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L'affaire Ahmed Ressam : parcours d'un terroriste |
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Retour au Canada |
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Février
1999 : Retour
au Canada
Ressam
repartit seul pour Montréal avec en sa possession les 12 000$
reçus d'Al Montaz, destinés principalement à louer
une maison et à acheter des armes. De février au début
du mois de décembre 1999, Ressam vécut à Montréal.
Il fit quelques voyages à Vancouver pendant cette période.
Ressam affirma avoir aussi emporté avec lui des produits chimiques
pour fabriquer des explosifs.
Le
7 février 1999, Ressam partit du Pakistan, à destination
de Vancouver, sur un vol de Asiana Airlines, via l'aéroport
de Los Angeles. Ce fut cet arrêt à l'aéroport
de Los Angeles (LAX) qui fournit à Ressam l'inspiration pour
l'attentat à la bombe qu'il projetait. Il pensa qu'il pouvait
placer une bombe, cachée dans une valise, dans la zone d'attente
des passagers. Après avoir fait des repérages et calculer
le temps qu'il fallait aux gardes de sécurité pour
vérifier les bagages abandonnés, il prit un vol pour
Vancouver. Là, il retrouva Abdelmajid
Dahoumane. Il revînt ensuite sur Montréal
(témoignage de Ressam).
De
retour à Montréal, toujours sous le nom de Benni Noris,
Ressam loua un appartement sur l'Avenue Sherbrooke et obtînt
un permis de conduire.
Les
agents du SRCS savaient qu'il était parti pour l'Afghanistan
mais ils ignoraient tout d'Antoine Benni Norris et du retour de celui-ci
au Canada. Selon
le rapport
annuel du SCRS,
« En février 1999, son retour
au Canada à la faveur de ce passeport a échappé aux
autorités canadiennes. Quelque temps après, le Service
a reçu une information non corroborée selon laquelle
Ressam était revenu au Canada. Il a toutefois ignoré les
allées et venues et les activités de l'intéressé jusqu'à son
arrestation par les autorités américaines, le 14 décembre
1999 ».
Et
de conclure :
« Après
avoir examiné l'ensemble des documents pertinents, le Comité a
conclu que le Service n'avait en main aucune information précise
présageant les attentats terroristes ourdis par Ressam. À son
avis, les mesures prises par le SCRS pour repérer Ressam en
1999 étaient adéquates, compte tenu de l'information
qu'il possédait alors. Le CSARS n'a trouvé aucun élément
prouvant que c'est un manque de vigilance de la part du Service qui
aurait permis à Ressam d'échapper à la surveillance
après son retour en 1999 ».
Chantal
Lapalme, du SCRS, a déclaré à la presse : « Le
rôle de notre service, c'est d'informer le gouvernement sur la
menace à la sécurité du Canada. On avise Immigration
Canada, la GRC et les autres corps policiers. Après, c'est à eux
de prendre des actions » (La
Presse,
14 Septembre 2001).
Ressam
commença à réunir une équipe pour l'aider
dans son projet d'attentat mais un certain nombre de ses complices
ou connaissances ne purent le rejoindre et/ou furent arrêtés. Il
fut le premier de sa cellule à être revenu au Canada.
Il devait y être rejoint par les autres membres mais ils furent
presque tous arrêtés avant. Mustapha
Labsi fut arrêté à Londres par les
services d'immigration, tout comme Abou
Doha. Lors d'un change tlphonique, ils apprirent
Ressam qu'ils avaient prfr changer leurs plans. Ils estimaient qu'il
valait mieux pour eux, en l'tat actuel des choses, ne pas voyager et aller au Canada. Puis c'est
au tour de Fodail d'être arrêté en
Europe avant d'avoir pu regagner le Canada. En dépit de ces
contre-temps, Ressam décida de continuer seul l'opération
(témoignage de Ressam).
Par
ailleurs, entre temps, Said
Atmani avait été arrêté, fin
octobre 1998, à Niagara Falls, en possession de cartes de crédit
volées. Il fut expulsé dans un premier temps vers la
Bosnie puis, de là, vers la France pour y être jugé en
raison de ses liens avec le Groupe de Roubaix. |
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Avril
1999
Le
juge français Jean-Louis Bruguière adressa, le 7 avril
1999, une lettre officielle aux autorités canadiennes de la
justice leur demandant d'exécuter un mandat de recherche à Montréal
contre plusieurs terroristes algériens, incluant Ressam, qui
y était spécifiquement nommé. Le texte décrivait
très précisément leur formation, leur parcours
jusqu'en Afghanistan et leurs voyages. Sa demande prit six mois
avant d'aboutir. Selon
Berton et coll. (2002 : chap. 9), « Bruguière
was furious at the Canadians. He attributed their lack of urgency
to a selfish sense of security, their belief that nation's benign
role in foreign affairs would immunize them against them so kindly. »
C'est à ce
moment que le juge Bruguière reçut un renseignement
important. Fateh Kamel se
trouvait en Arabie Saoudite pour y rencontrer d'autres membres d'al-Qaïda.
Il devait ensuite se rendre en Europe. Le magistrat fit arrêter
Kamel lors de son passage à la frontière
saoudienne et il se rendit lui-même en Jordanie, où était
détenu Fateh Kamel, pour l'interroger. Celui-ci
livra notamment un certain nombre d'informations fort importantes
sur les réseaux implantés en Jordanie (voir Opérations
du Millénaire). |
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Été 1999
Revenu à Montréal,
Ressam avait aussi besoin d'une carte de crédit. Il prit contact
avec Mokhtar Haouari par
l'intermédiaire de Samir
Ait Mohamed qui lui indiqua où celui-ci travaillait.
Ressam demanda à Mokhtar
Haouari s'il pouvait utiliser le nom de son magasin,
Artisanat Nord-Sud (qu'il avait racheté à Fateh Kamel)
et prétendre
qu'il y travaillait pour obtenir un carte Visa au nom de Benny Noris.
Haouari accepta et fit la demande pour Ressam. Lors de ses rencontres
avec Mokhtar Haouari,
Ressam lui parla (en octobre, début novembre 1999) de son expérience
dans les camps d'entraînement en Afghanistan (témoignage
de Ressam). |
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Fin
de l'été 1999 - Automne 1999
Selon
son témoignage, Ressam commença à travailler
sur les détails de son plan d'attentat à la bombe contre
l'aéroport de Los Angeles à la fin de l'été 1999.
Les gens qui le rencontrèrent après son retour d'Afghanistan
indiquèrent qu'il avait changé et qu'il paraissait
plus sr de lui. À l'automne, il avait construit le minutage
de l'engin et réuni les ingrédients chimiques.
Ressam,
qui avait un doute sur le montage de son engin, demanda son avis à Mourad
Iklef, un des habitués de la rue Malicorne, impliqué dans
un attentat à l'aéroport d'Alger qui avait fait 11
morts et plus de 100 blessés, et celui-ci accepta de l'aider
(Berton et coll., 2002 : 10). Pendant cette période,
Ressam renoua aussi une importante relation avec Mokhtar Haouari. |
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Octobre
1999
Les
autorités canadiennes décidèrent finalement
de procéder à la perquisition, demandée par
le juge Bruguière six mois plus tôt, dans l'appartement
de Montréal où Ressam et ses compagnons avaient vécu.
Mais Ressam n'y était plus. L'appartement fut fouillé et
on y découvrit un petit agenda qui fut envoyé à Bruguière. L'agenda
saisi à Montréal mettait en vidence les contacts de Ressam avec
le réseau al-Qaïda. Il contenait aussi une liste des
composants achetés pour fabriquer la bombe, ainsi qu'une empreinte
digitale de Ressam relevée sur une des pages. Bruiguière
transmettra l'agenda à Washington lorsqu'il apprendra l'arrestation
de Ressam. |
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Novembre
1999
Mokhtar
Haouari dit à Ressam qu'il pouvait le mettre en contact avec
un ami, Meskini,
qui habitait à New York, pour qu'il l'aide lorsqu'il serait
aux États-Unis. Ressam, devenu prudent depuis son retour des
camps d'entraînement, demanda à Haouari si son ami (outre
le fait de savoir s'il parlait bien anglais) fréquentait les
mosquées ou s'il était connu dans la communauté islamique
où il résidait. Toujours par souci de sécurité,
il ne dit pas avec précision à Mokhtar
Haouari ce
qu'il comptait faire aux États-Unis à l'exception du
fait qu'il s'agissait d'un « very important and dangerous
business » (témoignage
de Ressam). Mokhtar
Haouari lui
remit aussi 3 000$ canadiens.
Ressam promit de s'occuper de Meskini qui voulait suivre l'entranement
militaire des camps en Afghanistan. Il tlphona ensuite Abou Jaffar et
lui demanda deux visas, l'un pour Meskini et l'autre pour Dahoumane. Mais
Abou Jaffar lui rpondit qu'il ne les avait pas, mais qu'il pouvait les
demander Abou Doha, en Grande-Bretagne. Ce que fit Ressam. Il tlphona
Abou Doha et lui indiqua qu'il avait besoin de visas. Cependant, comme
Abou Doha n'avait pas le temps de les envoyer lui-mme Ressam, il lui
expliqua qu'il les transmettrait son ami Moustapha, qui s'occuperait de
les lui envoyer. Dahoumane les reut par courrier à son adresse.
Muni
des visas vierges, Ressam rencontra Haouari près
de la station de métro Saint Laurent, à Montréal,
et il lui remit les documents ainsi qu'une feuille de papier où figuraient
des instructions sur les formulaires à remplir. Haouari en profita
pour lui demander s'il ne pouvait pas avoir un autre visa, pour un de ses
cousins, qui voulait voyager avec un ami. Ressam lui dit qu'il n'y aurait
pas de problème et qu'il contacterait « son ami de Grande-Bretagne ».
Enfin,
Ressam demanda à Haouari un passeport algérien et un
permis de conduire. Il en avait besoin pour pouvoir quitter les États-Unis
après l'attentat qu'il projetait, et retourner en Algérie.
Son complice accepta et Ressam lui fournit une photographie et un
nom, celui de Mario Roig.
Ressam
téléphona aussi à Meskini,
qu'il n'avait jamais
vu, afin de mettre au point leur rendez-vous à Seattle, en décembre.
Il contacta également, en Afghanistan, Abou Jaffar,
qui pouvait avoir accès à Ben Laden, afin de lui demander
la bénédiction de ce dernier pour l'attentat qu'il projetait
de commettre. Il avait prévu de faire porter le crédit
de l'attentat contre l'aéroport de Los Angeles à Ben
Laden (Berton et coll., 2002 : chapitre 17). Il appela ensuite
Abou Doha et lui dit qu'il serait très content de rentrer en
Algérie et de revoir sa famille, après l'attentat
(voir Opérations
du Millénaire et USA v. Abou Doha, Southern District of New
York, 2001). |
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17
novembre 1999 : Départ de Ressam pour Vancouver
Ressam
s'envola de Montréal pour Vancouver en compagnie d'Abdelmajid
Dahoumane.
À Vancouver, les deux hommes louèrent une voiture et
une chambre dans un motel, 2400 Court Motel, et ils y installèrent
un grossier atelier pour fabriquer leur bombe. Ressam s'enregistra
au nom de Benni Norris et paya en liquide 994$ correspondant à deux
semaines de location.
Selon
le témoignage de Ressam, ni Dahoumane ni Meskini ne
connaissaient
la cible qu'il voulait viser.
Extraits :
Q.
Did you tell anyone in Canada what your target was ?
A. No, I did not.
Q. How about Dahoumane who you were mixing the chemicals with,
did you tell him you were going to LAX ?
A. No, not even Abdelghani knew.
Q. Abdelghani or ?
A. Abdelmajid did not know the target, the nature of the target,
neither did Abdelghani. ...
Q. Now, directing your attention to December 14, 1999, the day
of your arrest, you can you describe what you did at the start of that
day ?
A. Yes, I remember.
Q. Take us through that day. What did you do ?
A. We got up, Abdelmajid and I in the morning. We got all our
things out of the hotel. I rented a room for Abdelmajid in a different
hotel and I bought him a ticket to leave the next day.
Q. Leave to where ?
A. To Montreal.
Q. Why wasn't Dahoumane coming to the United States with you ?
A. Because Abdelghani was going to take care of that. That was
enough.
Q. After you made those flight arrangements for Dahoumane, what
did you do next ?
A. And then we went to Victoria.
Q. Now, what car were you using on that day ?
A. A rental car.
Q. And were the explosives material in the trunk at that time ?
A. Yes.
Q. When had you loaded them ?
A. In the evening, the prior evening.
Q. Now, you said you went to the ferry of Victoria ; correct ?
A. Yes, I took a ferry to -- from Vancouver to Victoria.
Q. And was the car with you ?
A. Yes, myself, the car and Abdelmajid.
Q. And when you arrived at Victoria, then what happened ?
A. We went and got a ticket to get on the ship from Victoria to
Port Angeles.
Q. And then what happened ?
A. And I made reservations at the hotel in Seattle and I bought
a ticket for Abdelmajid to return from Victoria to Vancouver.
Q. And then you got on the ferry with the car and went to Port
Angeles ; correct ?
A. Yes. |
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11
décembre 1999
Abdelghani
Meskini va à Seattle pour y rencontrer Ressam (Sageman, 2005 :192). |
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