intensive pour se familiariser avec les méthodes de la guérilla urbaine et le maniement des armes, incluant des lance-grenades et des explosifs, l'utilisation gaz toxiques, et les techniques de sabotage.
Selon les déclarations de Ressam, c'est pendant cette période qu'il commença à planifier une attaque contre des cibles américaines en 1999. Il a aussi décrit au tribunal comment on lui avait appris à empoisonner des cibles. Des expériences sont faites également sur des chiens.
Extrait de son témoignage lors du procès de Mokhtar Haouari (USA v. Mokhtar Haouari, témoignage d'Amhed Ressam, www.findlaw.com et El Watan, 19 décembre 2001, Djemila Benhabib) :
Q : Combien de temps avez-vous passé dans ce camp ?
R : De cinq à six mois.
Q : Combien de personnes s'y trouvaient ?
R : Le nombre variait entre 50 et 100, redescendait à 70.
Q : Qui était le leader de ce groupe ?
R : Le grand chef était le Sheik Ben mais la personne chargée du camp était Farouk.
Q : Comment le camp était-il organisé ?
R : Il y avait des gens de toutes les nationalités qui s'entraînaient là. Les gens qui auraient à travailler ensemble par la suite se tenaient les uns avec les autres. Chaque groupe était formé selon le pays d'origine.
Q : Pouvez-vous nommer les nationalités qui étaient représentées au camp ?
R : Oui. Il y avait des Jordaniens, des Algériens, des gens du Yemen, d'Arabie Saoudite, de Suède, d'Allemagne aussi, des Français également, des Turcs et des Tchétchènes.
Q : À quel groupe apparteniez-vous ?
R : Au groupe des Algériens.
Q : Pendant ces 5 à 6 mois, dans ce camp, avez-vous reçu un entraînement ?
R : Oui, j'ai reçu un entraînement.
Q : Quel type d'entraînement ?
R : J'ai reçu un entraînement avec des armes légères, des armes de poing, de petites mitraillettes et une RPG.
Q : Expliquez ce qu'est une RPG.
R : C'est un petit lanceur de roquettes qui est utilisé dans le combat dans les montagnes et dans les cités contre les tanks.
Q : Qui fournissait les armes et les munitions que vous utilisiez dans le camp ?
R : Ils étaient achetés aux Taliban.
Q : Qui sont les Taliban ?
R : Ceux sont qui règnent en Afghanistan actuellement.
Q : Quand avez-vous reçu ces armes légères pour votre entraînement ?
R : La première fois que je les ai rejoint, oui.
Q : Pendant combien de temps ?
R : Un mois environ, je me souviens.
Q : Et quel a été le type d'entraînement suivant que vous avez reçu ?
R : J'ai été entraîné à utiliser des explosifs.
Q : A quel types d'explosifs avez vous été entraîné ?
R : On m'a appris comment fabriquer des bombes avec différents types d'explosifs, comme le TNT ou le C4.
Q : Qu'est que le C4 ?
R : C'est du plastic explosif, et il y en avait un autre appelé plastic noir.
Q : Avez-vous fait utilisé ces explosifs ?
R : Oui, nous les avons utilisés; nous les avons fait exploser.
Q : Quels types d'entraînement avez-vous fait, les applications de cet entraînement ?
R : Un entraînement portait sur les types d'explosifs et un autre était appelé sabotage.
Q : Qu'est-ce qu'on vous enseignait concernant le sabotage ?
R : On nous enseignait comment attaquer les infrastructures d'un pays.
Q : On vous entraînait à viser quelles cibles ?
R : Les installations de l'ennemi, les installations spéciales et militaires, comme les centrales électriques, les centrales au gaz, les aéroports les chemins de fer, les grandes compagnies et les installations militaires aussi.
Q : Qu'en était-il des cibles gouvernementales ?
R : On nous disait de viser les hôtels où se tiennent les conférences.
Q : Combien de duraient les entraînement pour les explosifs et l'entraînement au sabotage ?
R : Je ne m'en souviens pas avec précision, mais c'était un peu plus d'un mois, un mois et quelques jours.
Q : Avez-vous reçu un autre entraînement ?
R : J'ai aussi reçu un entraînement pour la guérilla urbaine.
Q : En quoi cela consistait-il ?
R : Nous avons appris comment mener des opérations dans les villes, comment bloquer des routes et attaquer des édifices. On nous enseignait diverses stratégies.
Ils
apprirent aussi comment opérer pour assassiner une personne
et exercer une surveillance pour ensuite déposer des explosifs
(témoignage de Ressam, p. 551).
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Sur les cellules algériennes du camp Khalden :
Q : Combien y avait-il de personnes dans le groupe algérien ?
R : Trente ou plus ; je ne me souviens pas avec précision.
Q : Qui était le leader du groupe algérien ?
R : Le grand responsable était Al Montaz . D'autres travaillaient avec lui : Abou Doha et Abou Jaffar .
Q : Comment étaient organisés les gens dans le groupe algérien ?
R : Ils formaient un grand groupe divisé en cellules. Chaque cellule était responsable d'une zone particulière, par exemple l'Europe. Chaque cellule avait son émir. Ces cellules devaient rester en contact avec Abou Jaffar au Pakistan et avec Abou Doha en Europe.
Les membres des cellules n'utilisaient pas leurs vrais noms mais des alias. Celui de Ressam était Nabil. Avec Fodail, et les dénommés Abou Ahmed, Hakim et Karim, ils formaient une cellule de cinq membres. Fodail était le leader de la cellule algérienne en Europe (témoignage de Ressam).
Il fut aussi demandé à Ressam des renseignements concernant les projets menés au sein de ces cellules :
Q : Discutiez-vous dans votre cellule d'un attentat terroriste ?
R : Nous devions nous rencontrer au Canada et y braquer des banques, puis ramasser de l'argent pour faire une opération en Amérique.
Q : Quand vouliez-vous faire cet attentat en Amérique ?
R : On voulait le faire avant la fin de 1999.
Q : Avez-vous parlé du type de cible que vous alliez viser aux États-Unis ?
R : Nos discussions portaient sur un aéroport, un consulat, c'est ce dont je me souviens.
Q : Étiez-vous au courant des projets faits par d'autres groupes dans le camp ?
R : Oui. Il était question de faire des attentats en Europe, dans le Golfe (persique), contre les États-Unis et Israël.
Q : Quand ?
R : Avant l'an 2000.
Après la fin de son entraînement au camp de Khalden, en septembre 1998, Ressam fut envoyé dans un autre camp, situé à l'extérieur de Jalalabad, dans un lieu appelé Toronta (témoignage de Ressam). Il y resta environ un mois et demi. Le leader du camp était un algérien du nom de Abu Suleiman. Ressam étudia et suivit notamment un cours sur les explosifs.
Avant de retourner au Canada, Ressam rencontra Abou Zoubeida. Extrait de son témoignage :
Q : Est-ce que vous avez discuté avec lui, lorsque vous l'avez rencontré, de votre retour au Canada ?
R : Oui. Il m'a demandé de lui envoyer des passeports, des passeports originaux (authentiques) qu'il donnerait à d'autres, à d'autres gens qui devaient faire des opérations aux États-Unis.
Q : Quel type de passeports recherchait-il ?
R : Des passeports canadiens, mais authentiques.
Q : Est-ce que vous pouvez nous donner les noms des gens pour qu'il y recherchait ces passeports ?
R : Il m'a donné certains des noms.
Ressam
fournit ces noms lorsqu'il accepta de coopérer avec les autorités
américaines. Il échoua cependant à envoyer ces
passeports à Abou Zoubeida. |
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