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E. Le vol d'une bombe nucléaire complète | ||
1. Comment faire l'acquisition d'une arme nucléaire? Le groupe terroriste qui cherchera à obtenir une arme nucléaire fonctionnelle se heurtera aux mêmes difficultés qui sont associées à l'acquisition de matériaux fissiles : les armes nucléaires sont relativement rares, sont bien gardées et ne sont aux mains que d'une poignée d'États. Pire, contrairement aux matériaux fissiles, les armes nucléaires sont sous contrôle militaire, rendant l'acquisition beaucoup plus ardue. Néanmoins, tout comme pour les matériaux fissiles, une série de scénarios, où l'acquisition serait possible, sont envisageables (Fergusson & Potter, 2004) : Le transfert délibéré de l'arme par un gouvernement. L'assistance non autorisée d'un haut placé. Le soutien du personnel chargé d'entreposer et garder les armes nucléaires. L'acquisition de l'arme nucléaire par la force. L'acquisition d'une arme en tirant profit de désordres politiques. Ces scénarios sont sensiblement identiques aux scénarios relatifs à l'acquisition de matériaux fissiles. L'arme nucléaire et les matériaux fissiles sont tous deux des objets rares et très difficiles à produire. Ils font tous les deux l'objet d'une surveillance étroite par leur propriétaire et le reste de la communauté mondiale et présentent des défis similaires quant à leur acquisition. Bien qu'il existe de légères différences, la plupart des commentaires et explications de la section portant sur l'appropriation de matériaux fissiles s'appliquent autant à l'obtention d'une arme nucléaire intacte.
La plupart des armes nucléaires modernes sont équipées de mécanismes de sécurité afin de minimiser les risques que l'objet soit détoné sans autorisation. Les mécanismes de sécurité les plus souvent
F. Le transport et la détonation de l'arme nucléaire 1. Le transport de l'arme nucléaire Une fois l'arme atomique acquise, le groupe terroriste devra transporter la bombe sur le site ciblé. Le principal obstacle au transport survient lorsque le groupe terroriste et l'arme nucléaire sont situés en dehors du pays ciblé. Dans ces conditions, la situation exige que la bombe passe les frontières de différents pays et expose les transporteurs aux contrôles frontaliers. La détection, à ce niveau, signifierait immédiatement, au grand dam des terroristes, la fin du plan et l'annihilation des nombreux efforts déployés pour arriver à ce point. Dans «Nuclear Terrorism: A Brief Review of Threats and Responses», l'auteur Jonathan Medalia dénombre trois options s'offrant aux groupes terroristes qui chercheraient à faire entrer une arme nucléaire dans un autre pays : le passage légal par les postes frontaliers, le passage illégal par les lignes frontalières non gardées ou l'introduction de la bombe via le transport maritime ou aérien. Chacune de ces options possède ses avantages et ses risques.
2. Les lignes frontalières. Au contraire des postes frontaliers, qui sont des points particuliers sur la carte, les lignes frontalières forment des tracés de plusieurs kilomètres où il est possible d'entrer illégalement dans le pays. Montagnes, forêts, rivières, lacs et océans font généralement figure de délimitations naturelles, chacun offrant différentes opportunités. La contrebande via les Grands Lacs , frontière naturelle entre les États-Unis et le Canada, est un bon exemple. Le terroriste qui tente d'entrer par les lignes frontalières évite le risque que soulèvent les postes frontaliers. La plupart des effectifs des contrôles frontaliers sont effectivement situés aux points de contrôles, le reste des effectifs étant répartis inégalement à la surveillance des vastes frontières. Le danger de rencontrer des agents frontaliers aux lignes frontalières est donc fortement variable et bien que la négative est beaucoup plus probable, le groupe terroriste sera hésitant de laisser le fruit de leurs efforts aux mains du hasard. Dans le contexte d'une entrée illégale, les agents frontaliers n'auraient pas à détecter l'arme nucléaire, mais auraient simplement à apercevoir les entrants illégaux, ce qui se traduirait par une arrestation immédiate et l'échec du plan. 3. Le transport maritime ou aérien. Medalia mentionne également la possibilité que le groupe terroriste exploite le transport maritime ou aérien afin de parvenir à ses fins. Avec toute la sécurité entourant le transport aéronautique, le terroriste s'exposerait à d'énormes risques en choisissant cette avenue. Toutefois, la possibilité ne doit pas être écartée. Il serait possible, en effet, d'introduire une bombe dans un avion et faire en sorte que celle-ci explose en plein vol ou à son arrivée. Il est toutefois plus probable que le transport maritime soit, de ces deux options, l'approche privilégiée. Un scénario potentiel est l'envoi de l'engin destructeur par le biais de cargos maritimes. Chaque année, des millions de conteneurs transigent sur les mers du monde et il est impossible de s'assurer de la légitimité du contenu de chacun d'entre eux. Le groupe terroriste pourrait alors y voir une opportunité pour y introduire l'arme.
Une fois la bombe placée à l'endroit choisi, la dernière étape, la détonation, ne devrait pas poser de problèmes pour les terroristes si l'engin est bien construit. Dépendamment du type de bombe construit et des risques que les terroristes sont prêts à prendre, les transporteurs de la bombe pourraient avoir à sacrifier leurs vies. Une bombe à retardement s'expose, en effet, au risque d'être détectée et désamorcée. |
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