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B. Terrorisme et Armes Nucléaires : Objectifs, Organisation et Financement
 
   
 

1. Les différentes étapes du terrorisme nucléaire : une voie pour comprendre les enjeux de la question et évaluer la menace

Un rapport publié en mai 2004 par l'Université Harvard, en provenance du Projet sur la Gestion des Atomes, concluait qu'une attaque nucléaire serait parmi les types d'offensives les plus difficiles à accomplir pour un groupe terroriste. Par contre, en possession des matériaux fissiles nécessaires, un groupe terroriste capable et bien organisé pourrait plausiblement fabriquer, transporter et faire exploser, au minimum, une bombe nucléaire sommaire capable d'incinérer le cour de toutes villes majeures dans le monde ( Bunn & Wier, 2004 ). Cet énoncé, quoique d'aspect à priori banal, est le fruit d'une longue série de questionnements. Pour arriver à comprendre le terrorisme nucléaire, les experts dans le domaine on eut à se pencher sur plusieurs aspects liés de près ou de loin au sujet afin de recréer fictivement les conditions nécessaires pour mener à terme un acte de terrorisme nucléaire. Ainsi, l'une des méthodes les plus couramment mises à profit pour ausculter la probabilité et les enjeux du terrorisme nucléaire est l'analyse des étapes essentielles à l'aboutissement d'un acte de terrorisme nucléaire. Dans « The Four Faces of Nuclear Terrorism », les auteurs Fergusson et Potter (2004) font une description éloquente de cette démarche. Pour eux, les connaissances permettant de savoir où et comment déployer les efforts préventifs ne peuvent être acquises qu'à l'aide d'une compréhension juste et éclairée de la chaîne des conditions nécessaires à l'occurrence d'un acte de terrorisme nucléaire.

Cette chaîne d'évènements est constituée des six éléments suivants : 1. L'existence d'un groupe terroriste avec des objectifs extrêmes et les ressources financières et techniques nécessaire pour s'organiser. 2. Le désir au sein du groupe de s'engager dans des actes de terrorisme nucléaire. 3. Le groupe terroriste doit saisir une arme nucléaire intacte ou acquérir des matériaux fissiles (uranium hautement enrichi ou plutonium) dans l'objectif de construire une arme de destruction massive. 4. Une fois l'arme ou les matériaux fissiles acquis, les terroristes devront alors découvrir un moyen de contourner les mesures de sûreté sur la bombe nucléaire faisant obstacle à la détonation ou auront à assembler une arme fonctionnelle à partir des matériaux fissiles. 5. Le groupe terroriste doit être en mesure de transporter l'arme (ou ses composantes) vers une cible de haute valeur. 6. L'arme nucléaire doit être détonée. (Fergusson & Potter, 2004, p.6). Si ne serait-ce qu'un seul des chaînons de cette séquence parvient à être rompu, l'ensemble du plan terroriste sera alors réduit à néant. Ainsi, des contremesures efficaces peuvent être appliquées sur plusieurs points différents tout au long de l'évolution d'un acte de terrorisme nucléaire, offrant la possibilité d'ériger une multitude de barrières qui, bien qu'imparfaites par elles-mêmes, ont la possibilité de se combiner pour former un système préventif efficace (Fergusson & Potter, 2004, p.6). Le terme anglais « multilayered defense » (défense à plusieurs niveaux) est généralement employé pour décrire cette approche préventive. Cette chaîne de conditions proposées par les auteurs servira de base, dans ce document, pour les subséquentes analyses.

Par ailleurs, l'intérêt dont s'accapare plus récemment le terrorisme nucléaire n'est pas le fruit d'un simple hasard ou les manifestations d'une mode passagère. Des raisons bien particulières ont fait naître, au sein de la population, la perception que le terrorisme nucléaire est réellement une menace contemporaine. En effet, certains faits d'actualité laissent croire que les dangers du terrorisme nucléaire sont plus présents de nos jours qu'ils ne pouvaient l'être auparavant. Ainsi, la chaîne de conditions exposées précédemment sera analysée en tenant compte des signes et perceptions qui font croire que le terrorisme nucléaire est plus probable aujourd'hui qu'il ne l'était il y a quelques décennies. Différents thèmes seront, de cette manière, abordés au cours de l'analyse. Par exemple, les technologies nucléaires sont de plus en plus répandues à l'échelle du globe. Par conséquent, des technologies et des matériaux dangereux se retrouvent dans diverses régions de la planète, laissant présager un contrôle et une surveillance plus difficile. Il est également question d'armes nucléaires perdues, dont l'existence ne figure plus dans les registres des gouvernements responsables, et qui seraient en circulation libre sur le marché noir. Par ailleurs, une perception existe de nos jours que les regroupements terroristes chercheraient à provoquer des décès en masse et l'une des meilleures façons d'accomplir ce désir serait évidemment l'arme atomique. Ces observations sont-elles un signe précurseur d'un désastre à venir ou sont-elles des exagérations ou des faits sans valeur sur la problématique en cause? Les prochaines sections tenteront de répondre à ce questionnement.

 

2. Objectifs, organisation et financement

Afin d'être en mesure de mener à terme une opération de terrorisme nucléaire, le groupe terroriste devra, au départ, satisfaire quelques exigences avant d'avoir une chance de pouvoir atteindre ses objectifs. D'abord, et cela relève de l'évidence même, le groupe terroriste devra véhiculer en son sein des valeurs extrêmes qui vont s'actualiser en objectifs de même nature. Causer la mort de centaines de milliers de personnes et provoquer de graves dommages environnementaux ne correspondent pas avec les objectifs d'une majorité de groupes terroristes. Il faut une volonté de causer massivement la mort et la destruction et cette volonté est fort heureusement absente de la plupart des mouvements terroristes. De même, pour parvenir à acquérir une arme atomique, le groupe terroriste devra être bien organisé. Ne suffit pas de trois personnes planifiant un acte de terrorisme nucléaire dans le sous-sol d'une maison pour parvenir à l'objectif final; une bonne organisation, avec de solides contacts, des canaux de communications établies, des plans et des procédures connues et respectées et une discipline régnant au sein du groupe, constitue présentement la seule voie vers l'arme nucléaire. Par ailleurs, cette organisation devra posséder le financement adéquat pour mener à bien cette opération.   

 

2.1 Des objectifs extrêmes

Traditionnellement, le terrorisme était associé principalement à un contexte politique. Utilisé par des groupes souvent minoritaires et sans pouvoir majeur, il permettait d'affronter les opposants avec peu de moyens. Le raisonnement derrière le geste est fort simple, forcer la main des dirigeants politiques en semant la terreur au sein de la population et ainsi parvenir à atteindre les objectifs désirés (indépendance d'un groupe ethnique, changement du pouvoir en place, avancement d'une cause, etc.). Toutefois, depuis la fin des années 1980, une série d'attaques meurtrières semble indiquer un déplacement vers des objectifs terroristes extrêmes où le désir d'infliger le plus de souffrance possible s'entremêle à la volonté de semer la terreur. Le tableau suivant dresse une liste des attentats meurtriers qui ont été perpétrés depuis les attentats contre le vol 103 de la Pan Am.

Année Attentats Morts Blessés
1988 Pan Am vol 103 270 -
1992 Voiture piégée, Buenos Aires 242 -
1993 Camion piégé, World Trade Center 6 1042
1995 Camion piégé, Oklahoma City 168 500
1996 Camion piégé, Sri Lanka 90 1400
1996 Camion piégé, Arabie Saoudite 19 515
1998 Camion piégé, Ambassade des É-U, Kenya 212 4022
1999 Bombes dans un bloc appartement, Moscou 200 -
2001 World Trade Center, Pentagon, Pennsylvanie 3062 -
2002 Bali 190 300
2004 Madrid 191 1800
Source : FERGUSSON, C. D., POTTER, W.D. (2004). The Four Faces of Nuclear Terrorism, Monterey Institute, États-Unis.

Que la hausse du désir meurtrier de certains groupes terroristes soit le résultat de changements dans les valeurs et modes opératoires terroristes ou qu'elle soit simplement la continuité d'un terrorisme traditionnel aux prises avec la difficile tâche de faire entendre sa voix dans un univers médiatique saturé, il ne reste qu'au final, les actes terroristes ont de plus en plus tendances à remplir des objectifs extrêmes, alors que la terreur se mêle à la destruction. Ainsi, les autorités redoutent de plus en plus la réalisation d'actes terroristes commise avec l'aide d'armes massivement létales. Le terrorisme bactériologique, chimique et radiologique est, dans cette optique, vastement redoutée. Dans ce contexte, il est envisageable qu'un groupe terroriste recherche l'arme nucléaire pour accomplir ses objectifs. Néanmoins, l'arme nucléaire n'est pas nécessairement une voie intéressante pour tout groupe terroriste possédant des objectifs extrêmes. La section C tentera de mettre en lumière quel profil de groupe terroriste serait tenté d'employer l'arme nucléaire.  

 

2.2 L'organisation

L'arme nucléaire ne s'acquiert pas par la simple volonté, aussi forte soit-elle. Derrière tout acte de terrorisme nucléaire devra se trouver une organisation solide, dont les membres sont entièrement dévoués à la cause ou aux valeurs défendues par le groupe terroriste. Selon la voie empruntée, soit le vol d'une arme intacte ou la construction d'un engin nucléaire improvisé, quelques caractéristiques, si présentes dans le groupe, aideront grandement au succès du plan : dévotion du groupe à la cause ou au chef du groupe; une forte autorité centrale et des capacités internationales; contacts avec des personnes clés; un bon armement; des capacités techniques suffisantes et évidemment, un nombre suffisant de membres.

            1. Dévotion au chef et à la cause. Pour tout groupe terroriste, la loyauté de ses membres est l'un des aspects les plus importants. Ne suffit que d'une crise de conscience de l'un des membres pour que le plan échoue et soit dévoilé aux autorités. Ainsi, les opérations relatives à un plan de terrorisme doivent être menées par des individus entièrement loyaux à la cause défendue et au chef et cette dévotion se doit d'être infaillible. La loyauté est particulièrement primordiale dans le cadre d'un acte de terrorisme nucléaire. En effet, la détonation d'une arme de destruction massive dans le cour d'une zone peuplée est un acte extrême qui peut ébranler la volonté des plus déterminés. De la sorte, pour éviter toute fuite d'informations, seules les personnes de confiance pourront ainsi être informées du plan. Il est nécessaire, par ailleurs, pour un groupe terroriste s'engageant dans le terrorisme nucléaire, de posséder une doctrine solide, suivie à la lettre par ses membres, et un chef charismatique, afin de permettre de créer un noyau d'individus dévoués et fiables qui ne remettra pas en question le plan, aussi extrême qu'il soit.

            2. Une forte autorité centrale et des capacités internationales. Par la complexité du projet, et aussi parce que la cible est généralement située à l'extérieur du pays, le groupe terroriste devra être en mesure d'opérer à un niveau international. Toutefois, s'étaler sur diverses frontières présente le risque que l'autorité envers les groupes satellites s'affaiblit. Des membres qui agissent sans le consentement des têtes dirigeantes ou ne respectant pas les directives correctement présenteraient des risques pour le projet. Dans cette optique, il est nécessaire pour le groupe de maintenir une forte autorité centrale qui assurera que les procédures et directives soient suivies à la lettre.  

            3. Des contacts avec des personnes clés. Si, par l'usage de menaces, de pots-de-vin ou d'endoctrinement, le groupe terroriste parvient à obtenir la collaboration d'une personne clé ouvrant dans une centrale nucléaire ou possédant un poste stratégique au sein d'un gouvernement, les difficultés à obtenir l'arme nucléaire seront réduites. Ainsi, l'organisation terroriste qui parvient à se créer de bons contacts verra ses chances de succès améliorées puisque ces personnes, selon la fonction qu'elles occupent, permettront de neutraliser certaines barrières. En effet, quelqu'un travaillant à l'intérieur d'une centrale nucléaire pourrait altérer les données de l'inventaire afin que le vol de matériaux fissiles soit plus difficile à détecter, permettant au groupe terroriste de procéder aux étapes subséquentes du plan sans que les autorités du pays soient en état d'alerte. Une des craintes souvent présentes dans les discours des pays occidentaux, dont particulièrement les États-Unis, est que le groupe terroriste forge des liens avec un État voyou (du terme anglais plus connu « rogue state »), ce qui permettrait à un groupe terroriste de réaliser beaucoup plus facilement ses ambitions nucléaires. Cette situation sera explorée plus en détail dans la troisième section.

            4. Un bon armement. Ce critère s'applique principalement au groupe terroriste qui cherche à obtenir une arme nucléaire intacte ou des matériaux fissiles par la violence. La plupart des experts s'accordent toutefois pour affirmer que cette voie est peu envisageable dans le cadre du terrorisme nucléaire, puisque le groupe afficherait alors ouvertement son plan et la riposte mondiale serait rapide et écrasante. Puisque la détonation ne pourrait se faire dans l'immédiat, le plan risquerait donc d'être contré par les autorités. Une approche plus furtive serait logiquement privilégiée par le groupe terroriste.

            5. Des capacités techniques suffisantes. Bien que l'étape la plus difficile du terrorisme nucléaire soit l'acquisition de matériaux fissiles ou d'une arme nucléaire complète, la réussite du plan n'est pas encore acquise passée cette étape. Dans les deux cas, des connaissances techniques sont nécessaires soit pour contourner le mécanisme de sécurité, présent sur la plupart des bombes nucléaires construites, qui interdit toute détonation non autorisée, soit pour fabriquer une bombe nucléaire improvisée à l'aide des matériaux fissiles. En effet, si le terroriste parvient à mettre la main sur un engin nucléaire, encore faudra-t-il qu'il trouve un moyen de l'activer. Sur la plupart des armes nucléaires, des dispositifs de sécurité empêchent toute détonation non autorisée. Par exemple, les États-Unis utilisent pour dispositif de sécurité et d'armement les codes PALs (« Permissive action links »), qui sont des codes de sécurité devant être entrés avant d'utiliser l'arme nucléaire. Après quelques tentatives d'entrée de codes erronées, l'arme se désactivera par elle-même, prévenant alors son utilisation ( Fergusson, 2006 ). Pareillement, si le groupe terroriste vient en possession de matériaux fissiles, il devra avoir les capacités techniques pour construire une bombe improvisée. Ainsi, d'une voie comme de l'autre, le groupe terroriste devra posséder des membres ayant des connaissances dans les domaines nécessaires.

            6. Un nombre suffisant de membres. Évidemment, la capacité du groupe terroriste à satisfaire les critères précédemment établis s'améliore si le groupe gagne en importance. Plus le groupe est de taille, plus son influence le sera et plus ses capacités à créer des contacts et à recueillir du financement seront accrues. De la sorte, plus il y a de membres dans le groupe, plus ce groupe aura des capacités d'agir.   

 

2.3 Les technologies au service du terroriste

Pour la grande majorité de l'histoire de l'humanité, seulement les États et certains groupes de militaires ou mercenaires importants ont disposé de la capacité de tuer des individus à grande échelle. Toutefois, les technologies d'aujourd'hui, facilement accessibles, procurent dorénavant à des groupes de taille restreinte une capacité de destruction suffisante pour pouvoir causer massivement la mort. Ainsi, les avancées technologiques ont permis aux terroristes d'acquérir une létalité plus imposante en leur procurant l'accès à des moyens de destruction autrefois inimaginables. De même, les technologies ont permis aux terroristes d'être beaucoup plus créatifs, plus imprévisibles dans leurs attaques en leur accordant plus d'options qu'auparavant. Bien que cette créativité ne s'est pas souvent manifestée, les explosifs traditionnels restent encore aujourd'hui, de loin, le mode d'attaques privilégiées par les terroristes, les autorités craignent grandement ces attaques novatrices puisqu'elles sont généralement plus dévastatrices, plus difficiles à prévoir, et, par le fait même, attirent beaucoup plus l'attention médiatique, ce qui a pour conséquence d'accroître la peur et la panique auprès des populations visées ou menacées. Les découvertes en matière d'armes chimiques rendirent possibles les attentats au gaz sarin dans le métro de Tokyo ainsi que les attaques à l'anthrax de 2001 . Sans le développement du transport aérien, les attentats du 11 septembre n'auraient pas eu lieu, ou du moins, n'auraient pas pris cette forme et il est possible d'en dire autant des attentats de Lockerbie ou l' explosion du vol 182 d'Air India . Donc, les progrès technologiques du XXe siècle ont ouvert aux terroristes un nouveau monde de possibilités.

Cependant, de nouvelles options destructives ne sont pas l'unique apport de la technologie pour le terroriste. Les technologies de télécommunications jouent également une part en permettant à ces groupes de s'organiser de façon plus efficace. En effet, les moyens de communication contemporains permettent aux groupes terroristes une gestion plus efficace de leur réseau, offrant la possibilité de coordonner rapidement des activités sur de la scène internationale, tout en conservant un anonymat difficile à percer. L'arrivée de l'Internet a fourni aux terroristes de nouvelles façons de communiquer, de diffuser les ordres et de répandre leur propagande. Bien que les médias et les autorités aient mis une emphase démesurée sur les menaces du cyber terrorisme, la réalité est tout autre. Le réseau mondial ne procure pas de nouvelles voies pour perpétrer des actes de destruction, mais offre plutôt aux terroristes des moyens plus efficaces de s'organiser, de se coordonner et de recueillir des informations. En fait, Weimann , dans un rapport rédigé en 2004, identifie huit utilisations principales que les terroristes font de l'Internet : guerre psychologique (« psychological warfare » c.-à-d. propager la peur par Internet, par exemple, la diffusion de vidéos d'exécution), publicité et propagande, exploration de données (« data-mining » c.-à-d. la collecte d'intelligence par le biais d'Internet, par exemple, des renseignements sur les cibles), collecte de fonds, recrutement et mobilisation, réseautage, partage d'informations, planification et coordination.

Les attentats du 7 juillet 2005 à Londres sont un exemple parfait du rôle important que peut jouer Internet dans la collecte d'informations, dans la planification et dans la coordination d'un attentat terroriste. De même, des modes de communications tels que les téléphones portables offrent la possibilité de communiquer en temps réel sur de grandes distances, tout en conservant la mobilité des acteurs. En résumé, la télécommunication permet aux terroristes d'améliorer le rendement de leur organisation, et cela, d'une manière facile, accessible et peu couteuse. Cela dit, les technologies de communications contemporaines rendent le succès d'une opération de terrorisme nucléaire plus crédible aujourd'hui qu'il y a vingt ans. En étant capable de se coordonner plus facilement à l'échelle internationale, en étant capable de rejoindre un plus grand nombre de personnes ressources, le groupe terroriste contemporain est plus efficace, plus dynamique; il dispose d'une portée d'action plus longue et tout cela grâce aux supports que lui offrent les technologies. Pour combattre le terrorisme nucléaire, les autorités doivent prendre en considération le rôle des technologies de l'information dans l'organisation des groupes terroristes, des possibilités qu'elles offrent, mais aussi des points de faille potentiels qui permettraient aux agences de renseignement de recueillir de précieuses informations pouvant mettre à jour de sombres projets.  

 

2.4 Le financement

Le principal habilitant octroyant la capacité à certains États de construire des armes de calibre nucléaire est le vaste capital financier dont ils disposent. Construire un réacteur nucléaire requiert des sommes pécuniaires considérables, hors de la portée des groupes terroristes. Ainsi, disposant de capacité financière beaucoup plus restreinte que les États, les regroupements terroristes en quête de l'arme atomique devront conséquemment se tourner vers des modes alternatifs, soient le vol ou l'acquisition de matériaux fissiles ou le détournement ou l'appropriation d'une bombe nucléaire préalablement assemblée. Néanmoins, malgré le fait que l'acquisition frauduleuse d'une source nucléaire exerce une tension plus légère sur les finances du groupe terroriste, n'en demeure pas moins que cette avenue reste, par elle-même, coûteuse. En effet, qu'il s'agisse de construire une arme nucléaire ou de s'approprier un engin déjà construit, l'opération devra s'étaler sur une longue période, requérant plusieurs effectifs et nécessitant des actifs matériels et techniques, qui, une fois combinés, se traduiront par une facture importante. Bien qu'il soit difficile d'estimer le montant total d'une opération de terrorisme nucléaire, les dépenses varieront fortement selon les voies et les méthodes empruntées, il est possible cependant d'avancer qu'un tel plan ne pourra être mené à terme que par un groupe suffisamment organisé pour obtenir des sources de financements substantielles. La nécessité de posséder une fortune importante forme une autre barrière au terrorisme nucléaire et réduit la liste des entités terroristes capable d'accomplir un tel geste. En général, un acte terroriste est fait par un groupe disposant de peu de moyens contre une entité puissante, à l'aide de tactiques peu coûteuse, mais dévastatrice. Les attentats du 11 septembre 2001 en sont l'exemple parfait puisque l'acte terroriste le plus dévastateur de tous les temps aurait coûté entre 400 000 et 500 000 $ ( National Commission on Terrorist Attacks Upon the United States , 2004), somme dérisoire comparativement aux montants investit par les Américains dans les opérations militaires au Moyen-Orient. De même, les attentats à la bombe de Bali en 2002 auraient coûté 50 000 $; les actes terroristes d'Istanbul de 2003 se chiffreraient à moins de 40 000 $ et les attentats de Madrid en 2004 s'élèveraient à moins de 10 000 $ (Steil & Litan, 2006). Hypothétiquement, la réalisation d'un acte de terrorisme nucléaire entraînement des coûts beaucoup plus élevés pour les responsables qu'un acte de terrorisme plus conventionnel. Le terrorisme nucléaire se détache ainsi de la tradition voulant que l'action terroriste nécessite peu de moyens financiers.

 
     
 
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2002-2009, ERTA