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L'affaire Ahmed Ressam : parcours d'un terroriste |
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La France, puis le Canada |
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5 septembre 1992
Le matin
du 5 septembre 1992, Ahmed Ressam dit au revoir à son frère
Kamel et monta dans un bus pour gagner Alger. De là, il prit un ferry
pour se rendre en France, à Marseille, avec, en poche, un visa qui
expirait dans 30 jours.
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1992
- 1994
Ahmed
Ressam resta en France, clandestinement, de 1992 à 1994. Après
un mois passé à Marseille, il partit pour la Corse. Son visa était
alors expiré. Selon ses affirmations, il travailla au ramassage de
raisins et d'oranges et dans un complexe touristique. Il fut aussi mêlé à un
trafic de faux papiers (Sageman, 2005). Il parvînt à obtenir
un faux passeport français qui portait sa photo et était établi
au nom de Nasser Ressam (Bernton et coll., 2002 : chap. 4).
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8 novembre 1993
Le 8 novembre 1993, Ressam est arrêté à Ajaccio pour être en situation irrégulière. Il est cependant relâché dans l'attente de sa comparution, qui est fixée en mars 1994. La police française dispose cependant de ses empreintes. Le document sera transmis à la justice américaine après l'arrestation de Ressam en décembre 1999. Le juge français antiterroriste Bruguière témoignera au sujet de cette empreinte lors du procès de Ressam :
« - Et
cette empreinte relevée en Corse, le 8 novembre 1993, demande
l'accusation, est-ce bien celle de Ressam?
- Oui.
C'est même l'un des documents que je vous ai communiqués, répond
le juge.
- Mais la
Corse a-t-elle un lien avec la France ? poursuit, imperturbable, le
substitut du procureur.
Bruguière
est le seul à sourire.
- Jusqu'à nouvel
ordre, corrige-t-il, la Corse est un département français. » (Le
Figaro, 7 avril 2001 ; voir aussi le témoignage du juge
Bruguière au procès d'Ahmed Ressam USA
v. Ahmed Ressam, Aka Benni Norris,
United States District Court Western District of Washington (2001), case
CR 99-666-JCC, 2 avril 2001).
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Février 1994
Ahmed Ressam n'entend pas cependant retourner en Algérie et il décide donc de quitter la France avant sa date de comparution. Le 20 février 1994, il quitte la France pour le Canada, sur le vol d'Air Canada 871, muni d'un passeport français falsifié, au nom de Tahar Medjadi, né le 25 décembre 1970, en France.
À son arrivée à Montréal, Ressam est arrêté par l'immigration ; les agents ayant décelé qu'il s'agissait d'un faux passeport. Au moment même de son arrestation, Ressam fit une demande d'asile politique. Selon ses déclarations, il inventa alors une histoire. Il affirma qu'il avait été torturé en Algérie et qu'il avait été faussement accusé de trafic d'armes et d'activités terroristes. Les autorités canadiennes le gardèrent dans un premier temps dans un centre. Puis, sans vérification semble-t-il auprès de l'Algérie, de la France ou d'Interpol, les agents canadiens de l'immigration le relâchèrent. Sa demande fut fixée au 28 mars et on lui demanda de trouver un avocat.
La Ministre de l'Immigration, Élinor Caplan, indiqua plus tard que ce n'était pas un délit grave que de présenter un faux passeport pour entrer au Canada, beaucoup de réfugiés légitimes le faisant. Il fallait aux agents de l'immigration des preuves avant de pouvoir refouler un nouvel arrivant.
Extrait de la déclaration de Mme Caplan (séance du Parlement, 13 mars 2001) :
« En
fait, monsieur le Président, nos agents de première ligne
sont expérimentés. L'année dernière, 65
000 personnes ont été refoulées, dont environ
7 200 à cause de considérations d'ordre criminel.Quand
nous disposons de preuves, nos agents de première ligne peuvent refuser
l'entrée au Canada à ceux qui ne sont pas admissibles. C'est ainsi
que cela fonctionne. Il leur faut des preuves avant de pouvoir refouler ces personnes. »
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1994
Comme
il n'a pas d'emploi ni de revenus pour vivre, Ressam fait une demande pour
bénéficier du bien-être social (aide sociale), qui sera
acceptée. Il reçoit bientôt 550 $ par mois. Il trouve
aussi une chambre dans un YMCA de Montréal.
Ressam rencontre également un avocat de
l'immigration, Denis Burton, pour préparer le dossier de sa demande d'asile
politique. Mais Ressam ne se présenta pas le jour de l'audience. Contacté par
téléphone par Burton, Ressam lui répondit qu'il avait oublié la
date. Du fait de son absence, sa demande d'asile politique fut rejetée
et Ressam, arrêté. On prit également ses empreintes. Il fut
relâché cependant une seconde fois et on lui communiqua une nouvelle
date d'audience (Berton et coll., 2002).
Si en Algérie, Ressam fréquentait
rarement la mosquée, il n'en est pas de même à Montréal.
C'est pour lui un lieu où il peut rencontrer des compatriotes et faire
des connaissances et il se rend donc régulièrement à la
mosquée Sunnah Al Nabawiah (rue Hutchison). Celle-ci est très populaire
et, le vendredi soir, elle reçoit près de 5 000 fidèles,
pour la plupart issus de la communauté algérienne. Selon Sageman
(2005 : 187), « une part significative de cette communauté donne
dans la petite délinquance, comme le trafic de faux papiers, les fraudes à la
carte de crédit ou les larcins. La mosquée sert à écouler
et receler les marchandises dérobées. Les jeunes se retrouvent
dans les environs de la mosquée et de sa librairie, qui vend des livres
et des cassettes salafistes. »
Aux alentours de la mosquée sont vendues
des cassettes vidéo de recrutement vantant le djihad. L'une d'elle expliquait : « Venez
en Afghanistan. Venez participer au djihad. Si vous êtes de vrais croyants,
Allah s'attend à ce que vous fassiez pour lui un effort supplémentaire. » (Bell,
2004 : 198).
À la mosquée, Ressam fait la connaissance
de plusieurs immigrés dont certains ont intégré avec succès
la société canadienne comme Fateh
Kamel, Algérien lui aussi, marié à une canadienne,
et qui a pris la nationalité canadienne. Commerçant, très
affable, presque toute la communauté maghrébine de Montréal
semble le connaître. Kamel a suivi également un entraînement
militaire dans les camps d'Oussama ben Laden, en Afghanistan, ce qui l'a auréolé d'une
certaine notoriété auprès de ses compagnons. Il a aussi
combattu dans le bataillon des Moudjahidines en Bosnie.
Ressam fait également la connaissance de Mustapha
Labsi, âgé de 24 ans, qui est arrivé au Canada
le 30 avril 1994. Comme lui, Labsi a fait une demande de réfugié politique
en inventant une fausse histoire. Labsi et Ressam sont très vite devenus
amis et se ils mettent ensemble à commettre des délits. Ressam
a, en effet, conservé le goût des discothèques et des vêtements
coûteux (notamment des complets Armani), qui nécessitent de l'argent,
et, comme beaucoup de ses nouveaux amis, il se tourne vers le vol.
Fateh Kamel se montre vite intéressé par
les papiers que peut voler Ahmed Ressam et qui lui permettent de créer
de faux documents d'identité qui alimentent le réseau de faux papiers
dont s'occupe Kamel et qui couvre plusieurs pays et continents. En contre-partie,
Ressam est payé pour les documents (passeports, cartes de crédits,
etc.) qu'il vole.
Pendant la période de quatre ans où Ressam
vécut à Montréal, il a travaillé une seule semaine ;
il vendait des prospectus publicitaires. Le reste du temps, il vivait de l'aide
sociale et des vols. Selon ses déclarations, il volait des touristes.
Il se rendait dans des hôtels et repérait les valises. Lorsque les
touristes n'y prêtaient pas suffisamment attention, ils les dérobaient.
Il gardait l'argent et utilisait les cartes de crédit Visa. S'il y avait
des passeports, il les revendait et pour les traveler checks, il les conservait
ou les revendait aussi.
Ressam a estimé à 30 ou 40 fois le
nombre de fois où il a commis des vols pendant cette période. Le
plus souvent, il opérait avec d'autres personnes. Il fut arrêté 4
fois en 4 ans mais il ne fut jamais condamné à de la prison ferme.
Il fut condamné à payer des amendes allant de 100 à 500
dollars puis il fut mis à l'épreuve avant qu'on lui enjoigne de
quitter le Canada. Mais il ne se présenta pas à l'audience qui
devait se prononcer sur son expulsion.
Ressam
et Labsi furent arrêtés une première fois, pour vol, en août
1994 alors qu'ils tentaient de s'emparer du sac d'une vieille dame (Sageman,
2005). Ressam plaida coupable mais son avocat demanda au juge de lui accorder
un sursis de peine de façon à ce qu'il n'ait pas de casier judiciaire.
Il fit valoir auprès du juge qu'un casier empêcherait son client
d'obtenir son statut de réfugié. Le juge accepta la demande et
condamna Ressam à verser une amende à une oeuvre caritative. Labsi
et lui reprirent rapidement leurs vols après cette affaire.
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1995
Au début,
Ressam vécut seul. Puis, à partir de janvier 1995, il habita
avec son ami Mustafa Labsi dans un appartement loué par Adel
Boumezbeur qui y demeurait aussi. Said
Atmani, un Marocain appelé également Karim, les
y rejoint par la suite. L'appartement, très modeste, qu'ils louaient,
est situé Place de la Malicorne, à Anjou. Tous les quatre formaient
une petite bande, qui était chapeautée par Fateh Kamel. Celui-ci
récoltait les marchandises dérobées par les quatre hommes.
Said
Atmani avait fait la connaissance de Fateh Kamel à Zénica, en Bosnie,
alors qu'ils combattaient ensemble dans les rangs des moudjahidines. Il avait
suivi également un entraînement militaire dans les camps d'Afghanistan.
Après la signature des accords de Dayton, en novembre 1995, qui mit fin à la
guerre en Bosnie, Fateh Kamel lui demanda de venir au Canada. Il traversa alors
l'Atlantique comme passager clandestin et débarqua à Halifax en
septembre 1995 (Source : Le RAID : « L'intervention contre
les fanatiques de Roubaix »). Sur place, il devînt, selon diverses
sources, le bras droit de Fateh Kamel. Il vécut à Montréal
durant l'été 1996 avec Ressam avant de repartir pour la Bosnie
en 1998.
Extradé ultérieurement
de Bosnie (sa double nationalité lui fut retirée), Atmani fut envoyé en
France où il comparut, en compagnie de Zaïr
Choulah, devant le Tribunal correctionnel de Paris en raison de
ses liens avec le Groupe de Roubaix,
en France. Ils étaient poursuivis pour « participation à Roubaix,
au Canada, en Turquie, en Bosnie et en Belgique, en 1996, 1997 et 1998, à une
association de malfaiteurs à visées terroristes » et
pour « falsification de documents administratifs. »
L'appartement
de la rue Malicorne devînt le lieu de rendez-vous du groupe et de leurs
connaissances. On y voit notamment le frère d'Adel Boumezkeur, les frères
Iklef et Mokhtar Haouari,
qui a racheté la boutique de Fateh Kamel, Artisanat Nord-Sud. Ressam indiquera,
lors de son témoignage au procès de Mokhtar Haouari, qu'il lui était également
arrivé de lui revendre des papiers d'identité volés. Ils
y reçoivent aussi, en 1996, Laïfa
Khabou, également lié au Groupe de Roubaix, et qui
vient prendre possession de faux passeports pour des complices qu'il faut exfiltrer
d'autres pays. Un autre habitué fréquente les lieux, Abderraouf
Hannachi, un Tunisien devenu Canadien, qui fréquente régulièrement
la mosquée Assuna Annabawiyah et qui ne fait pas mystère de son
anti-occidentalisme ni de son attrait pour le djihad. Plus âgé que
les autres jeunes gens de l'appartement de la rue Malicorne, il leur parle du
djihad et de son expérience et comment il a entraîné des
jeunes hommes dans les camps de Ben Laden en Afghanistan. Il y avait appris le
maniement des armes à feu et leur enseignait qu'ils pouvaient eux aussi
aller s'entraîner en Afghanistan. Certains estiment qu'il agissait comme
une sorte d'agent recruteur pour les camps afghans.
Lorsqu'ils
ne volaient pas, Ressam et ses amis jouaient au soccer dans un parc, près
de leur immeuble, ou restaient dans leur appartement à boire du café et à fumer,
tout en pestant contre la société de consommation et contre l'Occident
en général.
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30
janvier 1995
Le 30
janvier 1995, Ressam entre au centre Eaton, à Montréal, avec
un ami vêtu d'un épais manteau rouge. Ils regardent d'une manière
superficielle les rayonnages et attirent l'attention d'un des employés,
qui appelle le détective du magasin, Philippe Tête. Celui-ci
se met à surveiller les deux hommes et les voit décrocher rapidement
d'un cintre un costume Armani que le complice de Ressam glisse sous son large
manteau rouge puis ils tentèrent de quitter le magasin. Des policiers,
alertés par le magasin, les arrêtent et découvrent le
costume qui avait été transféré dans le sac La
Baie que tient Ressam. Son complice est relâché et Ressam arrêté. À l'audience,
Ressam essaye de faire croire que le sac appartenait à son ami mais
le juge le condamne à une amende de 100 $ et à deux ans
de probation. Il lui enjoint aussi de quitter le Canada. Ressam fit appel
de la décision pour gagner du temps (Berton et coll., 2002). Après
son audience, Ressam reprit ses vols et ses réunions avec ses amis.
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Août
1995
Ressam
n'ayant pas obtempéré à l'ordre qui lui avait été enjoint
de quitter le pays, un mandat d'arrestation fut lancé contre lui.
Il est arrêté au mois d'août. Mais, dans l'attente de
son appel en Cour fédérale, les autorités acceptèrent
de le remettre en liberté et de laisser demeurer au Canada.
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9
février 1996
Le juge
Yvon Pinard, de la Cour fédérale, confirme le refus de la Commission
de lui délivrer le statut de réfugié. Mais Ressam n'est
pas pour autant expulsé du Canada. Le
Service de l'immigration avait déclaré, peu avant, un moratoire
sur les déportations en Algérie à cause de la violence
qui régnait dans pays et Ressam en bénéficia. Il devait
se soumettre cependant à certaines obligations comme de se présenter à un
rendez-vous avec un agent d'immigration mais il ne respecta pas ces obligations
(Bell, 2004 : 199).
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29
mars 1996
En France,
les policiers de l'unité d'élite, le RAID, donnent l'assaut à un
appartement qui est un des lieux de rendez-vous du Groupe de Roubaix, un
réseau de terroristes lié au djihad mondial qui opère
dans le Nord de la France. Il est composé de français convertis à l'islam,
comme Christophe Caze et Lionel
Dumont, qui ont combattu
en Bosnie dans un bataillon de Moudjahidines, et d'individus originaires
du Maghreb. Ils ont à leur actif de nombreux braquages et de plusieurs
tentatives d'attentat, ayant entraîné un mort et plusieurs
blessés. C'est en Bosnie, à Zénica, que Christophe
Caze avait fait la connaissance de Fateh Kamel.
L'assaut est violent et une fusillade éclate
entre les hommes du RAID et les occupants de l'appartement. Un incendie se déclare
dans l'appartement et la maison s'écroule sur les occupants. Les cadavres
de quatre membres du groupe sont découverts, calcinés, après
l'assaut. Les autres membres du gang, qui demeurent dans d'autres endroits de
la ville, s'enfuient. À la frontière belge, lors d'un contrôle
routier, les gendarmes belges arrêtent une voiture, une Peugeot 205, à l'intérieur
de laquelle se trouvent Christophe Caze, considéré comme le leader
du groupe, et un de ses complices, Omar
Zemmiri. Les passagers de la voiture ouvrent le feu sur les gendarmes
qui ripostent. Caze est tué et son complice s'enfuit mais il est rattrapé peu
de temps après (site internet Le RAID : « L'intervention
contre les fanatiques de Roubaix »).
De nombreuses armes, en partie des armes yougoslaves
et des armes anti-chars, sont découvertes lors de la fouille de la voiture.
Mais, surtout, un agenda électronique est retrouvé sur le cadavre
de Caze. Dans cet agenda figure un numéro de téléphone de
Montréal qui porte la mention « Fateh-Can ». Alertée,
la GRC découvre que ce numéro de téléphone est en
fait celui d'un certain Mohamed Omary. Celui-ci nie connaître
Christophe Caze mais comme il est très lié à Fateh Kamel,
la police conclut qu'on peut joindre celui-ci par son intermédiaire (site
internet Le RAID : « L'intervention contre les fanatiques de
Roubaix »).
Le
Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), alerté par
le juge d'instruction français Jean-Louis Bruguière qui est en
charge du dossier du Groupe de Roubaix, commence à s'intéresser à Ahmed
Ressam.
Au
départ cependant la réaction du SCRS a été plutôt
prudente : « At first, CSIS ignored the tip from Bruguière,
who was seen by some in intelligence circles as an alarmist. But after Italian
agents issued a similar warning, the Canadians began monitoring the Malicorne
apartment and snapping photographs of Ressam, Kamel and others » (
Berton et coll., 2002 : Chapitre 7).
L'appartement
de la rue Malicorne est alors mis sur écoute et le SCRS surveillera les
allées et venues d'Ahmed Ressam jusqu'à son départ pour
l'Afghanistan en mars 1998. Cependant, les agents du SCRS ne jugent pas les hommes
qui fréquentent les lieux très dangereux. Ils leur apparaissent
plutôt pathétiques dans leur mode de vie et leurs diatribes constantes
contre l'Occident, ses m�urs décadentes et sa quête effrénée
et futile de consommation. Ils les surnomment « bunch of guys ».
Pourtant, certains d'entre eux et de leurs connaissances connaissent les maquis
afghans et parlent ouvertement du djihad comme Abderraouf Hannachi.
Ses
contacts réguliers avec des gens qui avaient fréquenté les
camps afghans et prônaient le djihad commencèrent à sensibiliser
de plus en plus Ressam à cette cause.
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Octobre 1996
Ressam est arrêté une nouvelle fois, avec un de ses co-locataires, pour un vol à la tire sur un client de l'Holiday Inn du centre-ville, et condamné à payer une amende de 500 dollars. Il est placé en liberté surveillée.
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1996-1997
Ressam continue de commettre des vols pour obtenir de l'argent mais aussi pour fournir des papiers au réseau dirigé par Fateh Kamel. Entre 1996 et 1997 (Ressam ne se souvient pas des dates avec précision), il envoya aussi à Mokhtar Haouari des papiers d'identité avec des cartes de bancaires. Ressam fit la déclaration suivante lors du procès de Mokhtar Haouari ( USA v. Mokhtar Haouri, témoignage d'Amhed Ressam, www.findlaw.com et El Watan, 19 décembre 2001, Djemila Benhabib) :
Q : Est-ce que vous vous êtes engagé dans des activités de fraude pendant cette période de quatre ans ?
R : Je lui ai envoyé (à Mokthar Houari) des papiers d'identité avec des cartes de bancaires.
Q : À quelle date ?
R : En 1996 et 1997, je ne me souviens pas très précisément de cette période.
Q : Pouvez-vous expliquer au jury comment vous faisiez et quels types de papiers d'identité il s'agissait.
R : Un numéro de sécurité sociale, un permis de conduire, des cartes bancaires. Trois types de cartes.
Q : Comment faisiez-vous pour vous les procurer ?
R : Mon ami Mustafa les volait.
Q : Qu'avez vous reçu en retour pour avoir donné ces papiers d'identité à M. Haouari ?
R : J'ai reçu 60 $ de sa part.
Q : Étiez-vous engagé dans d'autres fraudes pendant cette période avec M. Haouari ?
R : Je lui ai envoyé � je me souviens de cette période � à la fin de 1997, je lui ai envoyé un passeport canadien qui avait ma photographie dessus � je l'avais utilisé moi même et je le lui ai envoyé.
Q : Pourquoi lui avoir donné ce passeport ?
R : Je voulais un meilleur passeport.
Q : Et qu'avez-vous reçu en échange ?
R : 110 $.
À l'été 1997, Abderraouf Hannachi est revenu du camp d'entraînement de Khalden, en Afghanistan. Ressam est de plus en plus intéressé par cet entraînement et il demande à Hannachi d'organiser pour lui un voyage vers l'Afghanistan.
Extrait des déclarations de Ressam au procès de Mokhtar Haouari (USA v. Mokhtar Haouri, témoignage d'Amhed Ressam, www.findlaw.com et El Watan, 19 décembre 2001, Djemila Benhabib) :
Q : Pouvez-vous expliquer au jury comment en êtes-vous venu à planifier un voyage en Afghanistan ?
R : Mes amis revenaient de là-bas et me parlaient de l'entraînement qu'ils avaient reçu et de tout ce qu'ils avaient appris là-bas. Ils me parlaient aussi du djihad, ils m'encourageaient, et mon intérêt a grandi.
Q : Où, en Afghanistan, avaient-ils été entraînés ?
R : Dans le camp de Khalden.
Q : Et vous-même, quand êtes-vous parti pour l'Afghanistan ?
R : Le 17 mars 1998.
Q : Qui a organisé le voyage ?
R : Mon ami Raouf Hannachi.
Hannachi
prit alors contact, pour organiser le départ de Ressam, par
l'intermédiaire de Zayn Hussein au Pakistan. Avant
de partir pour l'Afghanistan, Ressam entreprit des démarches
pour avoir une nouvelle identité. Il utilisa un certificat de
baptême vierge volé à la paroisse de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, à Verdun,
pour obtenir un passeport canadien au nom Benni Antoine Norris. Il
trouva le nom d'un prêtre, qui était à l'église
en 1970 (l'année de sa naissance) et il imita sa signature sur
le certificat (Berton et coll., 2002).
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4 février 1998
Le 4 février 1998, Ressam obtient son passeport canadien au nom de Benni Antoine Norris.
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