<<précédent 1 2 3 4 5 6 suivant>>
 
 

 

 
  A. Terrorisme nucléaire : Quelques précisions.  
   
 

1. Terrorisme nucléaire vs. Terrorisme radiologique

Avant de poursuivre, il est important de faire quelques précisions sur le sujet afin d'émettre certaines restrictions quant à la portée du terme « terrorisme nucléaire ». Dans la littérature, l'expression est couramment employée pour faire référence à toutes formes de terrorisme utilisant des matériaux radioactifs. En termes plus concrets, l'International Atomic Energy Agency ( IAEA ) considère que les risques de sécurité relatifs au domaine nucléaire sont de l'ordre suivant : l'acquisition, par un groupe dangereux, d'une arme nucléaire par le vol; la construction d'un engin explosif atomique à l'aide de matériaux fissiles volés; l'utilisation de sources radioactives pour produire une bombe radiologique et l'attaque, ou le sabotage, d'une centrale nucléaire ou d'un véhicule de transport de matériaux radioactifs. ( Ali, 2007 ;   IAEA , 2004). Ainsi, le terrorisme nucléaire, dans cette vision large et englobante, présente plusieurs visages. Par contre, une observation plus attentive permet de constater que ces actions terroristes, bien qu'elles exploitent chacune la radioactivité à des fins destructives, possèdent des différences fondamentales qui demandent des approches théoriques et contre-terroristes uniques, différenciées et adaptées.

Il est impossible de nier qu'un attentat sur une centrale nucléaire aurait des effets désastreux et s'inscrirait dans les annales comme un acte terroriste déplorable et dévastateur. Toutefois, qu'il s'agisse d'une attaque dont l'objectif serait de provoquer la fission du cour d'un réacteur nucléaire, d'un avion qui entre délibérément en collision avec une centrale atomique ou de l'explosion des installations d'entreposage des déchets nucléaires (Behrens & Holt, 2005 ), les effets seront sensiblement les mêmes, c'est-à-dire la dispersion d'une quantité considérable et dangereuse de matières radioactives sur le territoire environnant. Cette diffusion de matière dangereuse présenterait un risque direct et immédiat sur la santé, mais aussi des dangers indirects qui se manifesteraient à long terme. Pour l'être humain, l'exposition à un niveau élevé de radiation peut entraîner des malaises graves, des dommages irréversibles et la mort. En contaminant le sol et la végétation environnante, la faune et la flore subiront également les contrecoups des retombées radioactives. Les particules radioactives s'incrusteront dans les écosystèmes des villes et villages situés à proximité de l'incident, ce qui aura pour conséquence, à long terme, de hausser les risques de cancer pour les habitants de ces régions ( Behrens & Holt, 2005 ). Tout dépendant de la taille de la centrale attaquée, les conséquences pourraient même égaler ou surpasser celles de l'accident de Tchernobyl ( Helfand, Lachlan & Tiwari, 2002 ), où 49 personnes trouvèrent la mort dans les trois premiers mois suivant l'incident ( BBC News, 2006 ); sans compter les 206 personnes gravement atteintes, les décès suite à la hausse des risques de cancer, les 135 000 individus délogés et les vastes étendues de terres contaminées réparties sur plusieurs pays (cliquez ici pour visionner une animation représentant la progression du nuage radiologique). De même, un attentat terroriste de cette nature causerait d'importants dommages moraux à la société, en provoquant un vent de panique démesuré et une crainte qui persisterait à long terme. Néanmoins, en termes de dommages et d'impacts, une attaque sur une centrale nucléaire ne se situerait pas sur le même échelon que l'emploi d'une arme nucléaire et la principale menace proviendrait des retombées radioactives.

Au même titre, l'IAEA, ainsi que bien d'autres experts du domaine terroriste ( Ali, 2004 ; Fergusson & Potter, 2007), incluent l'usage de bombes radiologiques dans la catégorie du terrorisme nucléaire. Une bombe radiologique, dont le terme anglais « dirty bomb » décrit bien sa nature, est le résultat de la combinaison d'explosifs traditionnels, par exemple de la dynamite, et de matériaux radioactifs ( United State Nuclear Regulatory Commission, 2003 ). Le fonctionnement de cet objet requiert très peu de connaissances techniques et sa construction est rudimentaire. En fait, une bombe radiologique n'est simplement qu'un explosif traditionnel où des matériaux radioactifs sont placés à proximité. Lors de la détonation de la bombe, les matériaux radioactifs sont dispersés dans le secteur environnant par le souffle de l'explosion. Le degré et l'étendue de la contamination varieront fortement selon le type et la quantité d'explosif utilisé, de même que la nature et le volume du matériel radioactif employé. Fort heureusement, concernant les bombes radiologiques, les probabilités que la dispersion de substance mortelle soit efficacement dangereuse restent faibles. En effet, peu d'endroits entreposent des matériaux radioactifs en quantité suffisante pour que cela représente un risque pour la santé humaine et ces lieux font généralement l'objet d'une sécurité accrue. Il est plus probable que le groupe terroriste accapare des matériaux radioactifs destinés à l'usage civil, tels que ceux présents dans les hôpitaux ou certains secteurs industriels, puisque la sécurité de ces endroits n'est pas aussi impénétrable. Suivant l'explosion d'une bombe radiologique, la totalité des morts ou presque risque de provenir de l'explosion initiale de l'engin, car les matériaux radioactifs utilisés à cet effet ne seraient pas, selon toute probabilité, concentré dans l'air en assez grande quantité pour causer des maux, et encore moins la mort ( NTI, 2004 ). Encore faut-il également tenir compte du mode de dispersion, qui, au grand dam du terroriste, aura pour conséquence de réduire les effets dangereux de la masse radioactive employée. Au départ mortels, les matériaux radioactifs, une fois dispersés dans l'air, ne sont plus en concentration suffisante pour produire des effets sur la santé humaine. Seuls les individus présents sur le site immédiatement après l'explosion, soit les secours et les victimes directes, ont un risque de ressentir les effets.

Malgré les faibles conséquences radiologiques sur la santé humaine, une bombe de ce type aurait des impacts psychologiques considérables au sein de la population. La panique, causée par une crainte disproportionnée de la radioactivité, aurait pour effet de gonfler les conséquences de l'attaque et d'augmenter la complexité du problème. L'anxiété psychologique hausserait les dépressions, les suicides et les hôpitaux seraient engorgés d'individus ayant des malaises psychosomatiques. Le temps et l'argent nécessaire pour décontaminer les lieux et déménager temporairement les personnes évacuées feraient également parti des frais de l'attaque, contribuant ainsi à monter une facture qui surpasserait les conséquences d'une attaque terroriste à l'aide d'explosif plus traditionnel. Néanmoins, les dommages, encore une fois, ne seraient pas du même ordre que la destruction qu'apporterait une arme nucléaire. De même, la construction d'une bombe radiologique est beaucoup plus élémentaire que la conception d'une arme atomique, d'autant plus que les matériaux employables à la création d'un explosif radiologique sont beaucoup plus répandus et accessibles.  

En comparant les deux tactiques terroristes exposées précédemment au scénario terroriste où l'arme nucléaire est employée, des différences fondamentales font surface. Tout d'abord, une attaque perpétrée contre une centrale nucléaire, tout comme l'explosion d'une bombe radiologique, ont chacun pour objectif premier de disperser dans l'air des substances radioactives et de contaminer les lieux environnants. L'explosion, dans le cas des bombes radiologiques, ne serait donc qu'un mal nécessaire, ou une valeur ajoutée dans le contexte du raisonnement terroriste, par laquelle la dispersion doit se faire. Dans de telles attaques, la destruction devient un objectif second à la peur et à la publicité de l'acte, s'inscrivant en ligne avec le dicton populaire voulant que le terroriste désire plus de personnes qui regardent que de personnes mortes, mais aussi que le terroriste cherche à déstabiliser l'ennemi par la crainte. À l'inverse, la bombe nucléaire serait employée d'abord et avant tout pour le potentiel destructeur de sa charge initiale, les retombées radiologiques étant un élément de destruction supplémentaire et non une fin en soi. La destruction engendrée par ces différentes formes de terrorismes n'étant pas du même ordre de grandeur, les motivations terroristes derrière ces attaques ne seront pas les mêmes. Qu'il soit dit, seuls certains profils de groupes terroristes seront attirés vers l'arme nucléaire et pour rechercher ouvertement cette voie destructrice, ce regroupement devra faire preuve d'une détermination immuable. Par ailleurs, les étapes à franchir pour accomplir ces différents types d'attentats ne sont pas comparables. Une attaque sur une centrale nucléaire requiert une bonne planification avant l'attentat, un bon armement et des hommes entraînés. Une bombe radiologique requiert des explosifs traditionnels et des matériaux radioactifs. Chacune de ces deux formes de terrorismes nucléaires est difficile à prévenir de manière ciblée, puisque les ingrédients nécessaires à l'acte sont grandement répandus et leur atteinte ne requiert pas des efforts exceptionnels. Des méthodes de contre-terrorisme plus traditionnelles et générales devront alors être appliquées, telles que la mise sur pied d'une bonne agence de renseignement, un meilleur contrôle des armes et des produits dangereux et la sécurisation des cibles potentielles. La lutte contre ces actes s'inscrit dans une politique générale de prévention du terrorisme. Par contre, un groupe terroriste qui recherche le déclenchement d'une explosion atomique devra passer par des étapes beaucoup plus précises et beaucoup plus difficiles à réaliser. Ceci permet de proposer des points précis où des mesures doivent être déployées pour prévenir ce type particulier d'acte terroriste.    

Puisque l'usage terroriste de l'arme nucléaire répond à des objectifs terroristes différents et nécessite une approche préventive plus singularisée, l'approche privilégiée dans ce dossier sera de ne considérer sous le terme de terrorisme nucléaire que les attentats perpétrés à l'aide d'armes nucléaires. La démarche adoptée par certains auteurs voulant étudier de façon regroupée toutes formes de terroristes utilisant des matériaux radioactifs présente certaines lacunes méthodologiques. En agrégeant ensemble diverses actions dont le seul point commun est l'usage de matériaux radioactifs, le terme « terrorisme nucléaire » devient un objet d'étude large, dont l'absence de points communs force à traiter de sujets dont les liens sont plus ou moins proches et qui ne méritent pas une même approche, tant en matières théoriques qu'en matières préventives. Une attaque contre les centrales nucléaires ne requiert pas, de la part du groupe terroriste, les mêmes préparatifs et actions que la détonation d'un engin nucléaire dans un centre habité. De même, les étapes de la fabrication d'une bombe radiologique diffèrent fortement des phases de construction de l'arme atomique, si bien que les mesures préventives ne seront pas les mêmes. Mettre tous ces actes dans le même panier appelé « terrorisme nucléaire » incite à trouver des solutions communes à des problèmes qui ne le sont pas. Ainsi, relier ces trois actes des terrorismes est purement artificiel et n'apporte aucun bénéfice notable. Les actes de terrorisme nucléaire qui ont pour objectifs premiers de répandre des matières radioactives sont mieux représentés sous le terme de terrorisme radiologique. De la sorte, ces modes d'actions terroristes justifient des études séparées, car elle comporte en elle-même leurs lots de défis et de questionnements.

 

2. Terrorisme et menace nucléaire : Comment aborder le risque ?

Depuis la recrudescence internationale des préoccupations face au terrorisme, les installations nucléaires ne sont plus seulement associées aux risques d'accidents mortels ou de catastrophes écologiques, mais aussi aux dangers d'être exploitées à des fins terroristes par des individus aux intentions funestes. Dans cette reconceptualisation des dangers de la centrale nucléaire, ces installations sont maintenant perçues comme un point critique où le terroriste pourrait parvenir à acquérir la capacité de produire une arme nucléaire. En effet, les matériaux fissiles, substances artificielles nécessaires à la construction d'armes atomiques, ne peuvent être produits que par des réacteurs nucléaires. Actuellement, seuls quelques gouvernements dans le monde ont la capacité de construire des réacteurs nucléaires, les limites de faisabilité se résumant à des raisons de coûts et d'expertise, mais aussi par l'incapacité d'une tierce partie de construire discrètement de telles installations à l'insu des officiels en place. Les produits nécessaires à la construction de l'arme nucléaire sont donc rares, et leur existence est étroitement liée aux centrales nucléaires. La rareté des matériaux et le contexte particulier dans lequel ils sont créés sont cruciaux pour l'étude de la menace nucléaire puisqu'ils réduisent, pour les regroupements terroristes, la possibilité de se procurer une arme atomique à seulement deux options : se procurer des matériaux fissiles et construire soi-même l'arme nucléaire, ce qui implique la nécessité d'outrepasser les mesures de sécurité des sites d'entreposages; ou acquérir une bombe nucléaire prête à être utilisée. Contrairement à, par exemple, des explosifs traditionnels, où les produits déflagrants peuvent venir de sources infiniment variées, il n'existe que deux points critiques à surveiller pour le terrorisme nucléaire : les endroits où sont entreposés des matériaux fissiles et les dépôts d'armes atomiques. Ainsi, les questions cruciales, dans le cadre de la prévention des actes de terrorismes nucléaires, sont de l'ordre suivant : les endroits qui entreposent des matériaux fissiles, à l'échelle de la planète, sont-ils suffisamment sécurisés? ; les inventaires de matériaux fissiles et d'armes atomiques tenus par les États sont-ils fiables et régulièrement mis à jour? ; des groupes terroristes seraient-ils en mesure d'utiliser la corruption ou l'opportunisme politique pour se procurer des armes ou du matériel auprès d'officiels de certains gouvernements? ; existe-t-il des matériaux ou des bombes qui ne font plus partie des registres gouvernementaux et qui sont maintenant en libre circulation sur le marché noir? Certains pays sont-ils plus propices à fournir, consciemment ou inconsciemment, un soutien aux terroristes qui recherchent l'arme ultime?

Évaluer le risque que se produise un attentat de terrorisme nucléaire repose en grande partie sur la l'extrapolation de faits, sur l'analyse documentaire, ce qui a pour effet de rendre le discours fortement dépendant des interprétations personnelles et du point de vue des auteurs consultés. Contrairement à une évaluation de risque traditionnelle, où il est possible de s'appuyer sur des évènements passés pour déterminer les tendances futures, aucune observation sur le terrain ne peut soutenir la réflexion; les arguments sur le terrorisme nucléaire se situent purement dans une réflexion proactive dont l'objectif est de prévenir l'actualisation d'un premier cas. De la sorte, il n'existe pas de bonne réponse concernant les risques d'une attaque de terrorisme nucléaire et cela s'observe dans le vaste éventail des points de vue des experts, s'étalant d'un extrême à l'autre. Le directeur général de l'IAEA attestait, sur les ondes de Lateline (2004) , que le terrorisme nucléaire et radiologique était inévitable si aucun effort international de coopération préventive n'était déployé immédiatement. Dans « Nuclear Terrorism : Rethinking the Unthinkable », Marrs (2004, p.87) confirme ce point de vue en affirmant que le terrorisme nucléaire peut être prévenu si des efforts sont déployés à la lutte contre la prolifération nucléaire et à la prévention en général. Par contre, l'auteur croit que les gouvernements doivent tout de même mettre sur pied des plans d'urgence dans l'éventualité où les mesures préventives échoueraient.

À l'inverse, une autre approche fort populaire est de considérer le terrorisme nucléaire comme un risque à faible probabilité, donc qui a peu de chance de se concrétiser, mais dont les conséquences seraient à un tel point catastrophique qu'il devient nécessaire de maximiser les efforts préventifs. Fergusson et Potter (2004), dans « The Four Faces of Nuclear Terrorism », sont partisans de cette dernière approche. Pour eux, comme pour la majorité des spécialistes en gestion du risque, il est possible d'apprécier le sérieux de la menace en évaluant la probabilité que survienne l'évènement indésirable et en le multipliant par ses conséquences. Ainsi, le plus grand sont les probabilités ou le plus grand sont les conséquences, le plus grand sera le risque global. Quantifier le risque, dans le cas du terrorisme nucléaire, est problématique puisque la carence d'informations quant à l'occurrence ou la prévisibilité de l'évènement ne permet pas d'apprécier pleinement sa probabilité. Néanmoins, les auteurs notent un point important. Le déclenchement d'une explosion nucléaire par des terroristes est l'un des actes les plus graves envisageables et par conséquent, le chemin que doivent franchir les terroristes pour accéder à l'arme atomique est parsemé d'embûches et de barrières, sous forme de mesures de sécurité, de coûts élevés, d'inaccessibilité des ressources nécessaires, ce qui rend l'acte très difficile à accomplir. En contrepartie, des actes similaires, mais moins dommageables, par exemple l'emploi de matériaux radioactifs pour créer une bombe radiologique, sont beaucoup plus faciles à mettre sur pied. Ainsi, l'inaccessibilité de l'arme nucléaire inciterait les groupes mal intentionnés à se tourner vers d'autres mesures, rendant l'explosion atomique peu probable dans un contexte terroriste. Steve Coll s'accordait avec ce point de vue , dans un article du New Yorker, en affirmant  :   « The available evidence, then, suggests that while jihadi leaders might like to acquire a proper fission weapon, their pragmatic plans seem to run to dirty bombs - a more plausible ambition » ( New Yorker, 12 mars 2007 ).

En dépit de cette dernière conclusion, le terrorisme nucléaire pose malgré tout un risque considérable puisque ses conséquences éclipsent sa faible probabilité. D'évidence, l'usage de l'arme nucléaire contre toute nation causerait un évènement morbide d'une ampleur encore jamais vue. Le 11 septembre 2001 changea à jamais le cours de l'histoire de l'humanité en ayant des impacts considérables sur le climat politique international; néanmoins, seule l'imagination permet d'estimer les répercussions qu'un acte de terrorisme nucléaire pourrait avoir sur le monde, considérant que les dommages seraient d'une catégorie tout autre que les tragédies de New York. Selon le Homeland Security Council (États-Unis), dans un document intitulé « National Planning Scenarios », une bombe nucléaire improvisée de 10 kilotonnes, environ un tiers moins puissante que celle utilisée sur Hiroshima, détoné sur une des grandes villes américaines, entraînerait plusieurs centaines de milliers de morts et causerait des dommages aux infrastructures sur un rayon variant entre 1 à 5 kilomètres. Plus concrètement, selon les outils d'analyse du gouvernement américain, l'explosion d'une bombe nucléaire de 12,5 kilotonnes à partir d'un navire-cargo ancré à la ville de New York causerait approximativement 52 000 morts immédiates et plus de 200 000 décès dans les jours suivants (Ruff, 2006; Helfand et coll., 2002). À long terme, il faudrait aussi s'attendre à un accroissement des cancers dans la région. En plus des dommages matériels causés, un volume important d'individus aurait à être déménagé. Des coûts élevés pour la démolition et le nettoyage seraient à prévoir et l'endroit ne pourrait plus être habité pendant un intervalle de temps indéterminé. Inévitablement, une peur substantielle, génératrice de panique et d'anxiété, s'implanterait au sein de plusieurs populations à la grandeur du globe et provoquerait une perturbation sociale et économique; le terme anglais « weapons of mass disruption » reflète parfaitement ce caractère, bien qu'il soit plus souvent appliqué au terrorisme radiologique (Ruff, 2006). Dans ces conditions, le terrorisme nucléaire ne peut simplement être ignoré sous le simple prétexte qu'il est peu probable qu'il se réalise; ses conséquences seraient à un tel point lourdes qu'il est nécessaire de constamment surveiller cette menace et de déployer les efforts préventifs adéquats. Mais sous quelles formes doivent se manifester ces efforts et selon quelle intensité? Les sections suivantes permettront de répondre, de manière plus informée, à cette question.

 

3. La Prolifération nucléaire

La prolifération nucléaire est un terme fréquemment mentionné lors des discussions sur les dangers du terrorisme nucléaire. Ce terme est employé pour décrire le développement de programmes d'armement nucléaire dans les pays qui ne sont pas signataires du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. La prolifération nucléaire présente un danger pour le terrorisme nucléaire en ce sens qu'elle multiplie les opportunitées d'acquisition de matériaux fissiles ou d'armes nuclaires complètes. En effet, plus il y a de pays qui possèdent les secrets de l'arme nucléaire, disposent des moyens de la construire, plus les chances seront grandes que les terroristes mettent la main sur des matériaux dangereux et acquièrent des capacités atomiques. Pire, parmis les pays qui recherchent ouvertement l'arme nucléaire, certains ont une stabilité politique fragile, qui risque tôt ou tard d'offrir des opportunités pour le terrorisme. Pour le moment, trois nations, qui ne sont pas signataires du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, sont présumées posséder l'arme nucléaire, soit l'Inde, le Pakistan et Israel. Depuis le développement de la première bombe nucléaire, plusieurs pays sont parvenus à leur tour à construire leur propre armement nucléaire. Au cours des années 40, les États-Unis et l'Union Soviétique furent les premières nations à atteindre la puissance nucléaire. Puis, suivirent la France et les Royaumes-Unis dans les années 50. Les années 60 virent l'ajout de la Chine et Israel. Dans la decennie 70, l'Inde et l'Afrique du Sud on rejoint le groupe. Le Pakistan et la Corée du Nord acquierèrent l'arme nucléaire en 1980 et 1990 respectivement.

Carte de la prolifération nucléaire

<<précédent 1 2 3 4 5 6 suivant>>

 
   
 
2002-2014, ERTA