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Les Tigres Libérateurs de l'Eelam Tamoul (TLET) | ||
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Les principales activités des TLET | ||
I. Les principales activités terroristesLes TLET seraient le seul groupe à avoir réussi à assassiner deux chefs d'État importants, soit le premier ministre de l'Inde Rajiv Gandhi (en 1991) et le président du Sri Lanka Ranasinghe Premadasa (en 1993). Dans les deux cas, les Tigres ont mené des opérations suicides bien planifiées, permettant de déjouer les mesures de sécurité extrêmement rigoureuses des services de renseignements indiens et sri-lankais. (Chalk, 1999). C'est de ces deux attentats dont il sera d'abord question dans la présente section. a) L'assassinat de Rajiv Gandhi, premier ministre de l'Inde, le 21 mai 1991 En fait, Rajiv Gandhi n'était pas premier ministre lorsqu'il a été assassiné le 21 mai 1991 : il était plutôt en campagne électorale. Cependant, il avait été premier ministre de l'Inde entre 1984 et 1989. À l'époque, il avait fini par appuyer le gouvernement sri-lankais et par dénoncer la violence employée par les Tigres tamouls dans le cadre du conflit sri-lankais. C'est lui qui avait mobilisé l'armée indienne en sol sri lankais en 1987 et 1988 pour contrer la menace des rebelles. Au mois de mai 1991, il avait d'excellentes chances de reprendre le pouvoir, ce que les TLET voulaient éviter à tout prix. Voici en résumé comment les TLET auraient comploté contre Rajiv Gandhi. Sauf avis contraire, les informations concernant ce complot proviennent de Rajiv Gandhi Assassination (1996). Novembre 1990 : Le chef suprême des TLET, Prabhakaran, réuni quatre haut lieutenants de son organisation à Jaffna. Il s'agit de Baby Subramaniyam, Murugan, Muthuraja and Shivarasan. Prabhakaran est d'avis qu'il est désormais inévitable que Rajiv Gandhi reprenne le pouvoir aux prochaines élections en Inde, prévues pour le milieu de l'année 1991. Cette réélection de Gandhi pourrait signifier un retour des forces armées de l'Inde au Sri Lanka, ce que les TLET veulent éviter à tout prix. Conséquemment, Prabhakaran décide que Gandhi doit être éliminé. Janvier 1991 : Baby Subramaniyam, un instructeur et un idéologue des TLET, fait des arrangement pour procurer un refuge aux futurs assassins de Rajiv Gandhi. En fait, il vend une presse à imprimer à la famille Bhagynathan. En échange, la maison de cette famille devient le refuge qu'utiliseront les assassins. Janvier 1991 : Muthuraja, un lieutenant respecté des TLET, engage deux photographes dénommés Haribabu et Ravi Shankaran. Ces derniers auront comme tâche de prendre des photographies au moment de l'assassinat. Février 1991 : Murugan, un expert en explosifs des TLET, se rend chez Arivu et discute avec lui des particularités de la bombe qui sera requise pour perpétrer l'attentat. C'est Arivu qui préparera la bombe qui enlèvera la vie à Rajiv Gandhi. Avril 1991 : Shivarasan, un membre du service de renseignement des TLET, retourne à Jaffna et rend compte de la situation à Prabhakaran. Shivarasan s'est vu attribuer la tâche cruciale de l'opération : il est responsable de ce qui concerne l'assassinat à proprement parler. Prabhakaran ordonne un exercice de pratique avant de passer réellement à l'acte et il demande que des photographies soient prises lors de cette pratique afin qu'il puisse jeter un coup d'oeil sur la qualité de l'organisation de l'attentat. Avril 1991 : Shivarasan retourne en Inde avec Dhanu et Shubha, deux femmes membres des Tigres noirs qui peuvent servir de bombe humaine. Avril 1991 : Shivarasan, qui est également un expert en explosif, inspecte attentivement les plans de la bombe fabriquée par Arivu et en arrive à la conclusion qu'elle fera parfaitement l'affaire. Avril 1991 : Une première répétition a lieu lors d'un rasemblement à une marina pour la campagne de Rajiv Gandhi. Dhanu réussit à s'approcher de façon satisfaisante de sa cible pendant que Haribabu et Ravi Shankaran prennent le tout en photo. Mai 1991 : Une seconde répétition a lieu à Thiruvallur lors d'un rasemblement pour la cause du premier ministre sortant de l'époque, V.P. Singh. Dhanu réussit à toucher les pieds de Singh exactement comme elle devra le faire pour perpétrer son assassinat contre Rajiv Gandhi. Mai 1991 : À la maison de Nalini, où les assassins sont logés, Shubha aide Dhanu qui essaye le blouson en denim qui contient la bombe. Ce dernier est conçu pour que la bombe ne puisse pas être détectée par des moyens conventionnels. 21 mai 1991 : C'est le jour de l'attentat. Juste auparavant, une inspecteure nommée Anushya tente d'empêcher Dhanu de s'approcher de Rajiv Gandhi, mais ce dernier intervient en disant qu'il faut « laisser la chance à tout le monde ». Anushya a juste le temps de s'éloigner, sauvant sa propre vie. Dhanu rend alors hommage à Rajiv Gandhi en se penchant pour toucher ses pieds. Comme il se penche pour l'aider à se relever, elle fait exploser la bombe qu'elle porte sur elle. Pour en savoir plus au sujet de l'assassinat de l'ancien premier ministre de l'Inde Rajiv Gandhi, le lecteur pourra également consulter le rapport de la Commission Jain, 1997, qui a été présenté au gouvernement de l'Inde. b) L'assassinat de Ranasinghe Premadasa, président du Sri Lanka, le 01 mai 1993 Alors que l'assassinat de Rajiv Gandhi est bien documenté et semble avoir causé un émoi considérable au sein de la population indienne de l'époque, très peu d'informations sont disponibles sur l'attentat qui a coûté la vie au président sri lankais Ranasinghe Premadasa en 1993. Les sources d'informations se contentent généralement de rapporter que Premadasa a été assassiné lors d'un attentat suicide à la bombe durant les célébrations de la « journée du mois de mai », à Colombo, le 01 mai 1993. En naviguant sur Internet, aucune commission d'enquête n'a pu être trouvée sur la mort de l'ancien président. Il faut dire que Premadasa ne semble pas avoir été un président très populaire au Sri Lanka. Élu de justesse en 1988, alors que l'armée indienne occupait le nord du pays pour tenter de mettre un terme aux activités des TLET, il doit également faire face à une insurrection dans le sud du pays provoquée par des cinghalais ultra-nationalistes regroupés au sein du mouvement Janata Vimukthi Peramuna (J.V.P.). En 1989, il écrase ce mouvement à l'aide d'escadrons de la mort qui ont fait des dizaines de milliers de victimes parmi la jeunesse cinghalaise du sud avant de réclamer le retrait des troupes indiennes en sol sri lankais. À partir de 1991, ses rivaux politiques engagent contre lui une procédure d'impeachment, l'accusant de corruption, de dérèglement mental (bien qu'il soit un bouddhiste convaincu, il est aussi connu pour être l'adepte d'un gourou indien douteux) et d'entretenir des relations douteuses avec les TLET. Cependant, c'est bel et bien son meurtre prémédité par les TLET qui mettra un terme à son mandat ( « Premadasa », via l'Encyclopédie Universalis en ligne). Le site Internet de l'Operation SICK relève cette espèce d'indifférence au sein de la population sri lankaise suivant l'assassinat de son président, peut-être en partie parce que les gens commencent à avoir l'impression qu'aucun leader ne pourra unifier à nouveau le pays. Il est également à parier que les politiques fortement répressives de l'administration Premadasa ne sont pas étrangères à cette absence d'émotions concernant sa mort au sein de la population locale, sans compter que les Sri Lankais commencent probablement (et malheureusement) à être habitués de vivre de telles tragédies. La personne qui s'est suicidée pour entraîner avec elle dans la mort le président Premadasa s'est servie d'une simple bicyclette durant une parade pour s'approcher à environ cinq pieds du président. Elle a alors activié la bombe qu'elle portait sur elle. L'explosion a été si violente que la police a mis plusieurs heures pour réaliser que le Chef d'État était mort, sa bague et sa montre étant identifiées à la morgue (Operation SICK). c) L'assassinat de centaines de politiciens En plus des deux chefs d'État, les TLET ont tué une centaine de politiciens. Parmi eux se retrouvent C.V. Gooneratne, assassiné le 07 juin 2000 alors qu'il était le ministre des Industries du Sri Lanka. Encore une fois, il s'agissait d'un attentat suicide à la bombe qui a également coûté la vie à 19 autres civils. L'explosion a aussi fait 56 blessés (voir Spur Online). Il serait quelque peu superflu de faire ici une longue énumération de tous les attentats similaires, mais une liste de politiciens assassinés par les TLET est disponible via Spur Online. La liste inclut la date de l'attentat. Lorsqu'ils s'en prennent aux politiciens, les Tigres en veulent autant aux tamouls qu'aux cinghalais et ils s'en prennent donc aux représentants des deux races. d) Les activités des Tigres noirs - Autres attentats suicides Les Tigres noirs (en anglais, « Black Tigers » ou parfois « Shadow Squad ») sont reconnus comme étant le commando suicide le plus meurtrier au monde. Ils utilisent des combinaisons explosives ultra-modernes pour réaliser leurs attentats. Bon nombre d'entre eux auraient appris à manouvrer des planeurs, des aéronefs micro-légers et des bateaux à moteur en Europe et en Asie du Sud-Est en prévision d'opérations kamikazes. En août 1998, les TLET avaient perpétré 155 attentats suicides contre des soldats et des civils, comparativement à 50 pour tous les autres groupes à l'échelle mondiale, dont le Hamas, le Hezbollah, le Parti des travailleurs du Kurdistan et les Babbar Khalsa (Bell, 2004, p. 62-63 ; Chalk, 1999). Les TLET seraient très efficaces : sur l'ensemble des attentats commis, ils auraient manqué moins de dix fois leur cible. Le 18 décembre 1999, la présidente du Sri Lanka, Chandrika Kumaratunga, a eu cette chance d'échapper de peu à un attentat suicide orchestré par les Tigres tamouls. L'attentat du 31 janvier 1996 est reconnu comme étant l'un des plus dévastateurs de toute l'histoire (Chalk, 1999 ; U.S. Department of State, 2004). Ce jour-là, un camion rempli d'explosifs, conduit par des membres des TLET, a foncé dans l'immeuble de la Banque centrale situé dans le centre-ville de Colombo. Chalk (1999) nous renseigne davantage sur l'organisation de cet attentat et, par le fait même, sur le réseau à la disposition des TLET :
Cet attentat suicide a coûté la vie à 90 civils et a blessé environ 1 400 autres personnes. C'est le 05 juillet 1987 que les TLET commettaient leur premier attentat-suicide à la bombe. Ce jour là, un certain capitaine Miller avait foncé, avec son camion bourré d'explosifs, dans un bâtiment d'un camp militaire à Jaffna. L'opération aurait permis de tuer 39 soldats sri lankais (Bell, 2004, p. 110 ; Rediff.com, 2001). Comme la cible des TLET était alors des combattants, il pourrait y avoir discussion à savoir s'il s'agissait d'un attentat terroriste ou d'une stratégie guerrière. Les informations manquent à ce sujet pour trancher la question puisque l'on estime qu'un combattant peut être victime d'un acte terroriste s'il n'est pas en position de se défendre (par exemple s'il est malade et couché à l'infirmerie). Qu'il soit de nature terroriste ou non sur le plan théorique, les Tamouls commémorent désormais ce premier attentat suicide dans le cadre des célébrations de « juillet noir ». Ainsi, depuis 1988, le 05 juillet sert à glorifier les martyrs tamouls : les stations de radio rebelles diffusent le nom des kamikazes qui sont morts pour la cause au cours de l'année, les commerces tamouls sont fermés, etc. (Bell, 2004, p. 110-111). Il serait superflu de faire ici la liste exhaustive des attentats suicides à la bombe perpétrés par les TLET. Le lecteur désireux de se documenter sur un plus grand nombre de cas pourra se référer aux deux hyperliens ci-dessous, qui dirigent chacun vers un site Internet en anglais.
e) Les activités criminelles : le cas particulier de l'intimidation L'intimidation est à la fois une arme à la disposition des terroristes et une conséquence de leurs activités. Les activités d'intimidation peuvent être utilisées par les groupes terroristes à deux fins : décourager ceux qui sont extérieurs à l'organisation de se mêler de ce qui ne les regarde pas et dissuader ceux qui sont intérieurs à l'organisation de sortir des rangs. Un exemple typique de la première situation est rapporté par Bell (2004 : 103) selon qui un homme aurait été abattu à Paris en avril 1994 parce qu'il s'apprêtait à publier un livre dénonçant les activités des Tigres tamouls. Bell (2004 : 92) rapporte également un exemple typique de la deuxième situation lorsqu'il mentionne l'histoire d'un Tamoul qui avait décidé de ne pas fermer son club vidéo lors de la journée commémorative de juillet noir (05 juillet). Il aurait aussitôt été menacé par un gang tamoul. Peu de temps après, il perdait son commerce lors d'un incendie criminel. Au Canada et spécialement dans la région de Toronto où les immigrants tamouls sont concentrés, une guerre entre deux grands gangs tamouls a fait rage dans les années 1990 et se poursuit peut-êre encore aujourd'hui (pour plus de détails, voir Bell, 2004, à partir de la page 90). Cette guerre oppose principalement le groupe AK Kannan au VVT dont il a été question précédemment dans cet article. C'est que l'unité n'est pas parfaite au sein de la communauté tamoule. Le gang AK Kannan, avec ses quelques 300 membres, en constitue la preuve en étant le plus grand rival du VVT. AK Kannan serait dirigé par Jothiravi Sittampalam, alias Kannan ou Rai. Sittampalam serait un ancien membre des Tigres tamouls qui se serait retourné contre l'organisation parce qu'il voulait être le chef suprême des TLET et qu'il n'avait pas réussi à détrôner V. Prabhakaran. De plus, son père aurait été kidnappé et torturé par les Tigres tamouls alors qu'il était directeur d'une école au Sri Lanka. Les leaders des TLET au Canada ont comme préoccupation de faire en sorte que cette guerre de gangs n'attirent pas trop l'attention des autorités canadiennes en faisant d'innocentes victimes. |
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II. Autres principales activités (en plus du terrorisme)Au niveau national (du Sri Lanka), en plus des attentats terroristes, il a déjà été mentionné à quelques reprises dans cet article que les TLET combattent l'armée du gouvernement dans le cadre d'une stratégie militaire, sur un mode relevant plutôt de la guérilla ou de la guerre civile. Les stratégies alors employées sont de peu d'intérêt dans le cadre du présent travail et nous n'irons pas plus loin en ce sens, mais il est important de garder à l'esprit que les TLET possède en fait leur propre armée. a) Acquisition et transport d'armes Il a également été mentionné à la section précédente (concernant les acteurs et les activités des TLET) que les activités externes de l'organisation peuvent être divisées en trois grandes catégories, soit : la publicité et la propagande, la collecte de fonds et l'acquisition et le transport d'armes. L'acquisition et le transport d'armes sont la seule facette qui ne touche pas directement le Canada, mais nous ne donnerons qu'un exemple pour illustrer les moyens à la disposition des Tigres tamouls. L'exemple est tiré de Chalk (1999), confirmé par Thompson (2003) :
Cet incident illustre fort bien l'étendue des activités des TLET et pourquoi certains experts estiment que ce groupe de guérilleros et de terroristes est parmi les plus dangereux au monde. Il est à noter que les TLET ont fait ici d'une pierre deux coups puisqu'ils ont en fait volé les munitions de leur propre ennemi. Malgré une situation internationale qui a beaucoup évoluée au cours des dernières décennies, les Tigres tamouls ont toujours fait preuve de beaucoup de génie lorsque venait le temps de se procurer des armes. Chalk rapporte à ce sujet que cinq zones géographiques étaient particulièrement propices à la fourniture d'armes aux TLET en 1999, soit :
Il est possible que ce réseau ait encore été modifié récemment, spécialement suite à la campagne militaire américaine en Afghanistan qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001. Au mois d’août 2006, les États-Unis portent des accusations contre neuf hommes qui auraient notamment tenté d'acheter une dizaine de missiles sol-air et quelques centaines de fusils d’assaut AK 47 pour le compte des TLET. Il semble que les suspects étaient prêts à payer un million de dollars pour conclure cette transaction. Certains des accusés auraient par ailleurs tenté de soudoyer des fonctionnaires américains dans le but d’obtenir des renseignements secrets et de faire retirer les TLET de la liste des organisations terroristes aux États-Unis. Quatre des accusés de cette affaire sont Canadiens. Trois d’entre eux ont été arrêtés dans l’État de New York; il s’agit de Sathajhan Sarachandra, Sahilal Sabaratnam et Thiruthanikan Thanigasalam. Quant à Suresh Sriskandarajah, il a été arrêté en Ontario et doit faire face à une demande d’extradition. L’enquête a été menée conjointement par le FBI et par la GRC. Les autorités ont déclaré que l’enquête est « loin d’être terminée et que d'autres arrestations sont à prévoir aux États-Unis et au Canada. » b) la publicité et la propagande Plusieurs auteurs s'entendent pour dire que les TLET ont développé avec le temps une machine de propagande fort impressionnante et dont l'objectif est clair : obtenir l'appuie de politiciens et d'organismes au niveau international en propageant la rumeur selon laquelle le peuple tamoul est opprimé et seuls les TLET peuvent le sauver en lui permettant d'acquérir l'auto-détermination nécessaire à son développement futur. Au niveau de la propagande, il semble que les TLET surclasse le gouvernement sri lankais et tous les moyens sont bons pour dénigrer les actions de l'armée sri lankaise, y compris la constitution de calendriers sur lesquels sont affichés des photos d'enfants tués lors de bombardements militaires (Davis, 1996). Ces campagnes de propagande semblent avoir porté fruit auprès de certains politiciens canadiens, notamment auprès de Paul Martin et de Maria Minna, Au mois de mai de l'an 2000, alors qu'ils étaient respectivement le ministre canadien des Finances et la ministre canadienne de la Coopération internationale, ils ont reçu une invitation pour un grand dîner à Toronto pour célébrer le Nouvel An sri lankais. Le tout était organisé par la FACT (l'acronyme du nom anglais « Federation of Associations of Canadian Tamils »), que le SCRS et le gouvernement américain (2004) considèrent comme étant une société-écran des TLET (Bell, 2004, p. 102). Malgré les tentatives du SCRS et du Haut-commissariat du Canada à Colombo de les faire changer d'avis, les ministres ont assisté au souper sous prétexte que la FACT est un organisme communautaire et qu'elle ne devait pas être pénalisée pour quelques individus extrêmistes membres des TLET (Bell, 2004, p. 102 et 103). Bell déplore le message qu'ont envoyé à la communauté internationale les deux ministres fédéraux en acceptant de participer à ce dîner : celui que le gouvernement canadien appuie les actions des Tigres tamouls. La compagne pour obtenir la libération de Suresh est un autre exemple intéressant qui démontre également au passage la capacité de mobilisation des Tigres tamouls en cas de besoin. L'ERTA a déjà abordé cette question dans une section à part entière du dossier sur Manickavasagam Suresh. c) la collecte de fonds En mars 2006, Human Rights Watch publie un rapport intitulé « Funding the “Final War” : LTTE Intimidation and Extortion in the Tamil Diaspora » ( Financer la « Guerre Finale » : intimidation et extorsion parmi la diaspora tamoule). L’organisme soutient que les Tigres tamouls menacent et intimident les membres de la communauté tamoule établie au Canada (ainsi que celles établies ailleurs en occident) afin de financer leurs activités terroristes au Sri Lanka. Selon le rapport, le montant extorqué varie typiquement entre 2500 et 5000 dollars canadiens pour une famille, alors qu’il peut s’élever jusqu’à 100 000 dollars canadiens pour un commerce. Ceux qui refusent de verser les sommes demandées recevraient notamment des menaces de mort pouvant également s’adresser aux membres de leur famille. Ces menaces seraient prises très au sérieux par ceux qui les subissent puisque aucune plainte ne semble avoir été officiellement portée aux autorités canadiennes en lien avec ces allégations. De plus, les victimes refuseraient de collaborer avec la police par crainte d’être rejetées par leur communauté. Le site Internet de Human Right Watch rapporte d’ailleurs que depuis la fin de l’année 2005, les « Tigres tamouls ont lancé une campagne agressive et systématique de recherche de financement au Canada et en Europe, dans le but de forcer les membres et les chefs d’entreprises de la diaspora tamoule à donner de l'argent pour ce qu'ils appellent la « guerre finale » entre les Tigres tamouls et le gouvernement sri-lankais. Cette campagne a coïncidé avec une escalade des attaques [des TLET] contre les forces sri-lankaises, mettant en danger le cessez-le-feu qui dure depuis quatre ans au Sri Lanka. » Le Congrès tamoul canadien a rapidement réagi à ce rapport, le qualifiant de « mensonger ». Quant à la police de Toronto, elle n’aurait toujours pas amorcé d’enquête étant donné l’absence de plainte formelle. Le 08 avril 2006,
les TLET sont inscrits sur la liste officielle des organisations terroristes
reconnues par le gouvernement fédéral.
Le ministre de la Sécurité publique du Canada, Stockwell Day,
en fait l’annonce dans un communiqué.
Rappelons que les États-Unis considèrent les TLET comme étant
un groupe terroriste depuis 1997. Rappelons que l’objectif de cette liste est « d’encourager la lutte contre les activités terroristes, notamment en faisant obstacle au financement d’activités terroristes. Il est illégal pour toute personne de soutenir, de faciliter, de participer ou de financer les activités d’un groupe terroriste inscrit sur cette liste. » Plus tard au mois d’avril, la GRC perquisitionne les bureaux du « World Tamil Movement » (l'Association mondiale tamoule) ainsi que les locaux de l'académie tamoule de la culture et de la technologie à Toronto. Les autorités canadiennes soupçonnent l’Association mondiale tamoule de financer les activités terroristes des TLET. Toutefois, les mandats de perquisition demeurent secrets et la GRC refuse de fournir des explications sur les saisies effectuées. |
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